Cette action inaugurait la campagne "Super-profits, ultra-riches, méga-injustices" lancée par l'association qui milite pour la justice fiscale, sociale et écologique.
Cette fois, elle visait expressément Bernard Arnault, classé homme le plus riche du monde l'an dernier par Forbes, pour "dénoncer son enrichissement indécent et les cadeaux qui lui sont faits par les pouvoirs publics", a expliqué un membre d'Attac à l'AFP.
Les militants ont été évacués du toit vers 20h30, dans le plus grand calme.
Une vingtaine de motos de la Brav-M avaient notamment été dépêchés sur place.
Equipés de casques de chantier et de baudriers, ils avaient réussi à s'introduire dans l'échafaudage, dissimulé par une structure métallique cossue représentant une malle Vuitton logotée géante, couleur argent, avec le verrou en relief.
L'ouverture de l'hôtel, qui jouxte le magasin-phare de la marque, est prévue en 2026.
Malgré le vent, ils ont pu, en une grosse demi-heure, déployer l'intégralité des lettres T-A-X-R-I-C-H sur différentes banderoles, et une autre où figurait le mot "THE" et le logo d'Attac, pour composer le slogan final.
Pendant ce temps, plusieurs dizaines de militants d'Attac et d'autres associations - 350.org, Droit au logement, Solidaires Finances Publiques - ont manifesté dans le calme sur le trottoir d'en face, reprenant des slogans comme "Bernard, on veut tes milliards" ou "De l'argent il y en a dans les caisses du patronat".
Eux aussi ont été évacués calmement par la police qui les a reconduits au métro.
Sollicité pour un commentaire sur cette action, LVMH n'avait pas réagi en fin de soirée.
"Directement dans la loi"
Attac explique vouloir mettre "à juste contribution les ultra-riches et les multinationales et financer les urgences écologiques et sociales".
Pour sa nouvelle campagne, elle formule diverses propositions de nature à dégager "60 milliards d'euros pour les urgences écologiques et sociales", a expliqué à l'AFP la porte-parole Lou Chesné.
Celles-ci portent sur une modification de l'impôt sur les sociétés pour le faire porter sur l'ensemble des actifs du contribuable, ou un impôt sur la fortune rénové, ainsi que sur une réforme des droits de donation et de succession.
"Toutes ces mesures peuvent être intégrées directement dans la loi de Finances pour 2025, souligne Lou Chesné.
L'association déplore pour l'instant le projet gouvernemental de réduire de 12 milliards d'euros minimum les dépenses publiques en 2025, "touchant les dépenses sociales et celles de l'Etat", d'autant que vont s'y ajouter 10 milliards d'économies en 2024, annoncées dimanche dernier par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Attac a noté que son action de samedi n'avait entraîné "aucune dégradation durable".
Samedi matin, le mot d'ordre de ne pas recourir à la violence avait en effet été fermement passé aux futurs escaladeurs, qui s'étaient préparés méticuleusement à cette action techniquement compliquée sur un site industriel discret de banlieue.
Chacun semblait parfaitement assumer le risque juridique encouru, pour s'introduire de manière non autorisée sur un site privé.
"Je regrette qu'on risque ainsi des années de prison pour des actions symboliques", expliquait à l'AFP "Remrem", 32 ans, qui travaille dans l'événementiel.
"Au vu de l'impact" prévisible de l'action, il considérait cependant que le jeu en valait la chandelle.
Serge, 39 ans, qui se présente comme chercheur au CNRS, se disait habitué de la hauteur après avoir déjà filmé pour Attac, allongé sur un toit, une action visant TotalEnergies. Il est "important de réclamer des taxes sur les riches", jugeait-il, dénonçant "la catastrophe climatique en cours due à la volonté d'enrichissement d'une minorité".
L'an dernier, Attac s'était illustré dans le domaine écologique, avec d'autres organisations comme Extinction Rebellion ou Alternatiba, en visant les jets privés par des actions sur des aéroports.
Le mouvement avait aussi lancé les concerts de casseroles du printemps contre la réforme des retraites.