Souvent appelé Eole, le RER E relie actuellement Chelles et Tournan (Seine-et-Marne), dans la banlieue est, à la gare Saint-Lazare à Paris. Il s'agit de le prolonger jusqu'à Nanterre fin 2022, puis jusqu'à Mantes-la-Jolie (Yvelines) en 2024.
Complétant le RER A, cette ligne est-ouest desservira au passage le quartier d'affaires de La Défense, où a été baptisé le tunnelier, un gros bébé de 2.500 tonnes qui s'appelle désormais "Virginie" (le prénom de l'assistante du chef de projet). Long de 90 m et d'un diamètre de 11 m, ce tunnelier aura 6 km à creuser, sur les 8 km du tunnel du nouveau tronçon, en avançant de 10 m par jour.
Si son entrée en action célébrée mercredi est une étape décisive du chantier, les travaux d'Eole ont déjà commencé depuis deux ans. Un forage sur le chantier avait d'ailleurs accidentellement percé la voûte du tunnel du RER A en novembre 2017, entraînant une importante coulée de boue et trois jours d'interruption de trafic de cette ligne capitale.
"Le plus important dans ce projet, c'est qu'il va délester le RER A, qui est la ligne la plus empruntée et aussi la plus saturée d'Europe, de 15%, et aussi le RER B, la deuxième qui elle aussi bénéficiera d'un délestage de 10%, et puis il va soulager Saint-Lazare, qui est la première gare de banlieue d'Europe" car les trains de Mantes-la-Jolie n'y auront plus leur terminus, a remarqué Alain Krakovitch, le directeur général de Transilien, la branche de la SNCF chargée des trains de banlieue autour de Paris.
22 trains par heure
"Désaturer le RER A, pour l'avenir, c'est absolument crucial", a renchéri la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.
"Desservir la vallée de la Seine (en aval de Paris, jusqu'à Mantes-la-Jolie, ndlr), c'est absolument crucial. Améliorer la desserte de La Défense qui va doubler son envergure et qui est en train de damer le pion à Francfort, à Dublin, à Luxembourg... dans le cadre de la relocalisation des sociétés du Brexit (...), c'est crucial", a-t-elle ajouté.
Le RER E doit, selon les prévisions, transporter 650.000 voyageurs par jour une fois achevé, contre 370.000 aujourd'hui. Il sera exploité en deux morceaux, vers l'ouest et vers l'est, qui se juxtaposeront sur le tronçon central, afin de garantir une meilleure régularité.
Pour Patrick Jeantet, le patron de SNCF Réseau qui en a la maîtrise et dont c'est "le plus grand projet", ce chantier donne également l'occasion de "faire de la haute technologie".
Un nouveau système de signalisation appelé Nexteo permettra en effet de faire passer sous Paris 22 trains par heure à 120 km/h, quand les systèmes actuels permettent d'en faire passer 16 à environ 90 km/h. "A 120 km/h sous Paris, ça ne s'est jamais fait", a insisté le responsable.
Le prolongement d'Eole représente 40.000 emplois entre 2016 et 2024, dont "7% d'insertion", a enfin remarqué M. Jeantet. "Dans un pays qui a 10% de chômage, être capable de réinsérer dans ces grands chantiers des gens qui sont exclus du marché du travail, ça paraît être une responsabilité essentielle de nos grands groupes, et c'est ce qu'on fait!"
Le chantier est estimé à 3,8 milliards d'euros, apportés notamment par la Société du Grand Paris (1,5 milliard) et la région (1,1 milliard).
S'ajoute 1,8 milliard pour le matériel roulant, financé par Ile-de-France Mobilités, l'autorité régionale des transports présidée par Valérie Pécresse. Le RER E doit en effet être doté de nouveaux trains, qui seront fournis par Alstom et Bombardier.