L'Etat doit "assumer son rôle" dans la gouvernance de la protection sociale, affirme Olivier Dussopt

L'Etat doit "assumer son rôle dans la gouvernance" de la protection sociale en France, que ce soit sur l'assurance chômage ou les retraites complémentaires, a estimé jeudi 16 novembre le ministre du Travail.

Le modèle de protection sociale français, qui reposait historiquement sur "la cotisation salariale et patronale", a été remis en question par "l'internationalisation de l'économie et le +mur de la compétitivité+", selon Olivier Dussopt, qui s'exprimait à Rennes à l'occasion du congrès de la CFTC.

"Pour tenir notre rang dans la compétition économique mondiale, notre pays a mené depuis longtemps des politiques d'exonération de cotisation", a ajouté le ministre.

Par conséquent, "la part fiscale du financement de la protection sociale s'est accrue au fil des années" et les actifs doivent financer un nombre grandissant de retraités. Le ministre juge que cela oblige à "repenser le paritarisme, notre dialogue social et le rôle de l'Etat dans la gouvernance".

"L'Etat doit assumer son rôle dans la gouvernance plutôt qu'être l'éléphant dans la pièce", selon le ministre.

Durant les négociations entre partenaires sociaux sur l'assurance chômage achevées le 10 novembre, le représentant de la CGT Denis Gravouil avait justement qualifié le gouvernement d'"éléphant dans la pièce" --pas présent dans ces discussions mais consulté par certains négociateurs.

L'accord sur l'assurance chômage doit encore être validé par le gouvernement, qui avait au préalable fixé un cadre très contraint aux partenaires sociaux.

"Si le gouvernement agrée" l'accord, "c'est qu'il respecte les partenaires sociaux. S'il ne le fait pas, c'est qu'il a une autre vision, et là on rentrera dans un autre débat", a prévenu jeudi sur BFM Business la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon. Le cadre très contraint fixé par le gouvernement révèle "un manque de confiance" dans les partenaires sociaux, selon elle.

Sur les retraites complémentaires, l'Etat a voulu imposer une ponction obligatoire sur les recettes du régime Agirc-Arrco des salariés du secteur privé au profit du régime obligatoire. Il a finalement laissé la main aux partenaires sociaux pour qu'ils mettent en place eux-mêmes une contribution destinée à améliorer les plus petites retraites.