M. Castelain (sans étiquette), ainsi qu'un ex-vice-président de l'institution, Henri Ségard, ont été mis en examen pour "trafic d'influence passif et complicité de favoritisme" par le juge Jean-Michel Gentil, et placés sous contrôle judiciaire.
Deux autres anciens dirigeants d'Eiffage ont également été mis en examen pour "trafic d'influence actif". De source proche de l'enquête, il s'agit de Jean-Luc Vergin (ex-directeur régional) et Alain Létard.
Les quatre hommes ont été placés sous contrôle judiciaire, avec un cautionnement de 50.000 euros.
Ils avaient tous été placés en garde à vue lundi dans les locaux de la PJ de Lille, en charge de l'enquête. Une cinquième personne, gérante d'une société d'études, a été remise en liberté à l'issue de cette garde à vue.
De source proche de l'enquête, il est reproché à MM. Castelain et Ségard d'avoir été invités par Eiffage à deux évènements sportifs à l'étranger, un match de football de l'équipe de France à l'Euro 2008 en Suisse et le Grand Prix de Hongrie de F1 en août 2010. En outre, les enquêteurs s'intéressent à la livraison gratuite selon eux, via Eiffage, de pierres pour la construction d'une terrasse au domicile de M. Castelain.
Les chefs de mise en examen de "trafic d'influence passif" et de "complicité de favoritisme" laissent penser que les deux élus sont soupçonnés d'avoir accepté des avantages après avoir soutenu la candidature d'Eiffage.
L'avocate de M. Castelain, Florence Rault, qui avait annoncé la mise en examen de son client pour "corruption et favoritisme", a cependant rejeté ces soupçons auprès de l'AFP. "M. Castelain a payé son voyage en Suisse. Il avait la facture chez lui, et les policiers l'ont retrouvée lorsqu'ils sont allés perquisitionner à son domicile lundi. De même, il a payé ses travaux de terrassement, la facture a elle aussi été retrouvée! Quant au voyage en Hongrie, il était invité par un couple d'amis n'ayant aucun rapport avec Eiffage", a-t-elle affirmé.
A ses yeux, "à l'époque de l'attribution du marché, M. Castelain n'était qu'un des très nombreux élus communautaires, il n'était pas aux commandes de la MEL!". En 2008, M. Castelain était l'un des vice-présidents, en charge de l'écologie urbaine.
Le projet du Grand Stade de Lille inauguré à l'été 2012, avait été développé sous les présidences successives à la Communauté urbaine de Lille (Ex-MEL) de Pierre Mauroy (jusqu'en 2008), puis Martine Aubry, à qui M.Castelain a succédé en 2014 et qui n'a encore jamais été entendue dans ce dossier.
L'enceinte ultramoderne de 50.283 places héberge principalement les matches à domicile du LOSC, club de football de Lille, et a accueilli des matches de l'Euro-2016
Une information judiciaire avait été ouverte fin 2012 sur les conditions d'attribution du chantier à Eiffage, à la suite d'une plainte déposée en décembre 2010 par Eric Darques, ex-élu (RPF) de Lambersart (Nord).
Eiffage, auteur d'une offre de 314 millions d'euros, avait fait "l'offre économiquement la plus avantageuse", même si elle n'était "pas la moins onéreuse". Le groupe était en concurrence avec le consortium Norpac-Bouygues, qui proposait un projet à 268,5 millions d'euros et avec Vinci et son projet à 324 millions d'euros, selon la MEL.
Dans un communiqué, le groupe Métropole Passions Communes (MPC), qui regroupe des maires de petites communes de la MEL et dont M. Castelain est président, a renouvelé "à l'unanimité son soutien à son président, ne doutant à aucun moment de son intégrité".
"À ce stade, nous souhaitons que la présomption d'innocence s'applique à notre Président comme à tout autre français et qu'elle soit respectée par tous. Damien Castelain est un homme courageux, sincère, honnête consacrant sa vie politique au service de l'intérêt général", ajoute le MPC.