Le PIB français devrait chuter en 2020 de 12,5%, au lieu de 7,2%, a estimé mercredi le FMI, qui a actualisé ses prévisions mondiales. La France, qui a enregistré près de 30.000 décès liés au Covid-19 et où le confinement a été particulièrement strict jusqu'au 11 mai, devrait connaître ainsi cette année l'une des pires récessions de la planète, aux côtés de l'Italie (-12,8%) et de l'Espagne (-12,8%).
Dans l'Hexagone comme ailleurs, "la reprise devrait être plus progressive que prévu", explique le FMI, tout en soulignant l'incertitude qui entoure ses nouvelles prévisions. En cause: les mesures de distanciation physique qui persisteront au second semestre et l'impact négatif des mesures de précaution sanitaire sur la productivité dans les entreprises.
Avec ce chiffre de -12,5%, l'institution se montre plus pessimiste que le gouvernement, qui table sur un recul du PIB de 11%, soit la plus forte récession de la France depuis 1945. Cette prévision, qui repose sur une hypothèse de réouverture des frontières en Europe le 15 juin et à la fin de l'été avec le reste du monde, tient compte du redémarrage seulement progressif de l'économie, avait précisé Bercy plus tôt dans le mois. Le Haut Conseil des finances publiques l'avait jugé "prudente".
"Je maintiens notre prévision de croissance pour 2020 à -11%", a indiqué le ministre de l'Économie Bruno Le Maire dans une réaction transmise à l'AFP. Les mesures de soutien à l'économie (dispositif de chômage partiel, reports de charges, fonds de solidarité, plans sectoriels, etc.) et "le plan de relance en préparation soutiendront nos entreprises pendant la crise et permettront un rebond en 2021", a-t-il ajouté, soulignant que la France possédait "tous les atouts pour sortir plus forte de la crise".
L'estimation du FMI est également plus sombre que celle de la Banque de France, qui anticipe un plongeon du PIB d'environ 10% cette année, malgré la reprise "progressive" de l'activité à partir du troisième trimestre.
Dégringolade en 2020 puis rebond en 2021
A l'heure actuelle, la situation s'est déjà nettement améliorée dans l'industrie où les fermetures d'usines sont désormais rares, et dans le bâtiment, où les chantiers ont repris. Elle reste toutefois plus contrastée dans les services, où certains secteurs viennent tout juste de reprendre leur activité, comme la restauration, les cinémas ou les salles de sport.
L'avenir de la reprise dépendra notamment de l'impact et de la durée des protocoles sanitaires dans les entreprises, des comportements de consommation et d'investissement des ménages et des entreprises, ainsi que du contexte international, selon l'Insee, qui n'a pas publié de prévision annuelle sur l'ampleur de la récession.
La reprise de la consommation des ménages sera particulièrement déterminante puisque la crise sanitaire a surtout provoqué un arrêt de la demande. Pendant le confinement, en France, comme ailleurs, les ménages ont effectué principalement des achats de produits de première nécessité (alimentaire et hygiène), délaissant vêtements, meubles ou encore véhicules.
De façon générale, à travers le monde, "la consommation devrait se renforcer progressivement l'an prochain", tout comme l'investissement qui devrait cependant "rester modéré", prédit le FMI dans son rapport.
Dans ces conditions, après une récession très forte attendue en 2020, l'institution anticipe pour la France un rebond de la croissance de 7,3% en 2021, un chiffre en amélioration de 2,8 points par rapport à sa précédente estimation datée d'avril et proche de celui attendu par la Banque de France (7%).
Il s'agirait de l'une des plus fortes croissances parmi les pays développés. La France se place ainsi devant les États-Unis (+4,5%), l'Allemagne (+5,4%) ou encore l'Italie (+6,3%) et l'Espagne (+6,3%), selon les prévisions du FMI.
Toutefois, "ce fort rebond apparent ne permettrait pas de retrouver le niveau d'activité de fin 2019 avant mi-2022", a déjà prévenu la banque centrale française.