"La France est fière de contribuer à ce musée avec les Emirats arabes unis", a ajouté Françoise Nyssen lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis.
Elle a souligné que ce musée était la "réponse conjointe" de Paris et d'Abou Dhabi à un moment où "la culture est attaquée".
Jean-Luc Martinez, président du Louvre à Paris, a mis en avant le "caractère universel" du musée d'Abou Dhabi, le premier de ce genre dans le monde arabe. Il a loué la "collaboration sans précédent entre les deux pays".
De son côté, le ministre émirati de la Culture, Cheikh Nahyane ben Moubarak al-Nahyane, a souligné la fierté de son pays d'abriter un musée universel. "Comme le Louvre est le joyau de la couronne de Paris, le Louvre Abou Dhabi est destiné à avoir une telle distinction".
Le projet est né d'un accord inter-gouvernemental signé en 2007 entre Paris et Abou Dhabi.
D'une durée de 30 ans, il prévoit que la France apporte son expertise, prête des oeuvres d'art et organise des expositions temporaires contre un milliard d'euros. Sur ce total, la seule concession du nom du Louvre jusqu'en 2037 rapporte au musée parisien 400 millions d'euros.
Jean Nouvel a puisé dans l'architecture arabe pour créer le Louvre Abou Dhabi
Grand nom de l'architecture mondiale, le Français Jean Nouvel qui a conçu le Louvre Abou Dhabi dont l'inauguration est fixée au 11 novembre, a expliqué mercredi, dans un entretien à l'AFP, comment était né son projet:
Q: Comment avez-vous conçu le Louvre Abou Dhabi ?
R: J'ai déjà travaillé à Paris sur l'Institut du monde arabe. J'avais surtout la volonté d'être à la hauteur de la situation parce qu'un quartier culturel se créait là, sur une île déserte (à Abou Dhabi), avec cinq grandes institutions (dont le Guggenheim, le Louvre étant le premier musée à être construit).
Je suis un architecte contextuel et je voulais que ce musée appartienne à l'Histoire et à la géographie de ce pays (les Emirats arabes unis). Je ne voulais pas qu'on construise le même à Paris. Je voulais qu'il appartienne à ce climat, dans tous les sens du terme. Et je voulais aussi que, symboliquement, il y ait une forme de spiritualité parce que le contenu est souvent sacré et la culture est une dimension de l'esprit.
Q: L'architecture arabe vous a-t-elle inspiré ?
R: Je suis allé chercher le dôme blanc, un symbole clair, un lieu qui n'est pas banalisé. Je suis allé chercher aussi la géométrie de la ville arabe parce que je suis toujours dans cette idée qu'un musée, c'est beaucoup plus un quartier qu'un bâtiment. C'est un lieu de rencontres et de discussions. Il y a aussi cette ouverture sur la mer, avec des bateaux, qui fait beaucoup de sens sur le plan symbolique avec le dialogue des civilisations. J'ai voulu jouer sur cette ouverture qui était celle de ce site du désert au bord de l'eau.
Q: Quel est le rôle de la lumière naturelle dans le musée, en grande partie recouvert par un immense dôme constellé d'étoiles ?
R: La spiritualité peut aussi se traduire par un symbole qui est de l'ordre de la lumière. Pour moi, la grande architecture arabe, c'est une géométrie aux lumières. J'ai essayé de trouver quelque chose qui soit en relation avec cette vibration. La vibration, je l'ai inventée à partir du moment où j'ai décidé de faire plusieurs couches pour la coupole et pour le dôme, en me disant qu'il va falloir qu'un rai de lumière traverse toutes ces couches pour arriver en bas et que, comme le soleil tourne, ça ne sera jamais la même géométrie et que des points de lumière vont apparaître et disparaître. Cette lumière vibrante, avec les reflets de l'eau qui rentrent souvent sous la coupole, crée une ambiance qui n'est pas ordinaire et qui est un héritage aussi de certains effets qui existent déjà dans la ville arabe, en particulier dans les souks.