Les bons signaux se suivent et se ressemblent ces derniers jours: l'activité du secteur privé s'est ainsi nettement redressée en juillet, en particulier dans les services qui ont été durement touchés par la crise, selon un indicateur provisoire très suivi, publié vendredi par le cabinet IHS Markit.
"La demande intérieure commence enfin à reprendre, un nombre croissant d'entreprises reprenant leurs activités, tandis que les dépenses des consommateurs commencent à retrouver des niveaux plus habituels", a souligné Eliot Kerr, économiste chez IHS Markit, cité dans un communiqué.
Jeudi, l'indicateur de climat des affaires publié par l'Insee témoignait déjà d'un regain de confiance en juillet des chefs d'entreprises, qui jugent bonnes les perspectives d'activité dans la plupart des secteurs.
Cocorico: la France connaîtrait même "la reprise d'activité la plus forte d'Europe", selon un baromètre publié vendredi par le cabinet de conseil BCG. Après avoir connu toutefois une des plus fortes chutes.
Selon ce baromètre, la consommation repart notamment très fort en France, plus rapidement qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni, tout comme l'activité du secteur automobile.
"Depuis plusieurs semaines nous enregistrons des indicateurs positifs qui traduisent l'efficacité de nos mesures", s'est félicité le ministre de l'Economie Bruno Le Maire jeudi devant les députés, une allusion aux 460 milliards d'euros de moyens publics mobilisés depuis la mi-mars.
La Banque de France s'attend d'ailleurs à un rebond de 14% du PIB au troisième trimestre, et l'Insee, plus optimiste, table sur une progression de 19%, après une chute de 17% au deuxième trimestre.
"trop fragiles"
Mais Bruno Le Maire a jugé ces résultats "trop fragiles pour que nous révisions nos prévisions de croissance pour le moment". Le gouvernement prévoit toujours une contraction de 11% du produit intérieur brut (PIB) cette année, quand l'Insee table sur une baisse de 9% et la Banque de France de 10,3%.
"Nous continuerons à nous battre pour (...) faire mieux" que ces -11%, a toutefois assuré le ministre. Le plan de relance de 100 milliards d'euros, dont une partie des mesures sera appliquée dès la rentrée, notamment celles sur l'emploi des jeunes, devrait y contribuer, avant un plein effet l'an prochain.
Car la rentrée s'annonce pleine de dangers pour l'économie française. Le chômage pourrait augmenter fortement avec une arrivée compliquée des jeunes diplômés sur le marché du travail. Les risques de faillites et de plans sociaux pourraient croître eux aussi avec l'arrêt d'un certain nombre de dispositifs d'aides d'urgence.
"Le retour à la normale est loin d'être acquis", juge ainsi Julien Manceaux, économiste chez ING. "Dans le secteur des services, la confiance se situe juste au-dessus de son plus bas niveau de la crise de 2009. Ce seul constat montre à quel point le rebond du déconfinement est relatif", détaille-t-il dans une note.
Dans le commerce aussi, on fait grise mine. Le début des soldes est "peu dynamique", selon la fédération Procos, qui regroupe les acteurs du commerce spécialisé. Et depuis le 1er janvier, les ventes de ses adhérents accusent en recul de près de 30% par rapport à l'an dernier.
"La situation reste très compliquée pour nombre de magasins, la rentrée et la fin d'année seront déterminantes", prévient Procos, rappelant que "le commerce est un secteur à très fort enjeu sur le front du risque social et de l'impact territorial". Une allusion aux difficultés de nombreuses enseignes (Camaiëu, André, Naf Naf...) qui laissent augurer fermetures de magasins et suppressions d'emplois.
En matière d'emploi justement, "s'il y a une amélioration considérable pour les contrats d'intérim ou temporaires, (...) les intentions d'embauche hors travail temporaire ne sont guère plus élevées qu'au creux de la crise de 2009", note aussi Julien Manceaux, illustrant selon lui "les doutes (...) quant au niveau d'activité qui caractérisera cette nouvelle normalité post-covid".