Le secteur de l'isolation enregistre "une croissance à deux chiffres en France depuis deux, trois ans", a souligné le PDG de Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar, lors de l'inauguration de la nouvelle unité.
Représentant un investissement de 35 millions d'euros, le plus important du groupe cette année en France, l'unité de laine à souffler de Chemillé en produira 30.000 tonnes, faisant plus que doubler la capacité disponible dans l'usine d'Orange (Vaucluse), qui en produit 22.000. La nouvelle ligne a créé 20 emplois directs.
Le marché de la construction neuve en France en 2019 a aussi "résisté beaucoup mieux que ce qui était attendu", a noté M. de Chalendar.
Début 2019, le groupe avait dû importer d'Espagne et d'Italie de la laine à souffler pour faire face à la demande, particulièrement dynamique sur l'Ouest et le Sud-Ouest de la France, la zone servie par l'usine de Chemillé, qui représente 40% du marché de l'isolation en France.
"Ce produit, qui était très utilisé aux États-Unis mais très peu en Europe, est en train de décoller dans de nombreux pays européens", a observé M. de Chalendar.
Saint-Gobain a ainsi construit un deuxième four électrique à Chemillé, dédié à la laine à souffler, qui a démarré fin août, complétant le premier four qui produit de la laine de verre.
La laine à souffler, qui est produite à partir de verre transformé dans une machine de fibrage, a une taille équivalente à celle d'un cheveu. Le matériau de base intègre au moins 40% de calcin, du verre recyclé, et principalement du sable.
A la sortie, les flocons de laine de verre sont conditionnés en sacs, et seront ensuite projetés par soufflage pour remplir et isoler des parties vides d'un bâtiment.
L'utilisation principale est l'isolation des combles perdus dans les maisons. Les 30.000 tonnes produites par an à Chemillé correspondent à l'isolation de 100.000 toitures, selon les calculs du groupe.
"L'isolation des bâtiments est la première manière, la plus simple, d'économiser l'énergie", a rappelé le PDG de Saint-Gobain, en insistant sur l'impact de la transition énergétique dans la stratégie du groupe.
Les deux tiers du parc immobilier français ne sont pas correctement isolés et en particulier, "dans les bâtiments publics, on est en retard en France", a noté M. de Chalendar.
Plus d'ambition
Le dynamisme actuel du marché de l'isolation est largement lié au système de certificats d'économie d'énergie, également complété par des aides de l'Anah, l'agence de la rénovation de l'habitat, a-t-il expliqué.
M. de Chalendar a salué la "volonté de faire", "mais il y a des blocages", a-t-il ajouté. "Pour les ménages modestes en précarité énergétique, la rénovation ne se fait pas si elle n'est pas entièrement financée", a-t-il expliqué.
Hervé de Maistre, directeur général d'Isover et Placoplatre, deux marques phare du groupe Saint-Gobain, s'est également félicité du "soutien des pouvoirs publics français (...) à la transition écologique".
Mais "il faudra plus d'ambition et de constance dans ce domaine dans les années à venir pour que la France tienne ses objectifs", a-t-il lancé.
Saint-Gobain souhaite maintenant aller plus loin dans l'économie circulaire et développer la collecte de la laine de verre lors de la démolition des bâtiments pour pouvoir la recycler en l'utilisant comme matière première.
Saint-Gobain a lancé cette année Isover Recycling, pour mettre en place la première filière de recyclage des déchets de chantier de l'isolation en laine minérale.
Plus largement, Pierre-André de Chalendar a relevé que "toute une série d'initiatives ont été prises par les filières" du bâtiment.
Le projet de loi pour l'économie circulaire prévoit la création d'une filière REP (responsabilité élargie du producteur) pour les matériaux de construction.