Le géant asiatique, qui affichait dans les années 1990 et 2000 des taux de croissance faramineux, s'est fixé la semaine dernière à l'ouverture du Parlement un objectif bien plus modeste pour 2024, à "environ 5%".
Le gouvernement n'a pas caché l'ampleur des défis auxquels le pays est confronté.
Il a admis que cet objectif de croissance de 5% ne sera "pas facile" à atteindre et que des "risques économiques latents" dans certains secteurs continuaient de tirer l'économie vers le bas. Sans toutefois annoncer de plan détaillant les moyens de résoudre les problèmes.
Les députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP), réunis lundi à huis clos pour de nouvelles délibérations, ont formellement voté plusieurs projets de loi lors d'une session de clôture dans l'après-midi.
Parmi les textes votés figure notamment une révision de la loi organique (la loi organisant les pouvoirs administratifs) qui, selon des médias d'Etat, vise notamment à confirmer plus formellement - si besoin était - le contrôle du Parti communiste au pouvoir sur le gouvernement.
Seuls quelques députés se sont abstenus ou ont voté contre.
Pluie d'éloges
La quasi-totalité des quelque 3.000 députés ont également validé le budget de l'État ainsi que le plan de développement économique et social pour cette année.
Venus spécialement à Pékin pour la session parlementaire, nombre d'entre eux n'ont pas été avares en commentaires dithyrambiques.
Ling Youshi, représentante du territoire semi-autonome de Hong Kong, a ainsi salué "le degré de méticulosité des délibérations".
La session parlementaire "encourage à aller de l'avant avec courage", a renchéri devant la presse Lü Caixia, une déléguée de la riche province côtière du Jiangsu (est).
Le gouvernement a "une bonne compréhension de la réalité" du terrain, a pour sa part insisté auprès de l'AFP Li Dexiang, député du Guizhou (sud-ouest), une province montagneuse et encore peu développée.
Plusieurs ministres ont appelé durant le week-end à faire plus pour relancer l'emploi et stabiliser un marché immobilier en crise, avec des prix qui chutent depuis de très nombreux mois et des promoteurs luttant pour leur survie.
"La pression globale sur l'emploi n'a pas diminué et il reste des contradictions structurelles à résoudre", a souligné samedi lors d'une conférence de presse Wang Xiaoping, ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale.
"Une partie des travailleurs est confrontée à des défis et à des problèmes en matière d'emploi, et des efforts supplémentaires doivent être déployés pour stabiliser l'emploi", a-t-elle ajouté.
"Très difficile"
Le ministre du Logement, Ni Hong, a lui reconnu que stabiliser le marché immobilier demeurait une tâche "encore très difficile".
Au-delà de ces appels, de nombreux analystes économiques disent n'avoir pour l'instant pas encore constaté l'annonce de mesures gouvernementales décisives.
"Pour relancer l'économie, il faut augmenter le patrimoine et le revenu des ménages, ce que les dirigeants chinois ne sont manifestement pas encore prêts à faire" pour des raisons notamment de finances publiques, ont commenté dans une note les analystes du cabinet Trivium, basé en Chine.
Les autorités ont annoncé la semaine dernière, à la surprise générale, que la conférence de presse du Premier ministre, événement incontournable organisé à la fin de chaque session parlementaire depuis les années 1990, n'aura finalement plus lieu.
Le rendez-vous, certes très orchestré, était pourtant une occasion pour la presse chinoise et internationale de poser des questions au chef du gouvernement et numéro deux de la hiérarchie communiste, traditionnellement chargé des questions économiques.
Preuve de la sensibilité du sujet: le mot-dièse (hashtag) évoquant l'annulation de la conférence de presse a été rapidement retiré des résultats de recherche sur le réseau social Weibo.
Les responsables parlementaires ont également appelé durant cette session à voter en 2024 de nouvelles lois relatives à la sécurité afin de "sauvegarder" la "souveraineté", qui dans la pratique vont permettre de renforcer l'autorité absolue du Parti communiste.