Aujourd'hui en pleine transformation, la capitale polonaise et ses 1,8 million d'habitants ne disposaient pas jusqu'à présent d'un musée d'art moderne digne de ce nom, les collections n'étant exposées que dans des locaux provisoires.
"Boîte à chaussures", "conteneur" ou "bunker" pour les uns, "perle du minimalisme" pour d'autres, le nouveau bâtiment épuré aux lignes simples, oeuvre de l'architecte américain Thomas Phifer, éveille les passions.
Mais si son architecture peut dérouter par sa simplicité, le musée et ses alentours ont pour but de transformer le coeur de la cité.
"Varsovie changeait d'une façon très dynamique mais le centre-ville avait gardé l'aspect qu'il avait il y a quelques décennies", a reconnu son maire Rafal Trzaskowski au cours d'une conférence de presse au musée jeudi qualifiant son ouverture d'"évènement historique" aussi bien pour l'art polonais que pour la capitale.
Océan de ruines
Pendant la guerre, Varsovie a été détruite à 90% par les Allemands et, à sa libération, son centre n'était plus qu'une océan de ruines.
Les communistes ont décidé de ne pas le recréer et ont y construit le Palais de la Culture et des Sciences, un immeuble dans le style du "réalisme socialiste" de plus 230 mètres de hauteur, offert par Staline, et qui a longtemps dominé le paysage dans cette ville.
Lieu sous le communisme pour de vastes rassemblements politiques, la grande place vide devant le palais est devenue, après la chute du régime, un bazar, un emplacement pour des foires ambulantes, puis un parking à la chaussée défoncée, le tout coupé du reste du tissu urbain par une large avenue.
La place était jusqu'à présent "tout et n'importe quoi", un lieu délabré sans vision, selon l'historienne de l'architecture Anna Cymer pour qui "Varsovie n'a toujours pas réussi à neutraliser ce lourd héritage historique, ce "sort jeté par Staline".
"De fait, le coeur de Varsovie n'est toujours pas aménagé et la capitale n'a toujours pas le véritable centre-ville dont elle a urgemment besoin", a-t-elle déclaré à l'AFP.
"Nous sommes enfin en bonne voie pour faire revivre cette partie de la ville au profit de tous. Le musée est un grand pas vers la formation d'un vrai centre-ville et la revitalisation du quartier", a ajouté Mme Cymer.
"Lumière de Varsovie"
Pour l'architecte de ce musée d'une surface totale de près de 20.000 mètres carrés, le choix de l'emplacement est significatif et "très courageux".
"La municipalité aurait pu choisir n'importe quel autre endroit mais elle a décidé de le placer près du Palais de la Culture malgré toute son histoire", a-t-il dit à la presse.
"Ce sera (...) le nouveau forum, le nouveau lieu de rencontre, de rencontre avec l'art et de rencontre entre nous", a-t-il dit, expliquant avoir voulu créer un lieu ouvert sur la cité et ses habitants.
Le rez-de-chaussé de ce musée, un immeuble dont le coût total s'élève à 700 millions de zlotys (160 millions d'euros), est vitré et invite les passants à entrer dans un grand hall clair.
A l'intérieur, un double escalier les emmènera vers les salles d'exposition pour l'instant pratiquement vides.
En attendant l'inauguration de son exposition permanente en février, le musée ne présentera aux visiteurs qu'une dizaine d'oeuvres d'art mais doit, au cours des quinze prochains jours, accueillir une centaine d'évènements, concerts, spectacles de danse ou ateliers.
Toute la partie interne du musée est baignée de lumière naturelle tamisée changeante au rythme du jour. Pour Thomas Phifer, "cette expérience de lumière" est très importante.
"C'est la lumière de Varsovie qui définit ce lieu, commence à se fondre dans l'expérience de l'art", a-t-il noté.