"Fin 2022 ou début 2023, 80% de la reconstruction aura été réalisée", a indiqué cette semaine le préfet délégué à la reconstruction de ces vallées de l'arrière pays-niçois, Xavier Pelletier.
Nommé quelques jours après la catastrophe, il est toujours à pied d'oeuvre aujourd'hui sur ce chantier titanesque et participera aux cérémonies de commémorations qui auront lieu dimanche, dans plusieurs des localités touchées.
"Quand on se souvient de l'ampleur des dégâts occasionnés par cette tempête, qui je le rappelle ont été considérés comme les plus importants qu'ait connus la France métropolitaine depuis 1945 (fin de la Deuxième Guerre mondiale), on se rend compte du travail exceptionnel réalisé", insiste-t-il auprès de l'AFP.
Après cette catastrophe consécutive à un "épisode méditerranéen" --phénomène régulier dans le Sud-Est de la France se traduisant par des pluies très fortes et très soudaines parfois accompagnées de grêle et de vents violents--, les dégâts sur les infrastructures publiques (routes, ponts...) avaient été estimés à 720 millions d'euros dans trois vallées de l'arrière-pays niçois, la Vésubie, la Tinée et la Roya, proche de l'Italie.
"Le restant des travaux sera réalisé dans les deux prochaines années", a précisé Xavier Pelletier, en indiquant que l'enveloppe de l'Etat s'élève au total à 615 millions d'euros. Si l'on ajoute les investissements réalisés par les collectivités locales, dont 215 millions d'euros à ce jour à la charge du département des Alpes-Maritimes, plus d'un milliard d'euros auront au final été engagés par les pouvoirs publics pour cette reconstruction hors normes.
"Miraculeux"
"Aujourd'hui, que ce soit en Vésubie ou en Roya, les travaux de reconstruction sont bien avancés, avec une mobilisation qui a été très forte et très efficace", reconnaît Eric Ciotti, conseiller départemental LR, tout en déplorant selon lui un retour aux "affres de la technocratie et du blocage français" sur certains chantiers.
Au total, quelque 250 bâtiments, représentant un total de 317 propriétaires, sont éligibles au fonds Barnier, un dispositif qui permet à l'Etat d'acquérir puis de détruire des bâtiments considérés en zone à risques, moyennant indemnisation de leur propriétaire au prix de la valeur vénale de leur bien avant la tempête.
"La moitié des acquisitions ont d'ores et déjà été réalisées, de même que 60% de la centaine de démolitions à effectuer", a indiqué le préfet Pelletier. Selon lui, les personnes ayant refusé d'entrer dans ce dispositif et qui doivent être expropriées se comptent sur "les doigts d'une main".
Dans certaines localités, comme à Fontan (environ 350 habitants), dans la Roya, le fonds Barnier a été utilisé non pour détruire mais pour "reconstruire en mode village Potemkine", note M. Pelletier. "Cela signifie que certains immeubles, sans qu'ils ne deviennent habitables pour autant, seront reconstruits à l'identique pour conforter les immeubles voisins et préserver l'esthétique", explique-t-il.
"C'est miraculeux ce qui été fait, les travaux ont été gigantesques, on circule maintenant normalement jusqu'à Nice ou Menton et nous allons même sauver la saison d'hiver avec le raccordement routier de la station de Casterino", un hameau longtemps resté uniquement accessible à pied, reconnaît le maire de Tende (2.200 habitants), Jean-Pierre Vassallo.
Quelques points noirs subsistent, estime-t-il néanmoins. "Il y a des travaux de confortement des berges qui tardent et cela empêche une cinquantaine de familles de Tende de disposer de leurs habitations qui avaient été frappées d'un arrêté d'évacuation", signale-t-il.
Le village de Tende va aussi devoir patienter encore un an avant la réouverture du tunnel routier vers l'Italie dont les travaux, à la charge des Italiens, sont toujours en cours. La réouverture de cet ouvrage, vital pour cette ville frontalière, est prévue en octobre 2023.