Des représentants d’EDF, d’Engie, de France Stratégie, d’IFP Energies nouvelles et de l’Académie des Technologies sont intervenus et ont débattu de la contribution de l’hydrogène à la transition écologique et en particulier à la décarbonation des économies.
Les participants au séminaire ont découvert avec intérêt les deux études menées par le Conseil mondial de l’énergie disponibles en français. La première dresse un panorama mondial de l’hydrogène ; la seconde s’intéresse à l’utilisation et l’approvisionnement en hydrogène de l’Union européenne en 2030 et 2050.
Parmi les sujets débattus lors de la table ronde, la question des usages de l’hydrogène a mis en lumière les appréciations très différentes des prévisions, à l’image des divergences que l’on retrouve dans les scénarios des deux études. D’autres thèmes ont fait l’objet de discussions animées, comme celui de la sécurité ou de la compétitivité des différentes technologies.
Une incertitude sur l’hydrogène est liée au développement de ses usages et donc des besoins exprimés par les consommateurs. Les perspectives de l’hydrogène ont été appréciées différemment, allant du simple remplacement de l’hydrogène carboné par de l’hydrogène décarboné jusqu’à un développement très large (dans le résidentiel, la mobilité individuelle ou le tertiaire) en passant par l’utilisation principalement dans l’industrie et les transports. Le coût de l’hydrogène livré chez le client sera le principal déterminant de la demande : il dépend fondamentalement des technologies retenues, du bouquet électrique associé et donc du pays d’origine.
A été posée à plusieurs reprises l’importance de caractériser l’hydrogène non plus par sa couleur, source de confusion, mais par son intensité (ou contenu) carbone. Ce point a été parfois jugé trop limitatif même si chacun s’accorde à souligner l’importance d’utiliser un hydrogène décarboné.
La question de la sécurité a révélé des divergences d’opinion tant au niveau du transport de l’hydrogène que de son utilisation. Cette question est directement liée aux perspectives de développement qui peut être limité à des usages industriels ou au contraire basé sur une massification des usages résidentiels. Le blending (incorporation d’un faible pourcentage d’hydrogène aux infrastructures existantes du gaz naturel) a notamment été remis en question par certains intervenants.
Les infrastructures étaient au cœur des débats. Un point consensuel est apparu : le temps de l’énergie est un temps long et les décisions indispensables à un futur développement de l’hydrogène doivent être prises dès aujourd’hui. En filigrane du développement des infrastructures apparaît la question cruciale de l’acceptation des ouvrages industriels par les citoyens.
La question de la sécurité énergétique a également été soulevée. Il y a consensus sur le fait que l’enjeu se déplace du domaine traditionnel des énergies vers celui des équipements. Faisant écho au débat sur la souveraineté industrielle, chacun s’est rappelé l’exemple du développement du marché – chinois – des panneaux photovoltaïques et a souhaité l’émergence et la consolidation rapide d’une filière industrielle de l’hydrogène, française ou européenne.
Une conséquence de ces choix industriels est de considérer le développement de l’hydrogène du point de vue de sa contribution à la croissance économique et donc à l’emploi : c’est d’ailleurs un critère sous-jacent à plusieurs stratégies hydrogène dans le monde, dont la stratégie française.
Les normes et les réglementations, définies aux niveaux national ou européen, sont déterminantes car elles conditionnent le développement de l’hydrogène. Notamment, la question de l’additionnalité (éviter l'éviction de l’utilisation des énergies renouvelables pour produire de l’électricité à la place de l’hydrogène) a été soulignée à plusieurs reprises.