Cette rencontre dans "un format inhabituel" illustre la volonté du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, d'être "dans une écologie du contrat, pas une écologie de la contrainte".
"On ne contraint pas les Français, ça n'a jamais fonctionné", a-t-il dit en ouverture des travaux, devant une cinquantaine de représentants des différents acteurs.
La réunion fait notamment suite à une demande des secteurs concernés par l'augmentation progressive, jusqu'en 2030, des tarifs du gazole non routier (GNR)", a souligné Bercy.
L'Etat va en effet retirer petit à petit ses aides sur ce carburant fossile, dont le prix augmentera ainsi jusqu'à 2030 de 2,85 centimes d'euro par litre et par an pour les agriculteurs, et de 5,99 centimes d'euro par litre pour le bâtiment.
M. Le Maire avait promis, à l'occasion de la présentation du budget 2024, en septembre, que "chaque euro économisé" par l'Etat grâce à la réduction progressive de cet avantage fiscal serait mis à disposition des deux filières pour se décarboner.
Jeudi, le ministre a soutenu que la France était "un champion européen" des biocarburants, "dont elle consomme chaque année 36 térawattheures, l'équivalent de production de six centrales nucléaires". Le pays est premier producteur européen de bioéthanol et deuxième producteur de biogazole, selon M. Le Maire.
Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, ont également participé à la réunion.
"Modèle pour la transition"
Les ministres ont "notamment annoncé que les filières de l'agriculture, de la forêt et des engins lourds de chantier avaient été retenues parmi les filières prioritaires dans l'accès à long terme aux carburants issus de la biomasse", selon un communiqué de Bercy publié à l'issue de la réunion.
Courant 2024, la distribution du biocarburant diesel XTL sera par ailleurs "facilitée en levant les freins limitant actuellement sa commercialisation aux flottes professionnelles disposant d'une logistique dédiée", d'après Bercy.
"Nous créerons administrativement un nouveau carburant décarboné pour les usages non routiers, le +GNR XTL+", a déclaré Mme Pannier-Runacher.
Le dialogue initié jeudi se poursuivra dans les mois à venir, a signalé le ministère, via des "groupes de travail" impliquant les différents acteurs et l'Etat.
Pour M. Le Maire, "la méthode" de dialogue entre parties prenantes "doit servir de modèle pour la transition écologique (du) pays", "dans un temps en politique où les passions l'emportent sur la raison, et où la violence l'emporte sur la sérénité".
Il "vaut mieux prendre du temps" pour conclure des accords "que de faire des effets de manche et reculer à la fin", a soutenu le ministre, espérant voir imiter celui sur le GNR "pour d'autres filières et d'autres pratiques de décarbonation".
M. Fesneau pour sa part a estimé qu'il fallait "sortir de la concurrence parfois caricaturée entre débouchés alimentaires et non alimentaires" de l'agriculture. Il a relevé le défi que constitue le fait "de produire plus de biomasse sous plus de contraintes" à l'avenir.
Mme Pannier-Runacher a espéré qu'à terme les prix des solutions nouvelles, comme les biocarburants, "convergeront vers le bas" au moment où "ceux des énergies fossiles s'envoleront". "Les pays qui auront commencé les premiers" la transition "devraient s'en trouver renforcés en matière de compétitivité", a-elle estimé.