Cela peut paraître paradoxal, tant la crise sanitaire semble s'éterniser, entre un nombre de contaminations quotidiennes au Covid-19 qui peine à redescendre sous la barre des 20.000 depuis janvier et la progression du variant anglais qui fait planer la menace d'un nouveau confinement.
Face à cette atmosphère morose, marquée par des appels à la désobéissance de restaurateurs ou d'élus locaux, le gouvernement affiche un optimisme à toute épreuve.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a salué lundi "l'exceptionnelle capacité de résistance de l'économie française" en 2020, grâce à laquelle 360.000 emplois ont été perdus, deux fois moins qu'anticipé.
"Elle va montrer à la fin de l'année 2021 son immense capacité de rebond", a prédit sur Europe 1 le ministre, qui maintient pour l'instant sa prévision d'une croissance de 6%.
Tout comme la Banque de France, qui a confirmé mardi sa prévision de croissance de 5% pour 2021. "L'économie française, qui avait déjà connu l'été dernier le plus fort rebond d'Europe, a montré à nouveau fin 2020 sa résilience. C'est encourageant pour quand nous sortirons des restrictions sanitaires", a déclaré son gouverneur François Villeroy de Galhau dans un entretien aux quotidiens du groupe Ebra.
Le gouvernement fonde son optimisme sur la réaction de l'économie à l'issue du premier confinement, qui a permis une croissance de 18,5% au troisième trimestre, puis en décembre, quand les commerces ont été autorisés à rouvrir, entraînant un rebond de 23% de la consommation des ménages, après une chute de 18% en novembre.
"Dès que des restrictions ont été levées, le retour des consommateurs et de leur confiance a été spectaculaire", a souligné le gouverneur.
Pourtant, une étude publiée lundi a jeté un froid. L'assureur-crédit Euler-Hermès a calculé que l'Union européenne accusait un retard de cinq semaines par rapport à son objectif de vacciner 70% de la population d'ici l'été. Or, "si ce retard n'est pas compensé, il pourrait coûter près de 90 milliards d'euros à l'économie européenne en 2021", a-t-il mis en garde.
"Prendre du recul"
L'économiste en chef de Bercy, Agnès Bénassy-Quéré, a toutefois appelé à "prendre un peu de recul" vis-à-vis des chiffres de la vaccination égrenés "au jour le jour". "Normalement, à l'été, la vaccination aura été massive", a assuré la cheffe économiste du Trésor, qui compare le Covid à un "couvercle" comprimant l'activité.
"Quand on enlève le couvercle, l'économie se redéploie très rapidement", a illustré Mme Bénassy-Quéré, qui dit avoir été "surprise" par la "vigueur" de la consommation observée après chaque assouplissement.
Comme si les Français, dont les revenus ont été dans l'ensemble préservés par l'indemnisation du chômage partiel, n'attendaient que la réouverture des bars, restaurants et lieux culturels pour dépenser les quelque 100 milliards d'épargne Covid accumulés en 2020.
L'optimisme du gouvernement fait d'ailleurs écho à celui de la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. "2021 sera une année de reprise. La reprise économique a été retardée, mais non battue en brèche. Elle est évidemment attendue avec impatience", a-t-elle dit dans un entretien au Journal du dimanche.
Toutefois, "nous ne sommes pas à l'abri de risques encore inconnus", et "nous ne retrouverons pas les niveaux d'activité économique d'avant la pandémie avant mi-2022", a-t-elle prévenu.
De son côté, le FMI a revu à la hausse sa prévision de croissance mondiale pour 2021, à 5,5%, la vaccination devant permettre de juguler la pandémie qui a fait plus de 2,3 millions de morts.
Et si l'Allemagne, premier partenaire commercial de la France, a abaissé sa prévision annuelle de 4,4% à 3%, en raison de la chute attendue du PIB au premier trimestre, Berlin table sur une reprise de l'activité économique à l'été, grâce à la "vaccination d'une grande partie de la population".
En Israël, où 40% de la population est vaccinée, le troisième confinement a d'ailleurs commencé à être levé dimanche, comme un avant-goût de ce qui attend l'Europe.