Certes, la foncière franco-néerlandaise peut se targuer de résultats financiers positifs. Le résultat net récurrent, son indicateur de référence, a légèrement progressé au premier semestre, de 0,7% à 764 millions d'euros.
Ses revenus ont augmenté dans ses trois catégories d'actifs, et c'est la plus petite, celle des palais des congrès et parcs des expositions, qui se porte le mieux, dopée par les Jeux olympiques de Paris-2024 dont URW héberge plusieurs installations.
Le taux de vacance dans ses centres commerciaux s'établit à 5,5%, contre 6,3% un an auparavant et 5,4% fin 2023.
Le résultat net, moins représentatif car dépendant beaucoup de la valeur de son patrimoine, revient aussi dans le vert avec 72 millions d'euros de bénéfice contre une perte de 538 millions un an auparavant.
Le groupe maintient inchangés ses objectifs financiers et de versement de dividendes pour l'année.
Chantier prolongé
Mais le groupe est embarrassé par la découverte d'un surcoût de plus de 500 millions d'euros dans le projet Westfield Hamburg-Überseequartier, un grand complexe comprenant centre commercial, hôtels et logements dans le centre de Hambourg.
URW le présentait volontiers comme un projet exemplaire, emblématique de la "mixité d'usage" que de plus en plus d'acteurs immobiliers défendent à rebours d'un urbanisme segmenté entre logements, commerces et bureaux qui a longtemps été la norme.
Le président du directoire, Jean-Marie Tritant, a annoncé qu'un audit avait été commandé aux cabinets Accuracy et White&Case, afin de déterminer comment son coût avait pu passer de 1,64 à 2,16 milliards d'euros.
Un problème d'infiltration d'eau au dernier étage d'un bâtiment a obligé le groupe à reporter d'avril à octobre l'ouverture du centre commercial, occasionnant 160 millions d'euros de surcoûts, a détaillé Jean-Marie Tritant.
Les 360 millions restants proviennent de "compléments de prestation, un élargissement du périmètre des travaux (...) et une mauvaise estimation notamment des coûts de tout ce qui est électrique, mécanique et plomberie", a-t-il ajouté.
Désendettement
Cet important surcoût va avoir des conséquences sur la politique d'investissement du groupe, a annoncé M. Tritant.
"Nous avons lancé un plan d'action" qui comprend "en particulier une repriorisation et un phasage des investissements dans nos centres, qui couvriront environ 50% du surcoût annoncé, et ce de telle sorte que ça n'ait pas d'impact sur la valeur long terme de nos actifs", a-t-il déclaré en conférence téléphonique.
"Nous avons également procédé à des changements dans les équipes de management du projet et de supervision de ces équipes", a ajouté Jean-Marie Tritant.
L'impact financier de ces surcoûts se fera surtout ressentir dans les comptes au second semestre, a prévenu le directeur financier Fabrice Mouchel.
Il a aussi des conséquences sur l'endettement du groupe, qui repart à la hausse et s'établit à 20,4 milliards d'euros.
"L'attention du marché pourrait probablement se focaliser sur l'augmentation de la dette nette (+ 400 M EUR du fait de Hambourg), le faible niveau de cessions (300 M EUR au premier semestre) et l'augmentation du LTV (ratio prêt-valeur, qui mesure le poids de sa dette)", préviennent cependant les analystes de Jefferies.
Vers 9h45, le cours du groupe était en repli de 3,56% à 69,30 euros à la Bourse de Paris, dans un marché en baisse de 1,64%.
Mais l'endettement devrait repartir à la baisse au second semestre, a assuré Fabrice Mouchel, comptant sur les cessions d'actifs pour compenser les coûts.
URW, qui doit depuis plusieurs années engager la "réduction radicale" de sa présence aux Etats-Unis, continue de temporiser, jugeant les conditions de marché trop défavorables.
Il a cédé pour 300 millions d'euros d'actifs au cours du semestre, et indique être en discussions pour des actifs représentant une valeur d'un milliard d'euros.