"L'activité tunnel se porte bien. Elle est portée par un certain nombre de chantiers à Paris", se réjouit Michel Deffayet, le président de l'Association française des tunnels et de l'espace sous-terrain (AFTES), qui tient son congrès triennal cette semaine dans la capitale.
Le chiffre d'affaires du secteur tournait en temps normal autour de 500 millions d'euros par an en moyenne en France. "On tourne depuis déjà deux ans autour de 1,8 milliard. Autrement dit, il y a eu une multiplication par plus de trois de l'activité", calcule M. Deffayet.
Paris et sa région concentrent notamment les travaux du futur métro automatique d'Île-de-France. Ce "Grand Paris Express" reliera sur plus de 200 km des dizaines de communes de banlieue, les centres de recherche du plateau de Saclay ou encore les deux aéroports parisiens de Roissy au nord et d'Orly au sud.
"Il y a au moins 150 chantiers en cours dans la région (parisienne). On avait l'an dernier 20 ou 22 tunneliers", détaille Philippe Millard, qui préside le congrès. "En France, on n'a jamais connu ça".
L'activité va toutefois diminuer avec l'achèvement de certains tronçons, avant de repartir à la hausse, prévoient les professionnels. "Ça baisse un peu dans les deux années qui viennent et ensuite ça va remonter puisqu'il y a d'autres projets à venir", anticipe Michel Deffayet.
Outre l'achèvement des chantiers franciliens, se profilent en effet les projets de troisième ligne de métro à Toulouse ou de traversée ferroviaire de Marseille.
Surtout, le secteur attend beaucoup du tunnel ferroviaire du Lyon-Turin, le plus long du monde avec 57,5 km de long, qui doit relier d'ici 2030 la France à l'Italie en passant sous les Alpes. Trois contrats d'un montant de plus de 3 milliards d'euros ont été attribués en juillet, marquant une étape décisive.
À plus long terme, les professionnels attendent aussi le lancement du projet Cigéo à Bure (Meuse), où des déchets fortement radioactifs doivent être stockés à 500 mètres sous terre à partir de 2035.
Si la France connaît une phase exceptionnelle, l'essor des travaux souterrains concerne aussi le reste du monde. Selon l'Association internationale des tunnels et de l'espace souterrain (AITES), le chiffre d'affaires mondial du secteur est passé de 86 milliards d'euros en 2016 à 125 milliards en 2019.
"On peut remarquer que le chiffre d'affaires total de l'Europe a doublé entre 2016 (année relativement creuse) et 2019 (année sûrement exceptionnelle)", souligne-t-on à l'AITES.
"Plus les métropoles se développent, plus l'utilité des tunnels - notamment pour des questions de transports - est bien réelle", résume Michel Deffayet.