Facts & Figures, cabinet de conseil indépendant, spécialiste de l'assurance, a fait une hypothèse de hausse de 0,5% à 1% des tarifs de l'assurance auto dans son baromètre 2021 des assurances dommages.
"On parie plutôt sur une stabilisation des prix en automobile, marché très concurrentiel", affirme quant à lui Olivier Moustacakis, co-fondateur d'Assurland, leader de la comparaison d'assurance en ligne.
"Ce n'est pas la vache à lait des assureurs, c'est un produit d'appel, avec lequel ils font l'acquisition de nouveaux clients, donc la bataille est assez rude sur l'automobile", rappelle-t-il.
La Maif a annoncé dès juin le gel de ses tarifs d'assurance auto pour 2022 pour la deuxième année consécutive, "malgré une hausse de la sinistralité et des coûts de réparation auto", avait-elle indiqué dans un communiqué.
En assurance habitation, la Maif souhaite contenir l'augmentation de ses tarifs à 2,5% en moyenne, à l'exception des contrats habitation jeunes, également gelés.
Du côté de l'assureur mutualiste Covéa, qui comprend les marques MMA, MAAF et GMF, le directeur général adjoint Paul Esmein a mentionné une tendance à l'"augmentation plus conséquente en habitation qu'en auto" devant des journalistes.
Les évolutions tarifaires d'Allianz France "sont encore en discussion" et ont habituellement lieu en avril ou mai, a affirmé l'assureur de son côté. AXA France a également fait savoir qu'il était encore prématuré pour dégager une tendance. La Macif n'a quant à elle pas souhaité répondre aux sollicitations de l'AFP.
"Les assureurs sont aujourd'hui très discrets, mais ils ont fait des économies de sinistralité automobile grâce au troisième confinement. Annoncer des hausses de tarifs dans ce contexte là, ça fait débat", assure Cyrille Chartier-Kastler, président et fondateur de Facts & Figures.
En comparaison avec l'année 2019 -l'année 2020 ayant été trop atypique en matière de sinistralité avec les deux confinements- le nombre de personnes décédées sur les routes depuis janvier est en recul de 15% et le nombre de blessés de 7%, selon l'observatoire national interministériel de la sécurité routière.
Accélération en 2023
En parallèle, le prix des pièces détachées a explosé (+4,4% en 2020, après une hausse de 6% en 2019, selon Facts & Figures), en raison de l'intégration croissante d'électronique. Concrètement, s'il y a moins d'accidents de voitures, les réparations coûtent plus cher.
Facts & Figures évoque d'ailleurs dans son baromètre un probable retour, à compter de l'échéance 2023, d'une dynamique annuelle de hausse des tarifs de l'assurance automobile de l'ordre de 2 à 3%, pour absorber la dérive des coûts de la réparation automobile.
Mais pour 2022, les facteurs inflationnistes se compensent encore avec "l'économie réalisée avec le troisième confinement et la baisse de fréquence de sinistres", indique M. Chartier-Kastler.
Il évoque également un "contexte très schizophrénique" à l'approche de l'élection présidentielle de 2022. "Il y a beaucoup de débats sur le pouvoir d'achat des Français, le gouvernement fait pression pour éviter une hausse de tarif [de l'assurance]. Tous ceux qui voudraient annoncer des hausses seront très discrets."
Pour Assurland, la stabilité des prix pour les assurances habitation devrait se poursuivre. Facts & Figures prévoit quant à lui une hausse des tarifs "assez raisonnable", de 1 à 1,5%, proche de l'inflation.
"La sinistralité a un peu baissé avec la mise en place de jours de télétravail", observe Olivier Moustacakis. Les Français étant plus présents à leur domicile, le risque de cambriolage a été réduit et les dégâts des eaux ou potentiels incendies ont été détectés plus tôt, causant ainsi des dommages moins importants, donc moins coûteux.
Cyrille Chartier-Kastler met cependant en garde sur la dérive du risque climatique, facteur d'augmentation des prix pour les années à venir.