Elle met également en relief un certain nombre de paradoxes : besoin d’intimité mais aussi de partage, désir d’espaces verts et de services de proximité, aspiration à un habitat alternatif ou plus traditionnel…
Pour les Français, dont 52% estiment vivre dans un environnement dense, la densité est avant tout synonyme de concentration de population (89% des réponses), de congestions et difficultés de stationnement (83%) et d’agitation excessive (79%), qui les soumet aux nuisances sonores, etc. Pour un tiers des Français (32%), la densité n’a même aucun aspect positif.
Si les Français plébiscitent la proximité des équipements et services et la facilité des déplacements comme des aspects positifs de la densité urbaine, l’étude souligne que la satisfaction des Français envers leur environnement diminue à mesure que la densification urbaine augmente.
Les ambiguïtés de la densité : besoin d’espace et de verdure, mais aussi de services de proximité
Le besoin des Français de se reconnecter à la nature se confirme de nouveau, puisque 90% de la population française désire un espace extérieur dans son logement : un jardin privatif dans l’idéal (66%) ou a minima un balcon ou terrasse (16%). 28% des Français aimeraient même, dans l’idéal, vivre à la campagne. Toutefois, seuls 13% des urbains se verraient vivre dans un village (9%) ou dans la campagne isolée (4%).
Pas d’exode urbain massif en perspective, donc, puisque paradoxalement cette envie de se mettre au vert cohabite avec le souhait de pouvoir accéder à une boulangerie (en tête des commerces cités) en 10 minutes à pied de la maison maximum (pour 85% des Français) et de bénéficier des transports en commun (70%). 78% des Français aimeraient même pouvoir tout faire à pied ou à vélo depuis leur logement.
Le logement reste une vraie source de satisfaction
Si 75% des Français se disent satisfaits, voire très satisfaits, de leur logement (une satisfaction très corrélée à la taille du logement et à la propriété), un Français sur 4 estime son logement inadapté à son mode de vie et à ses besoins, en lien avec le type d’habitat occupé (collectif haut, petit collectif, pavillonnaire), à sa taille ou au manque d’espace extérieur.
L’habitat individuel toujours préféré, mais des alternatives aussi plébiscitées
Si le pavillon reste l’habitat idéal pour la majorité des Français, 41% ont choisi au moins une image d’habitat collectif, lorsqu’ils ont été invités à choisir une image se rapprochant de leur lieu de vie idéal. La préférence va vers les petits collectifs, perçus par plus des deux tiers répondants comme « calmes, aérés et fonctionnels ». 61% se disent disposés à habiter dans un écoquartier, notamment pour réduire leur impact environnemental.
Partager, oui, mais en gardant son intimité !
Dans notre société en pleine mutation, où les enjeux climatiques deviennent primordiaux, l’aspiration à se tourner vers des logements comprenant des espaces mutualisés prend de plus en plus d’ampleur. L’étude souligne que les plus jeunes, les urbains et les personnes vivant dans un espace exigu sont les plus ouverts à la perspective d’un logement mutualisé (40% aimeraient vivre dans une résidence disposant d’équipements et d’espaces partagés). Les équipements les plus facilement mutualisables sont ceux qui impliquent le moins d’intimité avec ses voisins ou qui permettent une forme d’autoproduction (électricité, potager…). Viennent ensuite les espaces de jeux pour les enfants (36%) et le jardin (30%).
De son côté, l’habitat intergénérationnel est attractif pour 45% des Français interrogés. Reste tout de même un tiers des Français sondés qui n’envisagent pas du tout de partager leur cadre de vie…
Pour Anne Launois, co-titulaire de la Chaire REALITES x Audencia - Faire vivre l’intelligence des territoires : « Cette étude revêt une grande importance pour la chaire, car elle explore les évolutions majeures des aspirations résidentielles des Français et les transformations en cours en termes de perception de la qualité de vie et du cadre de vie. Elle offre un aperçu précieux des tendances actuelles qui façonneront l'avenir de l'habitat en France, permettant ainsi d'informer les politiques et les décideurs pour une meilleure prise en compte des besoins des individus dans une perspective de durabilité. »
Méthodologie de l’étude
L’enquête « Vers de nouvelles formes d’habiter : comprendre les aspirations des Français à l’égard de leur logement et de leur lieu de vie » réalisée par l’ObSoCo pour la Chaire Intelligence des Territoires, portée par Réalités et Audencia, s’appuie sur une enquête administrée auprès d’un échantillon de 2.000 personnes, représentatif de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans. L’enquête a été réalisée en ligne sur le panel Bilendi du 20 au 30 juin 2023. La représentativité de l’échantillon a été établie suivant la méthode des quotas selon les critères suivants : âge, sexe, région et taille de l’agglomération de résidence, catégorie socioprofessionnelle et niveau de diplôme.
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