L'expansion des marchés de l'électrification et de l'efficacité énergétique a porté la croissance de ce géant mondial de la gestion de l'énergie et des automatismes industriels ces dernières années, avec des records en 2022 tant en termes de ventes (34 milliards d'euros) qu'en termes de bénéfices (3,5 milliards).
"Nous sommes à un point d'inflexion: nous devons nous assurer que les systèmes de fourniture d'énergie soient durables, garantissent l'approvisionnement et permettent une croissance" car les besoins vont fortement augmenter dans les années à venir, a déclaré Peter Herweck dans un entretien à l'AFP à la veille de l'Assemblée générale qui doit entériner jeudi sa nomination.
"Nous pensons que l'électricité est la meilleure forme d'énergie (...) mais du côté de la consommation il faut faire les choses plus efficacement. Avec nos technologies nous pouvons réduire substantiellement la consommation électrique des bâtiments ou des usines", a-t-il ajouté.
Il cite notamment les équipements électriques vendus par Schneider qui permettent de faire des économies d'énergie mais aussi les logiciels développés par l'entreprise française et les données dont elle dispose pour optimiser la consommation électrique de ses clients.
Avant d'être nommé directeur général, Peter Herweck, 56 ans, a d'ailleurs dirigé Aveva, éditeur britannique de logiciels industriels qui accompagne plus de 20.000 entreprises dans plus de cent pays et dont Schneider a finalisé l'acquisition complète en 2022.
Il avait précédemment occupé différentes fonctions chez Schneider Electric après avoir travaillé pendant plus de vingt ans chez son concurrent allemand Siemens.
Focus technologie et IA
Il y a quelques jours il est officiellement devenu directeur général succédant à Jean-Pascal Tricoire, PDG depuis 2013 qui ne gardera que la fonction de président, après plus de 17 ans à la tête du groupe.
Lors de la première discussion entre les deux hommes, avant que M. Herweck ne rejoigne l'entreprise, c'est la stratégie axée sur le numérique et les logiciels qui avaient intrigué ce dernier.
"La technologie sera un point clé pour moi", affirme cet ingénieur de formation, électricien dans sa jeunesse, qui a grimpé les échelons.
Selon lui, dire que "les logiciels dirigent le monde" est un peu fort mais chez Schneider Electric, ils génèrent 2,6 milliards d'euros, ce qui place l'entreprise "trentième" à l'échelle mondiale pour les logiciels et "dans le top 5" pour les logiciels dédiés à l'industrie.
La combinaison de produits connectés, de systèmes de contrôle et de logiciels de gestion est donc gagnante pour Schneider Electric qui se voit "devenir un acteur encore plus important avec le développement de l'intelligence artificielle", affirme son directeur général.
L'utilisation des données récoltées à grande échelle sur le terrain, sur la gestion énergétique de bâtiments, de centres de données, d'usines, permet d'améliorer les suggestions des logiciels pour "plus d'efficience et de durabilité", avec des modèle "difficiles à copier", se réjouit M. Herweck dont l'entreprise revient régulièrement dans les classements français en matière de dépôt de brevets (11e en 2022 avec 198 dossiers déposés).
Parmi les raisons qui l'ont poussé à rejoindre Schneider Electric, Peter Herweck cite son côté international, avec quelque 128.000 salariés dans plus d'une centaine de pays, mais surtout la politique de développement durable.
Jeudi, le conseil d'administration soumettra pour la première fois au vote des actionnaires sa stratégie climat avec notamment ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre ainsi que les moyens pour y arriver.
Selon le Forum pour l'Investissement Responsable (FIR) et l'Ademe (l'agence de la transition écologique), cette résolution est alignée à 68% avec les recommandations du FIR et obtient la note de 14/20 selon la méthodologie ACT qui mesure la contribution aux objectifs d'atténuation de l'Accord de Paris.
Les objectifs de réduction des émissions de Schneider Electric "ne seront pas gratuits", affirme Peter Herweck. "Il parait donc raisonnable de demander aux actionnaires ce qu'ils en pensent", ajoute-t-il, se réjouissant des progrès déjà accomplis tout en reconnaissant le travail qu'il lui reste à accomplir.