La CAPEB se reconnaît dans la priorité donnée par le Premier ministre aux classes moyennes et attend désormais un plan d’actions spécifique pour les TPE du bâtiment
« Je souhaite m’adresser à tous ces Français, souvent de la classe moyenne (…) qui ne se plaignent pas alors qu’ils ont le sentiment de subir. (…) Je les entends, je les comprends(..), je veux contribuer à leur répondre ». Tels sont les propos tenus par le Premier ministre à l’occasion de son discours de politique générale, qui poussent la CAPEB à penser que les TPE, et plus particulièrement du bâtiment, vont enfin pouvoir bénéficier de mesures que le Premier ministre va élaborer dans la continuité de son discours, mesures que la CAPEB attend avec grande impatience depuis des mois.
Certains des propos tenus par le Premier ministre donnent envie à la CAPEB d’y croire : la volonté exprimée de vouloir déverrouiller le secteur du logement, son choix pour répondre à la crise que connaît le secteur de simplifier massivement les normes en commençant par la révision des DPE, et la simplification de l’accès à MaPrimeRénov’. L'organisation constate que son Appel de la dernière chance trouve un écho favorable.
La CAPEB souhaite rappeler au Premier ministre qu’il a à sa disposition toutes les propositions qu’elle porte pour construire un plan d’actions à même d’assurer aux TPE le maintien de leur activité, de répondre aux objectifs de la planification écologique, et de prendre en compte la problématique du reste à charge pour les ménages.
Ces propositions ont été élaborées par et pour les TPE elles-mêmes, sans lesquelles il est inenvisageable de concevoir une politique du logement ambitieuse. La CAPEB appelle le Premier ministre à ne pas s’en priver.
En ce qui concerne le GNR, la grogne monte face la profonde injustice ressentie par les entreprises artisanales du bâtiment vis-à-vis de la suppression de la hausse du GNR accordée aux agriculteurs. La CAPEB demande au Premier ministre de prendre des dispositions pour protéger nos TPE, la Confédération l’a demandé le 30 janvier à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, la CAPEB n’en démordra pas.
FFC : Faut-il emmurer Paris ?
Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal a mis en exergue l'importance capitale du logement social dans l'agenda gouvernemental. Si l'appui au logement social et intermédiaire reste essentiel, il est impératif de porter une attention équivalente aux enjeux entourant le secteur du logement privé. Sans cette démarche, la résolution de la crise du logement demeurera hors de portée.
Pour Damien Hereng, Président de la FFC : « Monsieur le Premier ministre, votre proposition de désigner 20 zones prioritaires pour accélérer les procédures, dans le but de construire 30.000 nouveaux logements en l'espace de trois ans, semble dérisoire face à l'ampleur du problème auquel le pays est confronté. Je vous rappelle que selon l’Union Sociale de l’Habitat (USH) il faudrait construire ou remettre sur le marché 518.000 logements par an d’ici à 2040 afin de répondre aux besoins à venir de la population. »
Pis, la seule perspective pour les Français résiderait donc dans la location d'un logement social ?
Pour Damien Hereng : « Je suis profondément indigné par ce discours. Le débat sur le logement en France ne peut se limiter au seul soutien au logement social. Il doit également intégrer des réflexions approfondies sur la création de logements privés, dont l’importance est encore une fois niée. »
Plus qu’une erreur manifeste d’appréciation, il s’agit d’une faute grave
L’accès à la propriété demeure le rêve de nombreux Français. Elle symbolise pour la plupart des concitoyens, stabilité, sécurité et réalisation personnelle. C’est aussi parfois le seul moyen de capitaliser et assurer son avenir.
Pour Damien Hereng : « Votre analyse témoigne d’un manque flagrant de vision et de compréhension des enjeux réels auxquels notre pays est confronté. La construction de logements neufs et de maisons individuelles n’est pas simplement une question de bâtiment, mais elle est le socle indispensable à la création d’emplois, à la réindustrialisation, à la relance de la natalité. »
Non, « les Français ne demandent pas la lune » et oui ils veulent la sécurité, l’éducation et l’accès à la santé, mais sans un toit sur la tête, aucune n’a de sens !
Pour Damien Hereng : « Vous dites « vouloir répondre à leurs inquiétudes et porter leurs espoirs », mais vous êtes sourd à leurs cris. Monsieur le Premier ministre, il est temps de reconnaître la valeur et l’importance du secteur de l’habitat privé. Nous demandons des actions concrètes, une politique qui soutient réellement la construction de l’habitat préféré des Français. Faut-il que nous emmurions Paris avec nos briques et notre mortier pour que nous soyons enfin entendus et que vous agissiez ? La construction de logements neufs, collectifs et individuels, doit être une priorité nationale, et nous n’accepterons rien de moins. »
Le patronat (MEDEF, CPME, U2P) salue le discours d'Attal mais attend la suite
Les organisations patronales représentatives ont salué mardi soir le discours de politique générale de Gabriel Attal, son ton "volontariste" et "offensif", certaines avançant cependant quelques bémols ou inquiétudes.
Le président du Medef Patrick Martin, dans une réaction à l'AFP, a "salué le volontarisme et le souci d'efficacité du Premier ministre, qui a pris en compte un certain nombre (des) attentes" de son organisation.
"Nous agirons pour que cette politique se traduise rapidement et concrètement en termes de croissance, et donc de créations d'emplois, quel que soit le secteur d'activité", a-t-il ajouté.
Il semble que le Medef souhaite consulter ses adhérents avant d'entrer davantage dans le détail, notamment ceux du secteur du logement, pour lequel M. Attal a énoncé différentes mesures.
La Confédération des PME (CPME) a indiqué "partager la préoccupation" du Premier ministre qui souhaite que le travail "paye mieux que l'inactivité". Elle met cependant en garde contre l'instauration d'un compte épargne temps universel (CETU) qui "risque d'être un boulet social inadapté à la réalité des petites entreprises".
Elle a salué "la prise de conscience de la crise profonde que rencontre le secteur immobilier", en demandant "des mesures radicales pour relancer" ce secteur.
La confédération a estimé dans un communiqué que "vouloir faire +rimer croissance et climat+ allait dans le bon sens", mais a espéré que les entreprises se verraient donner "les moyens et le temps nécessaires pour s'adapter aux changements qu'impose la décarbonation de l'économie".
Elle a jugé en revanche que "la question du déficit et du poids de la dette publique semblait reléguée au second plan", et que la généralisation annoncée de la semaine de quatre jours dans les administrations "augurait mal d'une véritable volonté d'agir dans ce domaine".
De son côté, l'U2P (Union des entreprises de proximité) a salué un "discours offensif", témoignant "d'une ambition forte et d'une vraie détermination".
Elle "soutiendra" les orientations en faveur du travail, des droits à la retraite des travailleurs indépendants, ou de la simplification.
Mais elle "alerte sur la volonté de confier à chaque entreprise le soin de négocier les règles les plus appropriées". "Une TPE n'est pas armée pour cela et a au contraire besoin de se référer aux règles définies par la branche professionnelle", ajoute-t-elle, s'inquiétant également de la volonté de déréguler certaines professions, comme les syndics.
L'U2P prône "une concertation étroite avec les professions concernées".
Des mesures "insignifiantes" pour l'USH
Les mesures annoncées mardi par Gabriel Attal sur le logement sont "insignifiantes" face à l'ampleur de la crise vécue par des millions de Français, a estimé mardi l'Union sociale pour l'habitat (USH), principale confédération de bailleurs sociaux.
"Au lieu de revenir sur les réformes du premier quinquennat (...), qui ont mis à mal durablement le logement social, le Premier ministre fait le choix d'une annonce totalement décalée", a estimé l'USH, pour qui "rien n'est avancé pour accélérer la production de logements sociaux et répondre aux 2,6 millions de demandeurs".
Parmi les mesures annoncées, Gabriel Attal prévoit de "simplifier massivement les normes", en revoyant les diagnostics de performance énergétique (DPE), en simplifiant l'accès à MaPrimeRénov, mais aussi en créant "30.000 logements d'ici trois ans dans vingt territoires".
"Les 30.000 logements attendus (...) ne représentent même pas le déficit d'agréments de logements sociaux de l'année 2023", a observé l'USH en rappelant que "depuis 2018, le nombre d'agréments (...) n'a cessé de baisser, tombant à 82.000 en 2023 pour un objectif de 110.000".
Sur le logement social, Gabriel Attal a annoncé "un nouveau prêt de très long terme de 2 milliards d'euros" pour répondre à l'envolée des coûts du foncier.
Mais pour Emmanuelle Cosse, présidente de l'USH, cela revient à proposer "des prêts toujours plus longs, à payer toujours plus cher", au lieu de "réguler un marché devenu incontrôlable".
Le Premier ministre envisage aussi de "faire évoluer" le secteur pour "soutenir les classes moyennes", en donnant le pouvoir aux maires de choisir les premiers locataires des logements neufs sur leur commune, et en intégrant les "logements intermédiaires" dans le calcul des quotas de logements sociaux imposés à certaines communes par la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU).
Les loyers des logements intermédiaires "sont bien trop élevés pour une grande majorité des classes moyennes", a estimé l'USH, rappelant qu'aujourd'hui, "seuls 3% des ménages en attente de logement social y sont éligibles".
Les bailleurs sociaux ont également dénoncé une "nouvelle attaque" contre la loi SRU, estimant que le changement du mode de calcul "ne règlera en rien le retard pris pour la construction du logement social" et va "renforcer les ségrégations territoriales".
L'USH représente 566 opérateurs HLM, qui détiennent et gèrent 4,8 millions de logements locatifs et logent environ 10,2 millions de personnes.
"C'est scandaleux" fustige la Fondation Abbé Pierre
"Vous le savez, d'ici 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU doivent posséder au moins un quart de logements sociaux sur leur territoire. Nous proposerons d'ajouter pour une part les logements intermédiaires, accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul", a déclaré le Premier ministre, s'attirant aussitôt des critiques.
"C'est scandaleux d'intégrer dans les quotas de la loi SRU les logements locatifs intermédiaires qui sont destinés plutôt aux classes moyennes, voire aux classes moyennes supérieures", a réagi auprès de l'AFP Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.
M. Domergue a rappelé que "les trois quarts des demandeurs de logements sociaux attendent un logement très social".
"Il n'y avait déjà pas assez de logements sociaux et là on va donner l'opportunité à des maires qui ne veulent pas accueillir des pauvres sur leur territoire d'accueillir à la place des cadres", a-t-il ajouté.
Les autres réactions du secteur
Le président de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), Thierry Repentin, dénonce un plan qui "revient à reprendre des propositions faites sous la présidence de Nicolas Sarkozy".
"Le logement intermédiaire, compte tenu de son niveau de loyer et donc des revenus nécessaires pour l'assumer, concerne moins de 5% des demandeurs d'un logement social en France", déplore M. Repentin, ancien président de la Commission Nationale SRU.
L'annonce a aussi été critiquée par la députée Stella Dupont (apparentée Renaissance), membre de l'aile gauche de la majorité. Assouplir la loi SRU "me semble constituer un mauvais signal, risquant de mener à une baisse des constructions de logements sociaux", a-t-elle réagi dans un communiqué.
M. Attal a également annoncé vouloir "procéder à des réquisitions pour des bâtiments vides", notamment de bureaux. Vingt "territoires", dans lesquels seront accélérées "toutes les procédures" seront par ailleurs désignés dans deux semaines, avec pour objectif d'y créer "30.000 nouveaux logements d'ici trois ans", a-t-il dit.
L'ensemble de la filière du logement traverse une grave crise en France, en raison d'une chute de la demande liée au resserrement drastique des conditions d'emprunt, du désintérêt des investisseurs pour l'investissement locatif, jugé moins rentable, mais aussi de la hausse des coûts de construction et des prix du foncier.
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