Dans une étude publiée lundi, le Céreq note que les salariés les moins qualifiés "formulent plus souvent que les catégories plus qualifiées le souhait de changer de métier", mais "ils accèdent moins à la formation, et ont plus de difficultés à réaliser leur projet de reconversion".
La crise sanitaire, de ce point de vue, a agi comme "un catalyseur des freins, déjà connus, à la reconversion". "En renforçant les situations d'incertitude et de liens sociaux distendus, la crise a rendu encore plus difficiles la concrétisation et la réalisation des projets", estime le Céreq.
L'étude s'appuie sur les données issues de l'enquête Impact (Impact de la crise sanitaire sur les Mobilités, les Projets, les Aspirations professionnelles, les Compétences et le Travail), réalisée par le Céreq entre mars et mai 2021.
Selon elle, 17% des salariés projetaient de changer de métier en 2020-2021, 23% de changer d'entreprise, les deux allant souvent de pair. De plus, 40% des salariés projetaient de se former. Mais "pour près des deux-tiers des salariés ayant un projet plus ou moins défini, la crise a eu des effets, plus souvent négatifs que favorables", constate le Céreq.
"Entre renoncer et poursuivre coûte que coûte": un volet plus qualitatif de l'enquête a permis d'identifier "quatre situations-types".
La crise a pu être un frein à la reconversion, renforçant la primauté donnée à "la sécurité de l'emploi en regard de la réalisation de projets de reconversion professionnelle jugés hasardeux".
Elle a pu entraîner un report avec la "mise en attente" du projet "du fait de l'instabilité limitant à court terme les perspectives d'évolution professionnelle".
La crise a pu être perçue comme une "opportunité" avec davantage de disponibilité liée au chômage partiel, le temps libre dégagé devenant "un facilitateur d'accès à la formation".
Enfin, elle a pu permettre la poursuite du projet : "la période du confinement a été mise à profit pour finaliser la formation", même si "le passage brutal des cours en distanciel a aussi été un facteur de déstabilisation".