Le groupe italien a annoncé la signature d'un accord de cession d'ici fin 2019 avec Energean Oil and Gas, société cotée à Londres et essentiellement active dans la zone méditerranéenne. Très présent dans l'offshore au large d'Israël, Energean était très intéressé par les actifs égyptiens d'Edison.
"Le prix de la transaction se base sur une valeur d'entreprise de 750 millions de dollars, avec une contrepartie supplémentaire de 100 millions de dollars conditionnée à la mise en service du projet gazier Cassiopea en Italie. Edison bénéficiera également de redevances liées à d'autres projets potentiels en Egypte, portant ainsi la valeur totale de la transaction à 1 milliard de dollars", a indiqué Edison dans son communiqué.
"Cette décision n'est pas surprenante", analyse Jacques Percebois, membre de l'Association des Économistes de l'Energie. "Tous les électriciens abandonnent les fossiles, y compris le gaz, qui il y a quelques années encore paraissait être une solution de transition".
Troisième producteur italien d'électricité derrière Enel et Eni, Edison a donc choisi de se recentrer sur son marché intérieur.
Au 31 décembre 2018, sa filiale dans les hydrocarbures exploitait environ 90 permis dans neuf pays nordiques et méditerranéens et sa capacité de production atteignait 49.000 barils par jour, l'Egypte représentant plus de la moitié de ses revenus.
L'activité pétrolière et gazière employait 282 personnes au 30 juin, auxquelles l'acquéreur s'est engagé à apporter des "protections".
"Le prix croissant de la tonne de carbone sur le marché des quotas, mais aussi les normes en vigueur, vont pénaliser de plus en plus le charbon et même le gaz", poursuit M. Percebois.
Ajouté à la demande croissante pour les énergies propres, cela conduit les producteurs d'électricité européens à revoir leur stratégie dans les énergies fossiles.
Engie a ainsi cédé son activité au britannique Neptune Energy pour 4,7 milliards d'euros en 2017, tandis que l'allemand RWE a vendu sa filiale en 2015.
Edison sur les traces d'Enel
Mi-juin, Edison avait déjà annoncé l'achat de 265 mégawatts d'actifs dans l'éolien pour 172,9 millions d'euros auprès de sa maison-mère EDF afin de devenir le numéro deux du secteur en Italie, ainsi que 77 mégawatts dans le solaire.
Fondée il y a 135 ans, Edison contrôle 91 centrales électriques, 45 fermes éoliennes et 65 usines photovoltaïques et sa capacité totale de production d'électricité atteint 6,4 GW.
Dans les énergies vertes, dont Edison souhaite que la part de production atteigne 40% de sa production totale d'ici 2030, elle produit 1.900 mégawatts.
"Les ressources financières provenant de cette vente vont soutenir le plan de développement stratégique d'Edison qui fait la part belle à des investissements significatifs en Italie sur la période 2019-2021", poursuit l'électricien italien.
"Cette période de trois ans va être principalement consacrée à la production durable d'énergies renouvelables", est-il précisé.
"En Italie, où le gaz à un poids encore important, la tendance est de l'abandonner progressivement au profit des renouvelables (éolien, solaire, biomasse). C'est une tendance lourde car on fait le pari d'une pénétration croissante d'une électricité de plus en plus décarbonée", complète le professeur d'économie.
En agissant ainsi, Edison marche désormais dans les pas d'Enel.
Le géant local de l'énergie, détenu à 23,6% par l'Etat italien, consacre ainsi 42% de ses investissements aux énergies renouvelables et prévoit qu'en 2021 62% de l'énergie qu'il génèrera sera à zéro émission de carbone, contre quelque 50% en 2018.
Récemment le groupe a annoncé la cession de la centrale au charbon de Reftinskaya (centre de la Russie) au groupe JSC Kuzbassenergo.