Les huit organisations syndicales et patronales qui gèrent l'assurance chômage se retrouveront au siège de l'Unédic pour entamer leurs discussions sur une nouvelle convention.
À la surprise générale, Emmanuel Macron a en effet demandé cet été de rouvrir ce chantier alors même qu'une réforme, revoyant certaines règles sur les démissionnaires notamment, était adoptée dans le même temps au Parlement.
La dernière convention d'assurance chômage est entrée en vigueur il y a tout juste un an.
C'est sur la base de la lettre de cadrage divulguée fin septembre par le gouvernement que les partenaires sociaux doivent s'accorder, avec comme principal objectif de trouver entre 3 et 3,9 milliards d'euros d'économies sur trois ans.
Première difficulté: tous les syndicats ont dénoncé une équation "strictement budgétaire" et mis en avant l'effort déjà engagé lors de la dernière convention (800 millions d'euros d'économies par an).
"L'approche qui est celle du gouvernement, qui est une approche budgétaire, ce n'est pas la clé d'entrée de la CFDT", a rappelé le secrétaire général de la centrale réformiste, Laurent Berger, lundi sur LCI.
La CFDT et FO n'ont pas caché qu'elles comptaient s'écarter de cette feuille de route. Mais l'État, qui met en avant un financement opéré désormais pour partie via l'impôt (CSG) au lieu des cotisations sociales salariales, a plus que jamais son mot à dire.
À tel point que certains syndicats alertent depuis des mois sur l'avenir même du paritarisme. A l'instar de FO, qui craint que si les partenaires sociaux n'arrivent pas "jusqu'au bout" de cette négociation, il s'agisse de la "dernière négociation Unédic".
Scepticisme
En coulisses, l'heure est au scepticisme sur la possibilité d'un accord. Et quoi qu'il en soit, l'État reprendra la main au final.
Le gouvernement affiche de son côté plusieurs objectifs: accélérer le retour à l'emploi, réduire la précarité mais aussi alléger la dette de l'Unédic, qui culmine à 35 milliards d'euros.
Il faut dire que l'objectif de 7% de chômage fixé par Emmanuel Macron pendant sa campagne est encore éloigné. L'Insee pointait fin octobre une décrue du chômage très lente, avec un taux à 8,9% fin 2018 contre 9,1% fin juin.
Autre difficulté pour les partenaires sociaux: s'entendre sur un dispositif pour remédier à l'explosion des contrats courts alors qu'ils se déchirent de longue date sur la question.
Depuis plusieurs mois, l'exécutif souffle le chaud et le froid sur la promesse de campagne d'Emmanuel Macron d'instaurer un "bonus malus" pour les entreprises. Le terme n'est d'ailleurs pas repris dans la lettre de cadrage. "Ils ont intérêt à aboutir, sinon le gouvernement (le) mettra en place", assure un député LREM.
"Si l'État compte l'imposer, ce sera de force, car nous ne négocierons pas sur un tel dispositif", a encore dit le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dans un entretien au JDD paru dimanche dernier.
La CPME, qui a eu accès à un projet de "bonus malus" du gouvernement, le juge "mortifère" pour l'emploi et n'est pas non plus rassurée.
Depuis des mois, la CGT pense elle que le Medef a remporté la mise et qu'après toutes ces tergiversations, il n'y aura pas in fine de bonus malus.
Elle a par ailleurs alerté sur la perspective d'une révision du régime des intermittents du spectacle qui n'était pas officiellement au programme.
Les discussions porteront sur la question de "la permittence" en général, c'est-à-dire l'alternance entre emploi et chômage ainsi que le cumul possible entre allocation et salaire.
Ce "cumul allocation salaire" concerne plus de 800.000 personnes par mois en moyenne, et est accusé de freiner le retour à l'emploi durable. La question de la dégressivité des allocations, notamment pour les cadres, devrait elle aussi s'inviter à la table.
Les points de friction ne manqueront donc pas. Huit dates de réunion ont été calées jusqu'au 15 janvier, en dépit des Cassandre qui voient déjà des portes claquer avant même la fin décembre.