En juin dernier, la banque centrale française tablait sur une progression du produit intérieur brut (PIB) de 5,75%, mais depuis, la France a enregistré "un rebond un peu plus fort qu'anticipé à la fin du premier semestre", estime-t-elle dans ses projections macroéconomiques sur la période 2021-2023.
"L'économie française retrouverait plus rapidement son niveau pré-crise, au quatrième trimestre 2021", plutôt que début 2022 comme anticipé lors des dernières prévisions publiées en juin, a souligné Olivier Garnier, directeur général de la banque de France, lors d'une conférence de presse.
La semaine dernière, l'Insee avait fait le même constat, y voyant notamment le succès de la vaccination qui a permis de lever la plupart des restrictions sanitaires, et avait relevé à 6,25% sa prévision de croissance pour 2021, contre 6% auparavant.
Le gouvernement reste lui sur sa prévision de 6%, a annoncé jeudi dernier le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, confirmant également son scénario d'une croissance de 4% en 2022.
La Banque de France prévoit l'an prochain une progression de 3,7% du PIB, puis de 1,9% en 2023, soit un peu moins que ce qu'elle anticipait en juin dernier.
"Fin 2023, on revient au même point (que ce qui était anticipé jusqu'ici). Donc on remonte plus tôt, plutôt que plus fort", a résumé Olivier Garnier.
"A l'horizon de ces projections, on rentre dans une nouvelle phase de croissance", davantage "dépendante des moteurs plus structurels de la croissance", après le "rebond un peu mécanique" du fait de la récession record de 8% enregistrée en 2020, a-t-il précisé.
Un enjeu auquel le gouvernement espère répondre avec son futur plan d'investissement dans les technologies d'avenir et son plan dans les compétences.
Car l'emploi s'est redressé beaucoup plus rapidement que prévu depuis le début de l'année, retrouvant son niveau d'avant-crise dès le deuxième trimestre.
La banque centrale a ainsi nettement relevé ses anticipations de créations nettes d'emplois, désormais attendues à 289.000 en 2021 (au lieu de 163.000 précédemment), puis encore à 142.000 en 2022.
Malgré tout, le taux de chômage devrait stagner sur la période autour de 8,1%, car avec le retour des demandeurs d'emploi sur le marché du travail, la population active va croître plus vite que les créations d'emplois.
Rebond de la consommation
"La bonne nouvelle c'est que les ménages et les entreprises abordent cette nouvelle phase avec une situation financière qui dans l'ensemble est favorable", grâce aux mesures de soutien des pouvoirs publics.
Du côté des ménages, le pouvoir d'achat croîtrait de 3% sur la période 2021-2023, avec un surplus d'épargne autour de 170 milliards d'euros fin 2021, qui refluerait ensuite progressivement mais resterait à un niveau élevé de 120 milliards d'euros en 2023, selon le scénario de la Banque de France.
Au total, la consommation des ménages devrait rebondir de 4,3% cette année, puis croître encore de 6,5% en 2022.
Du côté des entreprises, la trésorerie est globalement au beau fixe, et leur taux de marge rebondirait en 2021 puis se maintiendrait à un niveau élevé, souligne la banque centrale.
De quoi tirer leurs investissements, qui ont déjà plutôt bien résisté durant la crise. Mais la Banque de France insiste sur un "point d'attention": les difficultés d'approvisionnement, relevé par un nombre croissant d'entreprises.
En matière d'inflation, l'institution monétaire confirme que la remontée attendue du niveau des prix devrait être "temporaire", légèrement au-dessus de 2% d'ici à la fin de l'année, même si elle pointe des risques de hausse plus durable en cas de relèvement des salaires et de tensions persistantes sur les matières premières industrielles et alimentaires.