A première vue, difficile d'imaginer un entrepôt ici, au milieu des bus et des piétons pressés de la porte de Pantin. Mais en s'approchant des grandes baies vitrées, on aperçoit les livreurs s'activer autour des cartons de marchandises.
"On a vraiment voulu un lieu ouvert, pour permettre de redécouvrir la réalité matérielle derrière le fonctionnement des livraisons à Paris", indique Achille Bourdon, architecte de l'entrepôt développé par le promoteur Sogaris et exploité par la société Ecolotrans, spécialisée dans la livraison dite "du dernier kilomètre".
A l'intérieur, la température se situe entre 2 et 4 degrés, car on y conserve des denrées alimentaires. Arrivées par camion, elles sont placées dans des vélos cargo ou des camionnettes électriques pour être livrées de manière "décarbonée" à des restaurants ou à des particuliers qui commandent à domicile leurs courses auprès de Carrefour, Naturalia ou encore Biocoop.
L'objectif est ainsi de mutualiser les commandes, pour limiter les transports polluants et sources de nuisances dans la capitale.
Lancé en novembre 2020, le petit entrepôt de 1.000 mètres carrés est présenté comme "pionnier" par l'association Afilog, qui regroupe les acteurs de la logistique. Avec le soutien de l'État et de l'organisation France Logistique, elle a lancé jeudi, et jusqu'à samedi, une Semaine de la Logistique pour ouvrir les portes de 40 entrepôts, dont P4, au grand public.
De grands projets, gourmands en terres
"Il est important que nous ayons une communication beaucoup plus offensive, beaucoup plus positive", a expliqué jeudi Claude Samson, président d'Afilog.
A travers cette semaine, le secteur veut appuyer sur son engagement environnemental, après la signature en juillet d'une charte d'engagements réciproques avec le gouvernement pour réduire son empreinte carbone.
Avec l'entrepôt P4 sont mis en avant des projets récents comme la plateforme "carbone neutre" de Monoprix à Moissy-Cramayel, ou le centre de distribution d'Ikea et Leroy Merlin à Gennevilliers, construit sur deux étages pour limiter la surface au sol.
"Aujourd'hui, c'est encore très difficile d'avoir des entrepôts en hauteur pour des raisons d'urbanisme et de sécurité, mais la charte doit favoriser ce type de constructions", explique à l'AFP Diana Diziain, directrice déléguée d'Afilog.
L'artificialisation des sols est en effet un sujet sensible pour la logistique, qui repose sur des entrepôts de plusieurs milliers de mètres carrés. Sans compter la pollution liée aux transports de marchandises, jusqu'au consommateur final.
Au moment du vote de la loi Climat, le secteur a ainsi échappé à un moratoire sur la construction des entrepôts du e-commerce, demandé par la Convention citoyenne. Au grand dam des promoteurs de centres commerciaux, dont les constructions de plus de 10.000 mètres carrés ont été interdites.
Si les grands projets suscitent la critique, le secteur met en avant leur importance pour l'économie française, en particulier pour la réindustrialisation du pays. La Semaine de la Logistique a ainsi été organisée à quelques jours seulement de la Semaine de l'Industrie.
"La compétitivité de la logistique, c'est un combat", a confirmé Geoffroy Cailloux, directeur services marchands à la direction générale des entreprises, rattachée au ministère de l'Economie.
Le gouvernement a ainsi lancé en décembre un plan d'action de 1,7 milliard d'euros pour la logistique, dans le cadre du plan de relance, qui promet de soutenir à la fois de l'attractivité de la France dans ce domaine, et la décarbonation du secteur.