Tout cela est assez décevant à plus forte raison que ce sont l’ensemble des acteurs du BTP en passant par le financement et la promotion qui sont pénalisés.
D’autant plus que la crise que traverse l’investissement locatif est multiple. Tout d’abord, les effets de ressac de la pandémie se font sentir s’agissant du volume d’affaires. Après les difficultés pour acheminer les matières premières, les pénuries et les reports de calendrier, il a fallu terminer les chantiers mais les carnets de commandes se vident. Ensuite, l’épargne placée par les ménages depuis trois ans ne connaît pas de décollecte en faveur de l’immobilier. Ou si peu pour répondre à un éventuel besoin d’apport personnel en cas de crédit, lorsque cela est possible. Enfin, le dispositif ZAN souhaitant mettre un coup d’arrêt à l’artificialisation des sols fait redouter une contraction sévère des surfaces disponibles. Une loi aveugle en fait, au sens où, à la suite d’excès, des potentialités foncières ne pourront plus être exploitées. La “France moche” dont on parle désormais si souvent, avec ses zones commerciales en structures métalliques et ses parkings démesurés ne peut suffire à cadenasser toute une politique d’urbanisme. Quelques nuances seraient souhaitables en s'appuyant sur l’expérience des Régions par exemple.
Vision centrale de la propriété
Dès lors, on peut s'interroger sur la manière de répondre aux problèmes de logement des étudiants, au besoin en résidences séniors, à l’immobilier de centre-ville sans déplacements motorisés si nous nous concentrons uniquement sur l’ancien ? Notre pays va-t-il abandonner cette vision centrale de la propriété si appréciée de nos concitoyens. Nous ne le pensons pas car elle a toujours été un outil patrimonial, notamment pour la transmission entre générations. Mais aussi une aspiration légitime d’y accéder lorsque l’on est locataire.
Pourtant, l’immobilier locatif est estimé des Français et a une bonne image. En effet, selon une récente enquête réalisée par Louis Harris Interactive pour Maslow le 10 octobre dernier, elle révèle que 77% des sondés estiment qu’il s’agit d’une bonne manière d’investir son argent. Et dans une même proportion, de générer des revenus supplémentaires.
Cependant, l’accessibilité d’un tel investissement est largement discuté dans sa mise en pratique par les consommateurs qui estiment difficile de trouver un bien, le financer et le gérer. Par ailleurs, un tiers d’entre eux partagent même le sentiment que “l’investissement locatif est plus difficile à réaliser que l’achat de sa résidence principale”. C’est donc un vrai challenge auquel entend répondre la CNCEF Immobilier. Dans un marché qui vit actuellement une phase de transition et de mutation profonde, le grand public doit pouvoir s’appuyer et être accompagné par des professionnels de l’investissement immobilier, formés, qualifiés, expérimentés et respectant une démarche de conseil. Mais aussi en popularisant la profession de conseil en immobilier d’investissement patrimonial.
La question de l’emplacement
Outre la conjoncture et la complexité perçue de l’investissement locatif, les Français ont cependant une assez bonne perception de la localisation du logement dans lequel ils veulent investir. Un tiers privilégie le centre d’une grande ville ou d’une commune de taille moyenne, tenant compte des enjeux de mobilité et d’emplacement. Enfin, les enjeux climatiques pèsent dans la réflexion des investisseurs. Les critères énergétiques des logements actuellement sur le marché les retiennent d’investir dans d’autres biens en particulier le neuf. L’immobilier locatif a donc de grands enjeux devant lui que l’Etat devrait prendre en compte. Il en va de la dynamique d’un des fleurons de l’économie française et plus généralement d’une chaîne de valeurs qui souffre inutilement.
Tribune de Jean-Paul SERRATO, Président de la CNCEF Immobilier (Linkedin).