A peine quelques semaines après son entrée à Downing Street, le Premier ministre travailliste Keir Starmer a donné le coup d'envoi de cette promesse majeure de campagne, symbolisant une approche interventionniste sur les questions économiques et plus volontariste que le précédent gouvernement conservateur sur les politiques climatiques.
"Je veux gagner la course à l'énergie propre: nous avons le potentiel, les ports, les travailleurs, les talents, et maintenant, un gouvernement déterminé à saisir ses opportunités", a affirmé Keir Starmer depuis Runcorn (nord-ouest de l'Angleterre).
Un projet de loi a été introduit il y a quelques jours au Parlement, en vue d'un vote dès le 5 septembre, pour faire aboutir rapidement la clé de voute de sa stratégie: la création d'une société publique d'investissement baptisée Great British Energy.
Dotée de 8,3 milliards de livres (9,9 milliards d'euros) d'argent public sur cinq ans, celle-ci servira à "investir dans les technologies du futur: les éoliennes flottantes, l'énergie marémotrice, nucléaire", a-t-il énuméré, avec l'objectif d'attirer ainsi des investissements privés.
Après 14 ans dans l'opposition, "nous allons montrer que le changement a déjà commencé", a martelé Keir Starmer.
Il a attaqué le bilan des conservateurs, qui avaient ces dernières années renoncé à certaines mesures climatiques et avaient notamment décidé d'accorder des nouvelles licences de production d'hydrocarbures et introduit un moratoire sur la construction de parcs éoliens terrestres.
"Nous avons perdu une décennie d'opportunités pour booster notre sécurité énergétique, faire baisser les factures et créer des emplois qualifiés", a-t-il dénoncé.
GB Energy "travaillera avec le secteur privé pour développer l'énergie propre dont nous avons besoin, créer des emplois qualifiés (...) et générer des bénéfices pour le contribuable" a précisé Ed Miliband, ministre de la Sécurité énergétique et la neutralité carbone.
Cette compagnie doit permettre de faire baisser les factures d'énergie et de réduire la dépendance aux importations de pétrole ou de gaz auprès de "dictateurs étrangers", a défendu le Premier ministre.
Son financement proviendra de taxes exceptionnelles prélevées sur les sociétés pétrolières et gazières.
Accent sur l'éolien en mer
L'Ecosse, où des dizaines de milliers de personnes travaillent dans l'énergie, a été choisie pour implanter le siège de la compagnie.
Cette transition se fera de manière "juste", a voulu rassurer Ed Miliband, en réponse aux craintes des milliers de travailleurs du secteur des énergies fossiles.
Pour lancer le travail de la nouvelle entreprise, le nouvel exécutif travailliste a annoncé un premier partenariat entre GB Energy et la société qui gère le vaste patrimoine terrien et maritime de la monarchie britannique, ou "Crown Estate".
Son portefeuille comprend une grande partie des fonds marins britanniques, et cette société peut donc accorder des autorisations pour y construire des parcs éoliens en mer.
Le gouvernement espère que cet accord très symbolique génèrera jusqu'à 60 milliards de livres (71,5 milliards d'euros) d'investissements dans le secteur et créera plus généralement un nouvel élan au sein des industriels en faveur des énergies vertes.
Selon le Crown Estate, quelque 20 à 30 gigawatts supplémentaires d'énergie éolienne en mer pourraient être créés d'ici 2030 grâce à ce partenariat, de quoi alimenter l'équivalent d'environ 20 millions de foyers.
Le Royaume-Uni produit actuellement 14 gigawatts d'énergie grâce à l'éolien en mer, selon les données officielles.
Il y a quelques jours, un rapport financier indiquait que les bénéfices du Crown Estate avaient plus que doublé l'an dernier pour atteindre un record de 1,1 milliard de livres (1,3 milliard d'euros), notamment grâce à l'essor de ces parcs éoliens en mer.
Dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement Starmer a déjà levé une interdiction imposée par les conservateurs en 2015 sur la construction de nouveaux parcs éoliens terrestres en Angleterre.