Au deuxième trimestre, 95.500 logements ont commencé à être construits en France et 112.600 permis ont été délivrés pour de futurs logements, a annoncé jeudi le gouvernement.
La progression est énorme par rapport à un an plus tôt. Les deux chiffres représentent respectivement des bonds de deux tiers et d'un tiers. Mais la comparaison est faussée par le contexte bien particulier du printemps 2020.
En plein premier confinement, le plus strict, face à l'épidémie de Covid-19, les chantiers étaient largement tombés à l'arrêt et les mairies avaient souvent cessé d'examiner les permis.
Où en est-on par rapport à l'avant-crise, alors qu'une construction soutenue de logements est une condition essentielle à une offre suffisante et, donc, pour que les prix n'explosent pas?
Globalement, au même niveau. Au deuxième trimestre 2019, les logements commencés et les permis de construire étaient très légèrement inférieurs à leur niveau des derniers mois. Les effets de la crise du Covid-19 sont donc, pour l'heure, dissipés.
Pourtant, "la construction (...) ne reprend pas assez vite", prévenait encore mercredi la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, sur CNews. "On manque de logements en France."
Les chiffres de jeudi, dans la tendance des derniers mois, ne changent pas la donne. Ils restent bas par rapport aux niveaux enregistrés au milieu des années 2010.
Ils sont loin de répondre à la croissance de la population même s'il est difficile de donner un objectif de construction qui ait un sens au niveau de toute la France, étant donné les situations très différentes du marché du logement entre grandes et plus petites villes, voire d'une métropole à une autre.
Un maire à la rescousse
De plus, la reprise de la construction est très inégale, selon les types de logements. Les maisons sont en plein essor, alors que les immeubles sont en net déclin.
Cette tendance ne va pas dans le sens du gouvernement qui cherche à éviter l'"artificialisation" des sols, un immeuble permettant de faire tenir bien plus de logements qu'une maison sur la même surface.
"On a besoin de (ne) pas trop étaler la ville", a prévenu Mme Wargon.
Pourquoi ne construit-on pas plus de logements et, notamment, d'immeubles, alors que les besoins et la demande sont là? Pour le gouvernement et les professionnels, ce sont les maires qui sont trop frileux depuis des années.
Nombre de promoteurs jugent que les dernières élections municipales, en 2020, ont amplifié la tendance. Beaucoup de maires ont été élus sur un programme opposé à la "bétonnisation". Certains, comme à Bordeaux, appartiennent au camp écologiste, mais ces discours se retrouvent largement ailleurs, notamment chez des élus de droite.
Que faire? Le gouvernement essaie déjà d'encourager les maires: il a mis de côté 350 millions d'euros pour récompenser d'ici à la fin 2021 les municipalités les plus volontaristes.
Pour aller plus loin, il a aussi demandé cette année à un maire, François Rebsamen, de se pencher sur la question. L'élu socialiste de Dijon, qui doit rendre ses conclusions définitives, a d'ores et déjà pris un ton offensif.
"Allons même jusqu'à culpabiliser les gens bien logés et les élus anti-construction", déclarait-il la semaine dernière au Monde.
Mais, au vu des premières pistes données par le maire de Dijon, un changement de philosophie n'est pas à l'ordre du jour, l'idée restant de manier les incitations plutôt que les sanctions.
M. Rebsamen propose notamment que l'Etat rembourse très largement aux mairies les taxes foncières dont elles sont parfois privées. C'est le cas pour les bailleurs HLM, qui en sont exonérés pendant des années.