Des dizaines de disparus, des constructions aplaties à perte de vue, des enchevêtrements de gravats: six États américains ont été traversés par "l'une des séries de tornades les pires" de l'histoire du pays, a déploré le président américain Joe Biden, en qualifiant leurs ravages "d'inimaginable tragédie".
Déjà 78 décès ont été recensés mais le bilan pourrait s'alourdir: "Nous ne savons toujours pas combien de vies ont été perdues ni l'ampleur des dégâts", a relevé le président Biden sur les antennes nationales.
Les agences fédérales de réponse aux catastrophes ont commencé à être déployées sur place, a affirmé le chef de l'État, en promettant que "l'Etat fédéral ferait tout ce qu'il peut pour aider".
Le Kentucky, dans le centre-est du pays, a été particulièrement endeuillé par ce phénomène météorologique violent touchant particulièrement les immenses plaines américaines, colonnes noires balayant le sol, illuminées par des éclairs intermittents.
Après avoir annoncé "au moins 70 morts" dans son État, le gouverneur Andy Beshear a dit craindre que le bilan ne dépasse les 100 décès et même que ce "nombre monte de manière considérable". Il a appelé les habitants à donner leur sang, pour les blessés.
"Un tas d'allumettes"
"Les ravages sont incomparables avec quoi que ce soit que j'ai pu voir dans ma vie et j'ai du mal à trouver les mots pour les décrire", a-t-il ajouté.
Mayfield, une bourgade de 10.000 habitants, a été à l'épicentre de la catastrophe. Le coeur de la ville ressemble "à un tas d'allumettes", a affirmé la maire Kathy O'Nan sur la chaîne CNN.
"Les églises du centre ont été détruites, et le tribunal au coeur de la ville a été détruit", a-t-elle ajouté.
"C'est comme si une bombe avait explosé dans notre quartier", a raconté à l'AFP Alex Goodman, une habitante de Mayfield après une nuit éprouvante dans le noir et dans l'angoisse.
Partout dans la ville, des bâtiments ont été éventrés, du métal tordu, des véhicules renversés et des arbres et des briques éparpillés dans les rues.
Sur un parking du centre, des bénévoles étaient à pied d’œuvre pour collecter des articles de première nécessité destinés aux familles sinistrées, a constaté un journaliste de l'AFP.
Ils rassemblaient des vêtements chauds, des couches pour bébés et des bouteilles d'eau potable, alors que les réseaux de distribution d'eau et d'électricités ne sont plus opérationnels.
Des employés d'une fabrique de bougies y ont été piégés après que le toit a cédé sous la violence des vents. Cent-dix personnes étaient présentes lorsque la tempête a frappé. Une quarantaine de survivants ont pu être secourus.
Le Kentucky a notamment été balayé sur plus de 200 miles (320 kilomètres) par l'une des plus longues tornades jamais enregistrées aux États-Unis, selon son gouverneur. La plus longue qui ait été suivie au sol, sur 219 miles, se produisit en 1925 dans le Missouri, faisant 695 morts.
"On a eu une alerte à 9H30, on nous a dit que la tornade arrivait. C'est venu et c'est reparti comme ça, d'un coup" a raconté à l'AFP David Norseworthy, 69 ans, devant le porche détruit de sa maison à Mayfield. "On n'a jamais rien vu de tel dans le coin. Là où ça frappe, ça démolit tout".
Environ une trentaine de ces tempêtes ont déferlé vendredi soir et samedi matin sur le pays.
Hors du Kentucky au moins treize morts ont été recensés, dont six dans l'Illinois. Ces six victimes travaillaient de nuit dans un entrepôt Amazon, dont le toit s'est effondré. Sur les cent personnes présentes environ, seules quarante-cinq ont pu sortir, selon les pompiers. Les secouristes continuaient leurs recherches dimanche.
"Nous avons le cœur brisé par la perte de nos collègues là-bas, et nos pensées et prières vont à leurs familles et à leurs proches", a réagi sur Twitter le patron d'Amazon, Jeff Bezos.
Le Tennessee a recensé quatre décès, deux personnes sont mortes dans l'Arkansas, tandis qu'au moins un mort est à déplorer dans le Missouri.
Le président Biden a souligné que les phénomènes météorologiques étaient "plus intenses" avec le réchauffement de la planète, sans établir toutefois de lien de causalité directe entre le dérèglement climatique et la catastrophe qui a endeuillé le pays.