Age (légal)
A la fois pierre angulaire et d'achoppement de la réforme. Aujourd'hui fixé à 62 ans, Emmanuel Macron voulait d'abord l'augmenter à 65, avant d'en rabattre pour atteindre 64 ans en 2030.
Berger (Laurent)
Leader incontesté d'une intersyndicale inédite, le bien nommé patron de la CFDT guide les troupes des opposants à la réforme.
Carrières (longues)
Clé d'un compromis avec les députés de droite, qui ont obtenu que ceux ayant commencé avant 21 ans puissent partir avant 64 ans. Au prix d'une crise interne entre leur chef Eric Ciotti et son bras droit Aurélien Pradié, congédié après avoir joué la surenchère.
Durée (de cotisation)
Deuxième mesure d'âge de la réforme, qui accélère le passage de 42 annuités (168 trimestres) pour une retraite à taux plein aujourd'hui, à 43 (172 trimestres) d'ici 2027, soit huit ans plus tôt que prévu.
Equilibre
Objectif affiché de la réforme, face au retour annoncé d'un déficit à deux chiffres du système de retraite, jusqu'à 13,5 milliards d'euros en 2030, dans le scénario optimiste du "plein emploi" avec un taux de chômage réduit à 4,5%.
Femmes
Point faible de l'exécutif, qui peine à se défaire des griefs contre une réforme demandant plus d'efforts aux femmes, contraintes d'allonger leurs carrières davantage que les hommes. Même si cela aurait pour effet de combler un peu le fossé des pensions entre les deux sexes.
Grève (reconductible)
Graal syndical, face à un gouvernement que les grandes manifestations laissent de glace. Mais aussi pomme de discorde entre jusqu'au-boutistes prêts à "mettre à genoux l'économie" et stratèges inquiets que le "niveau d'emmerdement" ne retourne l'opinion publique.
Huit
Historique et habilement mené, le front uni des huit principaux syndicats français - de SUD à la CFTC - tient jusqu'à présent malgré leur hétérogénéité, le rejet partagé de la réforme l'emportant sur les divergences tactiques.
Index (seniors)
Idée inspirée de l'indicateur mis en place pour mesure l'égalité femmes-hommes dans les entreprises. Censée exposer bons et mauvais élèves de l'emploi des plus de 50 ans, mais ses détracteurs pointent du doigt un gadget.
Jeunes
Espérée par les syndicats, redoutée par le gouvernement, leur mobilisation changerait la nature du mouvement social. Mais les blocages de lycées et d'universités restent sporadiques, signe d'un désintérêt pour une réforme qui concerne d'abord leurs parents.
K.O.
Conclusion implacable d'un combat dans lequel chaque camp veut porter le coup fatal : si l'exécutif recule, le quinquennat sera fini avant d'avoir commencé ; si la réforme passe, l'échec des syndicats donnera quitus à des acteurs moins pacifiques.
Le Pen
La chef de file de l'extrême-droite, dont ce n'est pas le sujet de prédilection, est presque muette sur les retraites. Après avoir prôné les 60 ans pour tous puis un départ progressif jusqu'à 67 ans, elle laisse passer le pugilat en espérant empocher le gain politique.
Martinez (Philippe)
Le métallurgiste mène sa dernière grande bataille à la tête de la CGT, tout en manoeuvrant pour que l'enseignante Marie Buisson lui succède au prochain congrès de la centrale syndicale fin mars.
Nupes
L'alliance des partis de gauche se pensait adroite en jouant l'obstruction à l'Assemblée. Une stratégie qui l'a finalement conduite à la division, les Insoumis refusant de retirer leurs milliers d'amendements pour accélérer les débats comme le demandaient les syndicats.
Olivier (Dussopt)
En première ligne d'une réforme qui ne portera peut-être pas son nom, le ministre du Travail issu de la gauche encaisse tous les coups venus de son ancien camp. Rattrapé par une affaire de "favoritisme", il doit aussi se préparer à affronter la justice.
Petites pensions
Principale contrepartie au passage à 64 ans, la promesse d'une revalorisation pour 10% des retraités actuels et un quart des futurs pensionnés est devenue un problème pour le gouvernement, puni pour ses approximations sur le cas-type des 1.200 euros après une carrière complète au Smic.
Quinquennat
Plus qu'une simple réforme des retraites, ce projet est la clé de voûte du second mandat d'Emmanuel Macron, qui ne cachait pas dès sa campagne en escompter des économies et de la "création de richesse". Autant de marges de manoeuvre indispensables pour financer ses autres priorités, comme la défense et l'éducation.
Régimes (spéciaux)
Electriciens, gaziers et conducteurs de métros parisiens sont dans le collimateur du gouvernement, qui veut mettre fin aux départs anticipés en vigueur dans ces professions. Mais seules les futures recrues partiront à 64 ans, en vertu de la "clause du grand-père" déjà à l'oeuvre chez les cheminots.
Sénat
Seul hémicycle où l'exécutif peut espérer un scrutin positif, apposant sur sa réforme le sceau démocratique qui lui manque encore. Mais ce salut suppose des concessions aux sénateurs de droite, au risque de sacrifier le sacro-saint rétablissement des comptes.
Travail
Le vrai sujet derrière la réforme, alors que la crise sanitaire a révélé de fortes attentes en matière de conditions de travail, puis que l'inflation a mis au premier plan les revendications salariales.
Universel
Grand dessein du premier quinquennat Macron, le "système universel de retraite" par points a été stoppé net par le Covid. Officiellement abandonné, même si au sein de la majorité quelques députés nostalgiques espèrent encore le relancer.
Véhicule (législatif)
Jamais un budget rectificatif de la Sécu n'avait servi à faire passer une réforme des retraites. Le gouvernement peut ainsi écourter les débats au Parlement au bout de 50 jours et user à volonté de l'arme du 49.3 pour passer en force si besoin.
ZAD
Zizanie promise par la cheffe des écolos bien avant l'ouverture des hostilités. Appliquée avec zèle à l'Assemblée, où le bazar a duré quinze jours. Inenvisageable au Sénat, où l'ambiance est toujours plus zen.