Dans l'objectif d'agir pour anticiper le changement climatique, les participants à cette 9e édition ont travaillé sur la sécurisation de la ressource en eau et la valorisation des eaux usées.
Collaboration entre le Canal de Provence et le Canal de Marseille, stockage de l'eau, installation prochaine d'un Parlement de l'Eau, prise en considération des milieux aquatiques et « Re-Use », les solutions... et les défis sont nombreux. Si l'esprit visionnaire des anciens a été salué à plusieurs reprises, de la qualité du lien qui unit collectivités locales et entreprises de la région dépend la gestion durable de l'eau ainsi que... son succès, même si une prise de conscience nationale est urgente et nécessaire.
« La gestion durable de l'eau est un équilibre subtil et fragile entre pompage, stockage et partage » souligne Yves BOURDAIS délégué régional PACA Corse des Canalisateurs du Sud-Est, en accueil de ces 9e rencontres, qui contribuent à renforcer le lien entre entreprises, collectivités et syndicats des eaux du territoire. « Agriculture, industrie, énergie, tourisme, consommation d'eau potable et milieux naturels aquatiques longtemps négligés..., tous ont besoin de ce bien devenu rare et... trop bon marché ! Il est vital que collectivement, nous travaillons main dans la main à la gestion globale de l'eau, pour nous et nos générations futures. C'est le sens de cette journée de travail qui nous uni ! » précise Yves BOURDAIS.
« Dans le contexte de réchauffement climatique actuel, la gestion de la ressource en eau nous concerne tous ! Nous n'allons pas créer de l'eau en plus. Il faut donc maîtriser cette richesse absolue, cet or bleu qui nous est confié, en le canalisant et en l'économisant ! » précise Michel REGUILLON, président des Canalisateurs du Sud « nous posons des maillons étanches et nous canalisons l'eau pour tous les usagers, dans le respect des milieux naturels ; nous sommes des acteurs de la réduction de la consommation d'eau et pas de simples poseurs de tuyaux ! »
Les Canalisateurs du Sud-Est - qui ont accusé en 2020 une baisse de 13% d'activité par rapport à 2019 - vont continuer les actions en faveur du grand cycle et du petit cycle de l'eau, dans le cadre du plan d'action 2021-2024. Sur cette période, les Canalisateurs du Sud-Est - qui représentent 118 entreprises pour un total de 9 000 salariés en Rhône-Alpes-PACA-Corse continueront à fédérer toujours plus les entreprises adhérentes pour défendre les intérêts de la profession, promouvoir ses métiers et agir pour la transition écologique.
« Avec des rencontres comme celle d'aujourd'hui, nous renforçons le partenariat entre entreprises de canalisations, maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre, tout en sensibilisant les pouvoirs publics et le grand public sur les enjeux liés à l'eau. » souligne Michel REGUILLON.
Sécuriser la ressource en eau devient impératif ; Il y a déjà des conflits d'usage...
Si l'approvisionnement en eau de la région PACA est relativement sécurisé grâce au barrage de Serre-Ponçon (83), la vision est un peu faussée ...« Le changement climatique d'ici à 2050 et la baisse de 10 à 20% de la ressource naturelle vont mettre le système en tension et la distribution va être compliquée ! alerte Philippe PICON, directeur de la ressource en eau du Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD) qui porte une démarche de gestion devenue « ultra-fine » entre l'impétuosité de la Durance et les impératifs du barrage de Serre-Ponçon construit en 1962 initialement pour recueillir l'eau de la fonte des neiges afin de faire face à un manque d'eau.
Le ton de la journée est donné, repris par Hervé PAUL, président de la Régie Eau d'Azur, Vice-Président de Métropole Nice Côte d'Azur (MNCA) mobilisé à la fois par la reconstruction complète des assainissements de la vallée de la Vésubie (sans pénurie d'eau), par l'augmentation des capacités de pompage en raison des étiages mi-août- pendant la période de plus forte consommation - et des conflits d'usages en alimentation d'eau potable Var v/s Nappe phréatique...qui commencent à émerger.
Le changement climatique influe également sur la qualité de l'eau dont la température de 25 °C augmente régulièrement chaque année ! « Notre action est de veiller à sa potabilité. Pour cela, nous amenons de l'eau pure plus froide grâce à une collaboration entre le Canal de Provence et le Canal de Marseille » soulignent à l'unisson Didier REAULT, Vice-Président Environnement, Eau & Assainissement de la Métropole Aix Marseille Provence (MAMP), Administrateur de l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, Vice-Président du Conseil Départemental des Bouches du Rhône et Benoit MOREAU, directeur du développement du Canal de Provence. « Et pourquoi ne pas couvrir les canaux de panneaux solaires pour maintenir la qualité d'eau fraiche en dessous ? » souligne ce dernier qui rappelle que le principe de financement de l'eau « l'eau paie l'eau » a pour objectif d'investir et de rénover les infrastructures et que son excédent n'a pas vocation à financer la biodiversité.
Le prochain Parlement de l'Eau permettra d'envisager l'avenir collectivement
Partagée entre agriculteurs, industriels, consommateurs d'eau potable, touristes, énergéticiens et milieux aquatiques, la ressource en eau et sa sécurisation sont les enjeux collectifs des prochaines décennies. La mise en place prochaine d'un Parlement de l'Eau, dans le cadre du Schéma Aménagement Gestion des Eaux, est très attendue ! Il réunira près de 120 personnes Collectivités, Usagers de l'eau et Administrateurs de l'Etat « Nous allons pouvoir faire de la prospective pour envisager l'avenir, préserver l'accès à l'eau pour tous tout en préservant les milieux aquatiques et optimiser l'utilisation des fonds européens ! » soulignent Philippe PICON et Hervé PAUL enthousiastes mais néanmoins inquiets pour l'avenir de leur territoire !
Le taux d'eaux usées réutilisées est de 98% en Israël, 80% en Espagne et 0,6% en France. Le Re-Use a fait ses preuves... à l'étranger. En France, il y a trop de contraintes !
« Au Qatar où le stress hydrique est fort et où la température monte à 54°C l'été, 100% des eaux usées sont réutilisées, mais il n'y a pas de schéma directeur et les camions font la queue à la station d'épuration... En Israël, le taux d'eaux usées réutilisées est de 98%, 80% en Espagne et 0,6% en France. » souligne Gautier MAIN, Directeur Pôle technique eaux urbaines d'EGIS Eau.
Le Re-Use a fait ses preuves et a donc de beaux jours devant lui comme le souligne Eric LAHAYE, Directeur Régional de VEOLIA PACA, qui a mis en place la réutilisation, dès 2006, les eaux usées pour arroser le Golf de Sainte-Maxime (83), et ce dans le respect des qualités physico-chimiques. « Nous avons contribué à la réduction de 12% de la consommation d'eau potable du golf, qui avec des besoins de 12 000 m3 par jour, est le plus gros consommateur d'eau potable du département du Var », précise-t-il.
Cette solution pourrait être étendue aux nettoyages et arrosages des centre-ville ainsi qu'à l'irrigation des terres agricoles, mais elle se heurte en France à une réglementation qui fixe une qualité d'eau forte. Malgré la surveillance et des règles draconiennes, l'Agence Régionale de la Santé (ARS) souhaite éviter tout risque sanitaire. L'élimination du paracétamol par exemple et autres perturbateurs endocriniens reste problématique. « Il y a des néanmoins des signes encourageants » souligne Marion BOUCAULT, Directrice régionale d'EGIS Eau, et « l'état d'esprit des décideurs et du grand public évoluent ; les nouveaux projets imposent des critères eaux durables comme pour nettoyer les bateaux par exemple ! ».
L'objectif serait d'aller vers 100% des eaux issues des stations d'épuration (STEP) soulignent les trois intervenants, sans rêver. Il y a bien à ce jour quelques projets, comme à Cannes (06) pour nettoyer les véhicules techniques de la ville avec des eaux usées et Sables d'Olonne en Vendée (85) avec le Projet Jourdain de la STEP qui crée une zone de rejet bio pour alimenter l'eau potable... mais c'est bien trop peu.
La nappe du Var est un véritable enjeu
L'occasion pour Annick MIEVRE, Directrice de la Délégation PACA Corse de l'Agence de l'Eau (photo de gauche) de rappeler son action au service des collectivités pour aider les projets dans le domaine du petit cycle et grand cycle de l'eau. A ce jour, la moitié du programme est utilisé pour des projets d'assainissement ainsi que pour des actions de mesure du SDAGE, des projets de désimperméabilisation, rétention et séparation de réseaux Eaux Pluviales Eaux Usées afin de limiter le déversement d'eaux usées dans les milieux... Et sur les 180 millions € du plan de rebond mis en place dans le cadre de la crise sanitaire, 43 millions € ont été consommées en PACA Corse.
« Mais aujourd'hui un usager souffre, c'est le milieu naturel. Il n'a pas suffisamment d'eau pour fonctionner normalement. La nature rend des services gratuits, le cours de l'eau recharge la nappe mais la biodiversité s'éteint. Il faut économiser l'eau potable pour résoudre les problèmes à venir de déficit en eau » alerte Annick MIEVRE comme un cri d'alarme.... « Nous n'en sortirons que par la solidarité, que si on travaille ensemble, la nappe du Var est un véritable enjeu ! »
Il faut une ambition nationale !
Le président des Canalisateurs Alain GRIZAUD (photo de droite) souligne que la prise de conscience collective qui ressort de cette journée de travail riche en témoignages et exemples doit non seulement se faire à l'échelle des métropoles mais aussi à l'échelle de tout le territoire national. « Nous ferons remonter au gouvernement les initiatives du terrain et nous recevrons les candidates et les candidats à l'élection présidentielle. Il faut une ambition nationale ! »