Mardi, l'Insee a ainsi estimé que le produit intérieur brut (PIB) devrait stagner au dernier trimestre 2020, marquant un coup d'arrêt après le fort rebond du troisième trimestre (+16%).
L'Institut national de la statistique prévoyait jusqu'ici une petite croissance de 1% du PIB au dernier trimestre. Il confirme toutefois sa prévision d'une récession de 9% pour l'ensemble de l'année, quand le gouvernement table, lui, sur une chute du PIB de 10%.
"Cette prévision reflète la grande incertitude qui caractérise ces prochains mois", a commenté Julien Pouget, responsable du département de la conjoncture à l'Insee, lors d'une conférence de presse, sans écarter le risque d'une rechute du PIB.
Conséquence: le PIB "resterait, en fin d'année, 5% en deçà de son niveau d'avant crise", soit sans progrès depuis l'été, évalue l'Insee. Funeste présage alors que le gouvernement espère avoir rattrapé en 2022 la perte d'activité due à la crise.
Car même si les mesures de restrictions sont plus ciblées que le confinement décidé au printemps, elles vont encore dégrader les perspectives des secteurs concernés, à savoir l'hôtellerie-restauration, les loisirs ou les transports.
Les autres secteurs d'activité devraient, eux, voir la reprise se poursuivre.
Ce climat anxiogène va aussi peser sur l'investissement. "Par attentisme" des entreprises, il ne progresserait plus d'ici à la fin de 2020, en attendant l'éventuel impact du plan de relance.
D'ailleurs, près d'un tiers des entreprises ne savent toujours pas estimer le moment où elles retrouveront une activité normale, soit "la plus forte proportion depuis le début de la crise", note l'Insee.
Le chômage inquiète
Ce pessimisme est surtout marqué dans les services, alors que les perspectives semblent un peu meilleures dans l'industrie.
Quant au moral des ménages, il "n'a pas vraiment rebondi" depuis avril, a souligné Julien Pouget, qui constate même un "léger tassement" de la consommation, après le rebond observé cet été avec des achats importants de biens d'équipement du foyer et d'habillement à la faveur des soldes.
Au dernier trimestre, la consommation, élément moteur de la croissance française, pourrait encore se dégrader de 1%, pour finir l'année en recul de 7%. En parallèle, l'épargne des ménages devrait finir l'année à un niveau élevé.
Leurs inquiétudes vis-à-vis du chômage sont aussi toujours élevées. Et la prévision de l'Insee n'a rien pour les rassurer, avec un taux de chômage revu à la hausse à 9,7% en fin d'année (contre 9,5% précédemment), soit 1,6 point de plus que fin 2019.
"Il n'est pas exclu que les 10% soient atteints", a même estimé M. Pouget.
Les suppressions d'emploi massives intervenues au premier semestre (715.000 emplois salariés), dont un tiers s'est concentré dans les secteurs les plus touchés, n'augmenteraient plus que légèrement au second semestre, pour atteindre 730.000 emplois salariés et 840.000 emplois au total.
Mais, résultat des dispositifs de soutien mis en place par le gouvernement (activité partielle, etc.), ce net recul de l'emploi (de l'ordre de 3% en moyenne annuelle) serait cependant beaucoup moins marqué que celui du PIB (-9%), souligne l'Insee.
Même chose pour le pouvoir d'achat, qui devrait se contracter seulement de 0,6% cette année.