"Le sujet est simple: c'est une occupation illégale du domaine public qui bloque la réalisation d'un métro qui est attendu par 1,5 million d'habitants dans le Val-d'Oise", a-t-elle fait valoir sur Cnews.
Elle a réclamé "qu'on fasse respecter la loi, qu'on évacue cette ZAD et surtout qu'on fasse cette ligne 17, la seule ligne du Grand Paris Express du Val-d'Oise".
L'occupation par, "à ce stade, une centaine" de militants, "bloque l'intégralité de la construction" de cette ligne car elle empêche un tunnelier de descendre dans un puits pour creuser, a-t-elle expliqué. Elle a souligné que les habitants de ce territoire pauvre "attendent ces transports en commun pour aller travailler".
Ce chiffre est très éloigné du comptage effectué par le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), qui a indiqué à l'AFP ne pas être à l'origine de l'occupation mais "soutenir" cette action.
Une "dizaine" de militants se relaient sur le site, a indiqué le CPTG à l'AFP mardi soir. "Nous, on demande l'abandon de la gare : si la gare est abandonnée, tout le monde partira", a affirmé Bernard Loup, le président du collectif.
Cette zone de 280 hectares de terres agricoles, voisines de l'aéroport de Roissy-CDG, avait échappé à l'artificialisation par une décision Emmanuel Macron. Le président avait en effet abandonné le projet de méga-complexe commercial et de loisirs Europacity, en novembre 2019.
Les militants, installés depuis le 7 février sur une partie d'un terrain, propriété de l'établissement public foncier d'Île-de-France (EPFIF), défendent un projet agricole alternatif, au lieu de la future gare.
"Ces militants extrémistes ont une conception très limitée du débat démocratique et du respect de l'autorité dans notre pays", a dénoncé Marie-Christine Cavecchi, la présidente (LR) du département du Val-d'Oise. Elle aussi demande "à l'État de faire évacuer immédiatement ces terrains".
La Fnaut (usagers) ne veut pas de la ligne 17
La Fédération nationale des usagers de transports (Fnaut) a demandé le gel des travaux de la ligne 17 du futur métro du Grand Paris, qu'elle juge prématurés tant que l'État n'aura pas décidé ce qu'il veut construire sur le Triangle de Gonesse.
Notant que "les perspectives d'urbanisation du triangle de Gonesse restent totalement incertaines" après l'abandon du projet de complexe immobilier Europacity, "rien ne permettant à l'heure actuelle d'affirmer que des constructions justifiant une gare seront réalisées dans ce secteur", a écrit la Fnaut au Premier ministre.
Une gare qui resterait isolée "au milieu des champs", "constituerait un gâchis d'agent public sans précédent", ajoute-t-elle dans sa lettre à Jean Castex.
"Nous demandons donc le gel de tous les travaux de la ligne 17 au nord de l'aéroport du Bourget et notamment ceux de la gare du Triangle de Gonesse, tant que l'avenir de cette zone n'a pas été totalement défini, d'autant que cette urbanisation est de plus en plus contestée", ajoute la Fnaut.
Plus généralement, la Fnaut demande un débat public sur les besoins d'aménagement et de transports dans ce secteur.
Plus de 40% de la fréquentation de la ligne 17, qui doit relier en 2030 Saint-Denis à l'aéroport de Roissy via le parc des expositions de Villepinte, devaient en effet venir d'Europacity, relève-t-elle.
"Cumulée avec l'incertitude sur le terminal 4 de Roissy, la rentabilité socio-économique de la ligne 17 n'est plus du tout établie", d'autant que la zone n'est pas très peuplée, assure-t-elle.
Les 3 milliards d'euros que doit coûter la ligne devraient être réaffectés à d'autres projets de transports publics de la banlieue nord de Paris en manque de financement, plaide la Fnaut.
"Qu'on fasse ou qu'on ne fasse pas Europacity, la ligne 17 garde son utilité" car elle est "un vrai itinéraire des transports du quotidien", a récemment affirmé Thierry Dallard, le président de la Société du Grand Paris (SGP) chargée de construire le supermétro autour de la capitale.
Il attend néanmoins de savoir ce que l'État compte construire, ou non, sur le site pour reconfigurer la gare prévue au Triangle de Gonesse, désormais annoncée pour 2028.