Cette première estimation, publiée vendredi 28 janvier par l'Insee, surpasse largement toutes les prévisions faites par les économistes, l'Institut de la statistique, comme la Banque de France, tablant par exemple sur une croissance de 6,7%.
La dernière fois que l'économie française avait fait mieux, c'était en 1969 juste après la crise provoquée par le mouvement de mai 1968.
"C'est un rebond spectaculaire", qui "efface la crise économique", s'est félicité le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France 2. "Ça prouve aussi aussi que la politique économique du gouvernement est efficace"" a-t-il ajouté.
Au total, l'État aura encore dépensé l'an dernier un peu plus de 60 milliards d'euros, au prix d'un déficit public qui devrait avoisiner les 7% et d'une dette publique autour de 113%.
Avec une telle croissance, la France devrait signer une des meilleures performances de la zone euro, à la mesure toutefois de l'ampleur du choc de la crise sanitaire sur l'économie nationale l'an dernier.
La croissance a ainsi plafonné en Allemagne à 2,7% l'an dernier (-4,9% en 2020), frappée de plein fouet par les pénuries de matières premières et de composants pour l'industrie.
Si l'économie française a connu une progression lente en début d'année (+0,1% au premier trimestre et +1,3% au deuxième), marquée par la troisième vague de l'épidémie et des restrictions encore importantes (couvre-feu, fermetures de commerces, jauges, etc.), elle a fortement accéléré au second semestre, avec une progression du PIB de 3,1% au troisième trimestre et de 0,7% au dernier, au moment où la quatrième vague du Covid a frappé la France.
Sur le quatrième trimestre, l'activité "dépasse désormais nettement" son niveau d'avant crise sanitaire, souligne l'Institut national de la statistique.
Sur le front de l'emploi, la France a connu une baisse record du chômage, avec un nombre de chômeurs qui a atteint son plus bas niveau depuis près de dix ans au dernier trimestre, selon des chiffres publiés un peu plus tôt cette semaine.
Toutefois, sur l'ensemble de l'année 2021 le PIB reste "1,6 % en deçà de son niveau moyen en 2019", précise l'institut l'institut, signe que 2021 ne marque pas totalement un retour à la normale pour l'économie, la première partie de l'année ayant encore été marquée par d'importantes restrictions sanitaires liées à l'épidémie de Covid-19.
Certains secteurs, comme le tourisme, les transports ou l'hôtellerie-restauration sont restés pénalisés par ces restrictions, qui ont réduit les déplacements et la vie sociale des Français.
Consommation encore à la traîne
Cela se ressent notamment dans la consommation des ménages, qui n'a renoué avec son niveau d'avant-crise qu'à la toute fin de l'année, mais qui avec une hausse de 4,8% sur l'ensemble de 2021 reste inférieure à son niveau de 2019. En 2021, la croissance a été particulièrement portée par la forte progression de la production de biens et services (+7,4%, après -8,5% en 2020), même si la production de biens "reste sensiblement en retrait" par rapport à son niveau moyen de 2019, selon l'Insee.
L'investissement des ménages (immobilier, etc.), des entreprises et des collectivités, en rebond de 11,6%, dépasse lui largement son niveau de 2019.
Enfin, le commerce extérieur contribue légèrement positivement à la croissance, même si en moyenne annuelle "les exportations et les importations demeurent en 2021 à un niveau particulièrement dégradé".
Pour 2022, le gouvernement table sur une croissance de 4%, quand la Banque de France prévoit 3,6%.
L'Insee, qui n'a pas encore publié de prévision pour l'ensemble de l'année, anticipait en décembre une croissance de 0,4% au premier trimestre, puis 0,5% au deuxième.
C'était avant que la vague Omicron ne frappe le pays, mais le gouvernement se veut optimiste: "Je ne redoute pas les effets d'Omicron" sur la croissance française, avait assuré Bruno Le Maire mercredi, promettant que le gouvernement continuerait de soutenir les entreprises pénalisées par les restrictions sanitaires.
L'exécutif a aussi déployé plus de 15 milliards d'euros pour limiter les effets de l'accélération de l'inflation, en particulier des prix de l'énergie, sur les ménages.