"Jour heureux, jour glorieux!", a-t-il lancé après avoir découvert depuis un bateau le champ de 80 éoliennes, déployées de 12 à 20 km des côtes, qui va produire de l'électricité pour 700.000 personnes.
"Mais tout cela arrive dans un temps compliqué et prend encore trop de temps", a-t-il noté en référence à l'envolée des prix énergétiques et aux risques de pénurie induits par la guerre en Ukraine, qui nécessite plus que jamais une "diversifcation".
Pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, "il faut produire plus d'électricité", "40% de plus d'ici 2050", a-t-il dit. La France va devoir aller "au moins deux fois plus vite" sur les projets d'énergies renouvelables", éolien et solaire en particulier, a souligné le chef de l'Etat.
Cette accélération doit passer par une réduction de "trois à six mois" des "délais d'enquêtes publiques et autorisations gouvernementales", a-t-t-il détaillé.
Les délais de contentieux doivent aussi être ramenés à deux ans et demi au maximum, contre jusqu'à quatre ans aujourd'hui, a-t-il souligné. "Il faut créer du consensus au départ et essayer de bloquer le recours dilatoire", a-t-il insisté.
Aujourd'hui, il faut en moyenne dix ans pour qu'un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni. Pour l'éolien terrestre, c'est sept ans, deux fois plus qu'en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n'est guère mieux loti.
Ces mesures seront inscrites dans le projet de loi sur l'accélération des énergies renouvelables qui sera présenté lundi en Conseil des ministres ainsi que dans des décrets et amendements gouvernementaux.
De l'éolien terrestre aussi
Le 10 février à Belfort, Emmanuel Macron a fixé comme objectif l'installation d'une cinquantaine de parcs éoliens offshore en France d'ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts.
A ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs mais la concrétisation des projets est freinée par nombreux recours, et la France accumule du retard par rapport aux pays voisins.
Après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp. A Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large.
"On devra faire de l'éolien sur terre", a-t-il également plaidé après avoir annoncé à Belfort un doublement de sa capacité non plus sur 10 mais 30 ans.
"L'éolien terrestre est concentré sur très peu de territoires", a-t-il déploré en appelant à "ouvrir le jeu" en la matière.
Parmi les pistes de développement du solaire, le chef de l'État a évoqué "la libération du foncier" pour installer plus de panneaux sur les friches, en citant les bords d'autoroutes et de voies ferrées, mais aussi certaines terres agricoles avec l'agrovoltaïsme.
Sur le nucléaire, "l'approche sera la même", il faut qu'on "aille beaucoup plus vite" en "simplifiant les choses", a insisté Emmanuel Macron.
"On n'a pas investi"
A Belfort, le chef de l'Etat a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l'horizon 2035. Un audit publié en février évoquait l'horizon 2037 pour les premières mises en service.
Comme sur les énergies renouvelables, un texte de loi va permettre d'"adapter les procédures existantes en matière d'urbanisme pour favoriser le développement des premiers sites identifiés" et de lancer "dès maintenant le programme pour ne pas perdre de temps", a-t-il souligné.
Emmanuel Macron a aussi promis un meilleur "partage de la valeur" pour les projets renouvelables avec les collectivités et les riverains, ce qui concernera en premier lieu les éoliennes en mer, souvent contestées.
Jean-louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), a salué un "discours tonique" et le "besoin d'éolien terrestre" de nouveau mis en avant par le chef de l'Etat.
Pour Amandine Lebreton, directrice du plaidoyer à la Fondation pour la Nature et l'Homme en revanche, "ce n'est pas vrai de dire que le retard est dû aux blocages locaux ou administratifs". "On n'a pas investi", estime-t-elle.
Devant le chef de l'Etat, Jean-Christophe Gavalet, président de France Nature Environnement, a mis en garde contre une concertation trop limitée du public qui serait totalement "contreproductive" selon lui. "On va aboutir à une radicalisation des positions", avec un risque de réactions "plus violentes", a-t-il averti.