Avec le confinement, le trafic automobile s'est réduit comme peau de chagrin. Bogota, Berlin, Oakland, New York et d'autres en ont profité pour aménager des pistes cyclables provisoires, fermer des axes au trafic motorisé non résidentiel ou encourager leurs habitants à se déplacer en petite reine pour respecter la distanciation sociale.
Plusieurs agglomérations françaises veulent suivre leur exemple pour l'après-déconfinement.
"Les gens vont avoir psychologiquement du mal à s'agglutiner dans les trams, bus ou métros" par crainte de transmission du virus, relève Pierre Serne, président du Club des villes cyclables, une association de collectivités locales qui promeut l'usage du vélo.
Le recours à la voiture individuelle serait une mauvaise solution, créant une congestion des villes et relançant la pollution atmosphérique.
La pollution aux particules fines, issue notamment du trafic routier, augmente la mortalité liée au coronavirus, selon des chercheurs de l'université Harvard (États-Unis). D'autres se demandent si ces particules peuvent transporter le virus.
Espaces piétons et pistes cyclables
En région parisienne, où l'usage du vélo a bondi depuis la grève qui a paralysé les transports publics fin 2019, il serait possible "de passer de 400.000 à 800.000" personnes à vélo par jour, estime la présidente de la région Valérie Pécresse.
Pour y parvenir, elle travaille "avec le RER-vélo", un collectif d'associations qui a imaginé neuf lignes cyclables, jusqu'à Mantes-la-Jolie ou Melun, des villes situées à 50 km de la capitale. L'idée est d'"expertiser tout ce qu'on peut faire, très rapidement", explique Mme Pécresse.
Paris, qui a déjà multiplié les pistes cyclables, compte "favoriser les déplacements domicile-travail" à vélo après le déconfinement, indique l'adjoint à la mairie en charge des transports, Christophe Najdovski.
Cela passera par "des aménagements légers, peu coûteux, rapides à mettre en oeuvre, sécurisés et réversibles" sur la chaussée d'habitude réservée aux voitures et aux deux-roues motorisés, poursuit-il.
La métropole de Lyon (est) veut aménager "de nouveaux espaces piétons et de nouvelles pistes cyclables" avec des "modulations possibles en fonction des horaires", dit David Kimelfeld, président de la métropole.
Grenoble (est), Montpellier (sud) ou Rennes (ouest) prévoient aussi d'accélérer leurs plans vélo.
Concrètement, le centre d'études Cerema suggère de "réduire le nombre de voies motorisées", de quatre à deux par exemple, d'"élargir les aménagements cyclables existants" et de "modifier le plan de circulation".
L'enjeu ne concerne pas que les centres-villes mais aussi "des voiries plus interurbaines ou périurbaines", souligne Pierre Serne, qui prend l'exemple d'hôpitaux excentrés où des soignants vont travailler à vélo.
Pour la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), il est primordial d'installer ces pistes cyclables provisoires sur des axes entiers, pas seulement des tronçons isolés, de les accompagner de parkings à vélo provisoires et d'en installer qui suivent le tracé de lignes de métro.
"Il faut vraiment sécuriser les infrastructures" pour que les cyclistes se sentent en sécurité, insiste Olivier Schneider, président de la FUB, et pas seulement avec un simple marquage au sol.
Réparer les vieux vélos
Un autre enjeu est d'équiper les gens en vélos. En plus des primes existantes pour acheter des vélos électriques et des vélos cargo, la FUB défend l'idée d'un chèque de 100 euros pour "financer la remise en état de vélos" qui sommeillent aujourd'hui dans des caves ou de bourses à vélos d'occasion, dans le respect des gestes barrière.
Pourquoi ne pas rendre gratuits les systèmes de vélo en libre-service "et les étendre encore plus", suggère Joël Hazan, expert au Boston Consulting Group (BCG), pour qui le maintien du télétravail fait également partie de la solution.
En attendant, les déplacements à vélo sont autorisés pendant le confinement, sauf pour du sport, rappelle le président de la FUB. Il demande aux préfets qui ont fermé des pistes cyclables pendant le confinement de les rouvrir.