"Il n'est pas temps de lever les mesures de soutien à l'économie", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse téléphonique, et cette "aide massive", qui sera intégrée au projet de Budget pour 2021 en cours d'examen au Parlement, sera réorientée "sur les secteurs les plus impactés", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi que le déconfinement serait moins rapide que prévu, ce qui va encore accroître l'impact de l'épidémie de Covid-19 sur de nombreuses entreprises, en particulier dans les activités de loisirs, la restauration ou l'évènementiel.
Et quand les secteurs fermés rouvriront, ce sera au prix de conditions sanitaires strictes, qui risquent de limiter leur activité.
Le "pilier" de cette nouvelle phase de soutien d'urgence, sera le fonds de solidarité dont les conditions d'attribution ont été renforcées en décembre, a détaillé Bruno Le Maire.
Le gouvernement prévoit d'y consacrer 7 milliards d'euros en 2021, en le maintenant "au moins jusqu'à fin juin".
Il mobilise aussi 11 milliards d'euros pour la prise en charge du chômage partiel, à la fois dans le cadre du dispositif existant, qui sera maintenu au moins jusqu'à fin janvier, et pour l'activité partielle de longue durée.
Le gouvernement prévoit aussi 1 milliard d'euros d'exonérations de charges pour les entreprises.
A cela s'ajoute des aides pour les stations de ski, les jeunes, l'aide alimentaire ou encore les aéroports.
Sur ces 20 milliards, 8,5 milliards seront financés via des reports de crédits non dépensés cette année pour le chômage partiel, le fonds de solidarité et les exonérations de charges.
Malgré tout, avec une prévision de croissance que le gouvernement maintient à 6% pour l'an prochain, le déficit et la dette vont finalement être plus élevés que ce qu'il anticipait jusqu'ici.
Le déficit devrait atteindre 8,5% du PIB (contre 6,7% prévu initialement), après 11,3% attendu cette année.
La dette va continuer à flamber l'an prochain, alors que le gouvernement espérait amorcer sa décrue grâce à la reprise. Il l'attend à 122,4% du PIB (contre 116,2% prévu jusqu'ici), après 119,8% cette année.
Le détail des 20 milliards d'euros de soutien d'urgence mobilisés en 2021
A côté du plan de relance, le gouvernement va encore consacrer plus de 20 milliards d'euros l'an prochain en soutien d'urgence pour les entreprises et les ménages. Voici le détail des mesures prévues.
Activité partielle
Le gouvernement prévoit de consacrer encore 11 milliards d'euros au financement du chômage partiel, contre 6,5 milliards d'euros budgétés jusqu'ici dans le projet de loi de finances pour 2021.
Ce montant inclut à la fois le dispositif de chômage partiel existant actuellement et prolongé au moins jusqu'à fin janvier, tel qu'annoncé par la ministre du Travail Elisabeth Borne, et le nouveau dispositif d'activité partielle de longue durée (APLD) créé pour accompagner les entreprises dans la durée.
En 2020, le gouvernement devrait avoir dépensé 29 milliards d'euros, sur les 34 milliards budgétés.
Fonds de solidarité
Le gouvernement prévoit 7 milliards d'euros de dépenses pour soutenir les entreprises qui resteront fermées ou dont l'activité sera très fortement réduite par le maintien des contraintes sanitaires. Ce montant se décompose en 5 milliards d'euros de nouveaux crédits, le reste venant de reports de moyens non utilisés en 2020.
Les nouvelles conditions d'attribution du fonds de solidarité, mises en place en décembre, seront maintenues "au moins jusqu'à fin juin 2021", a indiqué le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, sauf si la situation économique et sanitaire évolue considérablement d'ici là.
De nouveaux secteurs, exclus jusqu'ici, vont y avoir droit, comme certains prestataires d'évènementiels (organisateurs de mariage, commerces de vêtements de cérémonies), les producteurs de lapins et de pintades ou encore les producteurs d'escargots, très pénalisés par la fermeture des restaurants.
En 2020, 17 milliards auront été dépensés, sur les plus de 19,5 milliards d'euros budgétés.
Exonérations de charges
Un milliard d'euros supplémentaires sont dédiés à des exonérations de charges qui bénéficient aux entreprises les plus touchées par la crise.
En 2020, les entreprises ont bénéficié de 7 milliards d'exonérations de charge, quand le gouvernement en avaient prévu environ 8 milliards.
Jeunes
200 millions d'euros sont mobilisés pour financer les annonces de nouvelles aides aux jeunes faites par le président de la République la semaine dernière, en particulier via le dispositif de Garantie jeunes ou le renforcement du système de bourses.
Aide alimentaire
le gouvernement va soutenir à hauteur de 120 millions d'euros les associations qui distribuent de l'aide alimentaire, et qui font face à une forte augmentation des sollicitations des ménages depuis le début de la crise.
Stations de ski
Les stations de ski seront aidées à hauteur de 400 millions d'euros, notamment pour couvrir les pertes d'exploitation des remontées mécaniques, fermées au moins jusqu'à la fin de l'année.
Congés payés
L'Etat va prendre en charge le coût de dix jours de congés payés pour les entreprises les plus touchées par la crise, comme l'hôtellerie, la restauration, l'évènementiel, les discothèques ou les salles de sport. La mesure coûtera plusieurs centaines de millions d'euros.
Aéroports
En difficulté face à la baisse du trafic aérien, les aéroports bénéficieront d'une aide de 250 millions d'euros.
La Poste
L'effondrement du courrier a fait fondre les revenus de l'entreprise, que le gouvernement a décidé d'aider pour un montant qui sera précisé prochainement.