« En cette période de pandémie, le rôle de référent COVID-19 sur chantier préconisé dans le guide de l’OPPBTP prend toute son importance… Mais ne va pas assez loin. » Indique Patrick VRIGNON, Président de BTP Consultants
Un référent indépendant pour un système de management efficace
Pour plus d’efficacité dans sa mission, le référent COVID-19 doit faire vivre un système de management d’amélioration au sens propre du terme : établir des procédures, vérifier leur application, exploiter les écarts et mener les actions correctives associées.
Au-delà des préconisations du Guide du 10 Avril 2020, le rôle du référent COVID-19 devrait également consister à surveiller les situations de travail, établir les procédures à suivre, s’assurer qu’elles soient réalistes, contrôler leur application, mesurer et analyser les écarts, étudier le résultat de son travail, l'efficacité de ses méthodes, etc.
Une telle fonction doit impérativement être indépendante de la chaîne de production à l’image de ce qu’est le contrôle extérieur dans le domaine du suivi qualité. Faire appel à une tierce partie afin de privilégier la sécurité face au rendement et permettre ainsi d’éviter toute situation de doutes pouvant conduire à des arrêts de chantier. C’est pourquoi, il est essentiel que ce soit le Maître d’Ouvrage qui le désigne et à lui qu’il rapporte périodiquement.
Quand le secteur de la construction doit s’appuyer sur les pratiques industrielles
Sur la base de référentiels de management orientés santé et sécurité, le secteur de l'industrie s'assure de la capacité des sous-traitants à remplir les critères établis lorsqu'ils opèrent sur site. Ces référentiels permettent d'évaluer les pratiques en place et les résultats atteints par les sous-traitants impliqués. Les analyses montrent que les entreprises opérant sous ces référentiels ont 2 à 3 fois moins d'accident que la moyenne nationale, quel que soit leur corps de métier.
D'ailleurs, la plupart de ces entreprises reconnaissent que cela leur permet de mettre en place les bonnes manières de faire, de respecter les procédures, d'avoir des salariés formés en conséquence, de mettre les valeurs humaines au cœur de leur projet.
Comment faire changer des habitudes profondément ancrées ?
Le travail autour du Guide de l'OPPBTP a le mérite de définir des procédures, des règles ayant pour objectif de diffuser une culture de la discipline vis-à-vis du risque COVID-19. Certes c'est un travail préalable indispensable, mais pour les chantiers avec des risques de promiscuité importants, l'expérience montre que cela ne suffit pas. La multiplication des règles induit souvent une attitude de contournement par les acteurs et il peut exister un fossé entre ce qui est écrit et ce qui est vécu.
Il ne suffit donc pas de figer un cadre devant être respecté par chacun mais de faire s'approprier par tous une nouvelle manière de travailler ensemble. Responsabilité de chacun, qualité relationnelle qui donne confiance aux acteurs pour parler des sujets difficiles, intelligence collective qui permet de trouver des solutions aux problèmes au fur et à mesure qu'ils se présentent. On voit donc que faire appliquer le guide OPPBTP est, avant tout un sujet de management et sous-estimer la force des habitudes serait une profonde erreur.
Or, les habitudes du secteur du bâtiment, contrairement à d'autres secteurs exposés depuis longtemps aux risques sanitaires, s'appuie sur des règles du vivre ensemble très éloignées de ces nouvelles mesures dénombrées dans le guide. Faire évoluer les habitudes de travail sur chantier est donc un véritable projet de changement et doit être abordé en tant que tel.
« Nous entrons dans une longue période d'incertitudes ponctuée qui sait, de séquences de confinement et de déconfinement, de recul et de reprise de la vague épidémique. La seule certitude que nous devons rechercher collectivement, c'est celle de nous appuyer sur un dispositif garantissant la santé à tout moment de nos intervenants sur chantier. »