Cette vision, produite par l’agence d’architecture PCA-STREAM, propose trois grandes pistes, à la fois ambitieuses et réalistes en termes de temporalité et de faisabilité, pour une ville durable, inclusive et désirable, adaptée aux grand enjeux du 21e siècle :
- Recréer la promenade plantée historique, qui s’étendra au total sur plus de 6 kilomètres du Louvre à La Défense : en la végétalisant pour la rafraîchir ; en réaménageant la sortie du tunnel de l’Étoile et en le coiffant d’un belvédère ; en piétonnisant les contre-allées ; en les ponctuant de kiosques et de nouveaux usages (salons végétaux, restauration, services).
- Reconnecter l’Avenue et le Bois de Boulogne, en recréant une porte symbolique, en aménageant un cheminement ponctué de kiosques, de jeux pour enfants et d’un grand belvédère.
- Créer le temple des nouvelles mobilités qui n’existe pas à Paris, en installant une méga-station vélo sous le parvis du Palais des Congrès, une école-vélo et des services de location côté Square Parodi, et tout au long de l’Avenue, qui était il y a un siècle l’Avenue des Cycles et le lieu de la première piste cyclable de France.
L’Avenue de la Grande Armée sera ainsi le dernier segment de l’Axe majeur de Paris (dont elle est le maillon central) à engager une transformation, après les projets déjà lancés des Champs-Élysées, de la Porte Maillot, des Allées de Neuilly et du Parc de La Défense. L’étude s’inscrit dans le prolongement du projet « Réenchanter les Champs-Élysées », dont le périmètre d’étude a été étendu officiellement à l’Avenue de la Grande Armée par Anne Hidalgo en mai 2022.
La méthode est celle d’une étude portée par un groupement d’acteurs privés (grands propriétaires, locataires, utilisateurs…), avec le soutien des élus, s’appuyant sur une large consultation des parties prenantes et sur l'utilisation scientifique de données pour objectiver l’état du territoire.
L’équipe a ainsi réalisé plus de 100 entretiens auprès de différents types d’acteurs (élus et institutionnels, conseils de quartier et habitants, entreprises et investisseurs, commerçants, opérateurs) et mené plusieurs ateliers de travail collectifs, pour remonter les idées et les besoins des parties prenantes, et en synthétiser une vision qui fasse l’objet d’un consensus fort. La « Vision Grande Armée 2030 » une fois remise à la Ville de Paris, devra être étayée par des études techniques complémentaires, à l’instar de celles qui sont en cours sur les Champs-Élysées.
Le maillon central de l'axe majeur n'a connu aucun grand réaménagement depuis un siècle
L’Avenue de la Grande Armée est le segment central de l’Axe majeur de Paris, une perspective continue de plus de 8 kilomètres, dessinée par André Le Nôtre en 1666, et dont le patrimoine architectural raconte les quatre derniers siècles de notre histoire. Il est rythmé aujourd’hui par une succession de monuments mythiques, du Louvre à l’Arche de La Défense en passant par l’Obélisque et l’Arc de Triomphe, tous mis en valeur par une topographie singulière (la colline de l’Étoile et la Seine aux deux extrémités).
L’Axe majeur concentre de façon exceptionnelle les lieux de rayonnement français :
- Le rayonnement politique : Présidence de la République, Hôtel de Ville, mairies, institutions publiques, ambassades américaines et britanniques…
- Le rayonnement économique : La Défense, plus grand quartier d’affaires européen, le Palais des Congrès de Paris, 40 % des sièges du CAC 40.
- Le rayonnement culturel : le Louvre, l’Orangerie, le Grand Palais, le Petit Palais, le Palais de la découverte, les 70 œuvres exposées en plein air à La Défense, La Paris La Défense Arena, plus grande salle de spectacle d’Europe…
C’est enfin une infrastructure, à la fois routière (au trafic comparable à celui des Champs-Élysées), et de transports en commun (bientôt plus de 2 millions de passagers par jour, avec l’arrivée de la nouvelle gare Éole Porte Maillot).
Mais l’Axe majeur n’est plus un axe homogène et continu. À partir des années 1960, avec l’avènement de l’automobile, il a été fractionné en cinq segments, séparés chacun par quatre « échangeurs routiers » que sont le Pont de Neuilly, la Porte Maillot, les places de l’Étoile et de la Concorde. Autant de verrous difficilement franchissables à pied.
Depuis une décennie, tout change, et l’Axe connaît un bouleversement rapide, avec une densité de projets de réaménagement sans précédent. À Neuilly, d’abord, où le maire Jean-Christophe Fromantin a lancé une réflexion visionnaire sur l’Axe majeur, aidé par des architectes de renom, dont Sir Norman Foster et Renzo Piano. Un prélude à la transformation de l’Avenue Charles de Gaulle en Allées de Neuilly d’ici fin 2024, et à la reconfiguration de la Porte Maillot d’un rond-point automobile en un axe, qui a permis de retrouver la perspective historique. Paris La Défense, de son côté, a lancé un vaste réaménagement de son parvis, avec la création de nouveaux lieux de vie mixtes (Oxygen, Table Square) la transformation de l’esplanade en un parc de 5 hectares, dessiné par Michel Desvignes, attendu pour 2026. Les Champs-Élysées, eux, feront l’objet d’une transformation en deux temps, comme l’a annoncé publiquement la Maire de Paris Anne Hidalgo en mai 2022 : avant les Jeux olympiques (embellissement de l’avenue et des jardins, élargissement de l’anneau de l’Arc de Triomphe), et après les Jeux (réaménagement ambitieux du haut et du bas de l’avenue, ainsi que des jardins, et de la place de la Concorde), d’ici 2030.
Au centre de cet Axe majeur, l’Avenue de la Grande Armée est le seul segment à n’avoir connu aucun réaménagement depuis près d’un siècle.