Quatre des six écosystèmes constituant le rivage rocheux méditerranéen "sont menacés ou quasi menacés du fait de l'urbanisation du littoral, de la fréquentation ou encore de la présence d'espèces végétales exotiques envahissantes", indique le comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans un communiqué.
"Des actions sont nécessaires pour protéger ce patrimoine écologique exceptionnel, avec des cortèges d'espèces que l'on ne retrouve nulle part ailleurs en France," poursuit l'UICN, qui a mené cette évaluation avec l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN).
Les rivages rocheux "abritent une flore et une microfaune particulières très riches, adaptées à des conditions écologiques contraignantes", résume-t-elle, précisant qu'ils "constituent également des espaces de haltes migratoires, d'hivernage et de reproduction pour les oiseaux marins, pour la plupart protégés et dont certains sont menacés".
L'écosystème le plus fragile est celui des "cordons et plages de galets à végétation vivace", placé dans la catégorie "en danger" de la classification de l'UICN.
Visible sur quelques lieux de la côte occidentale corse et la lagune de Pierres Blanches (Hérault), il s'est raréfié avec l'artificialisation du littoral.
La végétation, hors de portée des vagues, y abrite une "microfaune (myriapodes, crustacés isopodes) et quelques coléoptères halophiles". Des oiseaux limicoles (petits échassiers), tels que les gravelots à collier interrompu, y font leurs nids à même les galets, où "leurs quelques oeufs se fondent au risque de se faire écraser par les visiteurs".
"L'empilement de galets sur le littoral, en apparence inoffensif, supprime les micro-habitats" et empêche "l'absorption de l'énergie des vagues", alerte l'étude.
Autre écosystème menacé, celui des "cordons et plages de galets et graviers à végétation pionnière", classé "vulnérable".
Il abrite la roquette de mer et l'euphorbe péplis ainsi qu'une faune d'invertébrés détritivores (crustacés amphipodes et isopodes, petits gastéropodes), dont le "remarquable grillon maritime", qui nourrissent les oiseaux limicoles.
Les falaises ainsi que les garrigues basses et phryganes sont classées un cran en-dessous, comme "quasi-menacées", tandis que les maquis et fourrés sont en "préoccupation mineure". Les "fourrés halonitrophiles", qui prospèrent sur des sols riches en sel et azote, sont dans la catégorie "données insuffisantes".
Cette évaluation des rivages rocheux, soit "près des deux tiers du trait de côte méditerranéen", complète une étude des littoraux sableux publiée en 2020 par les trois institutions.
L'UICN avait alors classé les dunes blanches "en danger" et six autres écosystèmes sableux comme "vulnérables".
Le bassin méditerranéen constitue l'un des 36 points chauds de la biodiversité dans le monde, où la biodiversité est particulièrement riche, mais aussi particulièrement menacée.