C'est une nouvelle qui va un peu soulager le portefeuille des Français: les prix ont continué à augmenter en juin, mais mois rapidement, pour le deuxième mois d'affilée.
L'inflation a atteint 4,5% sur un an, après 5,1% en mai et 5,9% en avril, repassant pour la première fois en plus d'un an sous la barre des 5%.
S'ils ont continué à augmenter en juin (+13,6% sur un an), les prix de l'alimentation n'en ont pas moins ralenti. Dans l'énergie, ils ont même baissé, marquant un renversement de tendance après leur flambée dans le sillage de la reprise post-Covid puis de la guerre en Ukraine.
"Ce sont des résultats encourageants", a commenté Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Asterès, interrogé par l'AFP, estimant que l'inflation devrait poursuivre son reflux sur le reste de l'année.
"Le fait que l'inflation baisse et qu'elle va probablement continuer à baisser est plutôt positif pour la consommation des ménages", l'un des moteurs traditionnels de la croissance française qui tourne actuellement au ralenti mais qui pourrait reprendre un peu vigueur en fin d'année ou au début de 2024, a-t-il ajouté.
En mai, la consommation des ménages en biens a augmenté de 0,5% par rapport à avril, mais elle est restée inférieure de 3,6% du niveau atteint il y a un an, selon l'Insee.
Cette hausse sur un mois s'explique par une consommation plus importante d'énergie, surtout en carburants et gaz.
La consommation alimentaire est également en hausse, mais seulement de 0,3% sur un mois. Sur un an, elle reste en fort recul, de 9,7%, pénalisée par les envolées à deux chiffres des prix.
Pas "catastrophique"
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait promis début juin que des centaines de produits alimentaires verraient leur prix baisser dès le mois de juillet en vertu d'un engagement pris auprès de Bercy par ces 75 grands industriels de l'agroalimentaire, qu'il avait par ailleurs poussés à rouvrir des négociations commerciales avec les distributeurs.
Pour Sylvain Bersinger, il est encore prématuré de voir dans la modeste hausse de la consommation des ménages observée en mai le signe d'une véritable reprise, les Français se montrant encore très prudents face à l'inflation qui ronge leur pouvoir d'achat.
Pas plus, selon lui, qu'il ne convient d'être alarmiste en ce qui concerne la dette publique, même si celle-ci a gonflé au premier trimestre, franchissant les 3.000 milliards d'euros.
L'endettement du pays, qui s'est massivement accru avec la crise sanitaire puis le choc énergétique, s'est encore alourdi de 63,4 milliards d'euros pour atteindre 3.013,4 milliards en valeur absolue fin mars.
Par rapport au PIB, la dette publique est remontée à 112,5%, contre 111,8% (revu en hausse) à la fin décembre 2022, et 114,8% au premier trimestre de 2022.
"Des dettes ont été émises ce trimestre-ci alors qu'elles auraient pu être émises le trimestre d'avant ou d'après", a nuancé l'économiste. "Il ne faut pas se dire, c'est génial la consommation repart ou c'est catastrophique, la dette augmente", a-t-il résumé.
Le niveau de dette reste toutefois élevé et bien au-delà de l'objectif budgétaire européen de 60% du PIB qui, après sa suspension durant le Covid, sera de nouveau de mise en 2024.
Et cette augmentation de l'endettement tombe d'autant plus mal au moment où le gouvernement a prévu de couper au moins dix milliards d'euros de dépenses sur le quinquennat, notamment dans la santé, pour tenter de redresser les finances publiques. S'y ajouteront d'autres économies dès le budget 2024.
L'exécutif a présenté en avril une trajectoire plus ambitieuse pour le rétablissement des comptes de la France, qui prévoit de ramener la dette à 108,3% du PIB en 2027 et le déficit à 2,7%, dans les clous européens, contre 4,9% prévus cette année.
Après 2,5% en 2022, la croissance économique devrait ralentir à 0,6% cette année, selon une prévision de l'Insee publiée mi-juin. C'est moins que la hausse de 1% anticipée par le gouvernement.