Le lieu, à la Chaussée Saint-Victor près de Cap Ciné, a été choisi pour son potentiel en termes d’espace (22 400 m²) et de proximité avec l’autoroute A10. C’est clairement le choix de l’efficacité et de l’optimisation qui a été fait, choix qui se décline sur l’ensemble des points clés de ce projet.
Réunir activités industrielles et tertiaires
Le site a été conçu en arc de cercle, pour masquer l’intérieur, la cour et les équipements.
La mixité des activités se traduit dans le concept même du bâtiment : une structure béton pour les bureaux et l’accueil du public, associée à une ossature métallique pour les locaux techniques. Un concept créé par Apside Architecture, qui allie les dimensions esthétiques et fonctionnelles, et qui a mis le cabinet de maîtrise d’œuvre du chantier, Manehome, face à des défis techniques de taille.
3 défis techniques majeurs à relever
Si le maître d’œuvre a un important rôle de coordination des équipes et d’organisation du chantier, il a en amont une mission délicate : apporter des solutions techniques qui vont permettre de concrétiser le concept architectural.
La “signature” de ce bâtiment : une façade de 13 m de haut en béton apparent
L’entrée principale donne sur un immense mur en béton gris, brut et épuré. Ce type de finition impose une solution technique innovante, le bétomur pour un rendu parfait. Ce sont
des murs béton préfabriqués avec isolation intégrée ce qui les rends ultra-performants
répondant aux exigences de la RT 2012 et anticipant les futures réglementations de la
RT 2020. Anticorrosion et étanche à l’air, le mur est également adapté à toute zone de sismicité 1 à 5.
Les différents éléments, fabriqués hors site, sont assemblés sur place. Le coulage du béton vient consolider l’ensemble. Un assemblage qui demande une manipulation pointilleuse des différents modules, mais permet un important gain de temps sur le chantier et d’être moins
tributaire des intempéries. Ces éléments, préfabriqués en région parisienne par SORIBA,
sont en effet produits en intérieur, dans des conditions de travail optimales.
Chaque élément est composé de deux parois béton préfabriquées servant de coffrage, d’une paroi isolante assurant l’isolation thermique par l’extérieur et d’un vide central permettant le coulage d’un noyau béton tout en limitant fortement les pertes thermiques.
Faire cohabiter la structure béton et la structure à ossature métallique
Différentes solutions de jonction des structures en béton et en métal ont été étudiées en
amont pour permettre d’assurer la jonction entre ses deux matériaux. C’est un véritable
dilemme : l’évolution dans le temps des deux types de matériaux est très différente, ce qui ne permet pas de les lier. Pour autant, l’étanchéité doit être parfaite.
Assurer la jonction entre l’ossature métallique bardée et les bétomurs doit donc être réalisé avec la plus grande rigueur afin d’assurer le calfeutrement entre les diverses zones.
Pour optimiser cette jonction, bureaux d’études et entreprises intervenantes ont travaillé ensemble et choisi de mettre en attente les deux structures pour se coordonner et les achever simultanément, et non l’une avant l’autre. Finir l’une avant l’autre aurait pu créer des ponts thermiques et des défauts d’étanchéité.
Pour prendre ce type de décision et coordonner les parties prenantes, il faut un véritable esprit collectif sur le chantier, une exigence qualité commune et un bon chef d’orchestre. C’est la mission du maître d’œuvre, Manehome, cabinet créé par Anthony Conte en 2014 qui relève quotidiennement ce type de défis : optimiser les solutions techniques, coordonner les intervenants sur les chantiers et assurer un véritable suivi sur le terrain.
Aménagement modulaire des cloisons avec un haut niveau de traitement acoustique
Le bâtiment est réalisé avec un niveau d’isolation acoustique élevé, rarement mis
en œuvre dans des locaux tertiaires. Ce qui a nécessité une étude préalable complexe.
Le défi est cette fois de combiner un haut niveau d’isolation acoustique, avec des cloisons mobiles en verre qui permettent de redistribuer totalement les espaces de bureau et de réunion en cas de besoin et les réseaux électriques et informatiques qui passent en faux-plafond et faux-plancher.
Il n’y a pas de cas préexistant auquel se référer. La solution a donc été tout d’abord calculée de manière théorique, puis mise en œuvre et testée dans une salle témoin. Les tests acoustiques ont validé la solution technique qui a alors été déployée sur les 3 450 m² de la partie tertiaire.
Favoriser l'emploi local, les matériaux et les équipements français
Enedis n’a pas vocation à être propriétaire de ses locaux. C’est donc un investisseur privé qui en est propriétaire et a délégué la construction au promoteur Essor. Essor a confié une partie de la maîtrise d’œuvre à Manehome, qui a piloté le chantier et coordonné les intervenants. Une vigilance toute particulière a été apportée au choix des prestataires, aussi bien pour les travaux que les équipements et matériaux. Sur le rapport qualité / prix de leur prestation, mais également sur leur proximité. Dans une logique responsable, les intervenants étaient des entreprises locales, de Blois ou des alentours, sauf pour deux prestations très spécifiques (faux-plancher et charpente couverture). Les matériaux et équipements made in France ont été privilégiés. Plus d’une centaine de personnes ont travaillé sur ce chantier pendant un an et demi, apportant une belle dynamique à l’emploi local et aux emplois induits.
La maîtrise d'œuvre en univers incertain
Le contraste est toujours saisissant entre la rigueur dont doit faire preuve une équipe
de maîtrise d’œuvre sur un projet de cette dimension et la diversité des aléas qui vont
venir perturber le chantier. Malgré une organisation méthodique et précise, le maître d’œuvre est amené à s’adapter sans cesse à des circonstances extérieures
inattendues. Un métier qui nécessite des nerfs en acier, surtout en 2020. Ainsi ce chantier a, tour à tour été : interrompu par un obus découvert sur site et qu’il a fallu désamorcer ; bouleversé par un accident qui
a fait quatre blessés avec arrêt immédiat des travaux par sécurité puis réorganisation ;
ralentit par des intempéries ; et finalement bloqué par le confinement de mars-avril 2020.
La crise sanitaire a nécessité une réinvention totale de l’organisation du travail sur site
Manehome a pu reprendre les travaux dès la fin avril, en réorganisant totalement les
interventions et le planning.
Le respect des gestes barrière a limité le nombre d’intervenants en simultané sur le site. Pour optimiser une nouvelle organisation dans un contexte totalement inédit, il fallait :
- bien connaître les spécificités des métiers de chacun pour proposer une organisation agile
et efficace,
- savoir conjuguer les impératifs du maître d’ouvrage et les contraintes multiples de la
construction,
- savoir parler le langage du client et celui du bâtiment, être la passerelle entre ces deux
univers et maintenir le chantier dans un délai raisonnable sans compromis sur la qualité de
réalisation.
“Face à la crise Covid, il a été salvateur d’avoir des intervenants de proximité. Le planning est au cœur de leur métier et tout était à repenser. Cela les a amenés à prendre plus de responsabilités et d’initiatives, en relais avec nous qui avions une mobilité limitée en raison des restrictions de déplacement. La confiance a été primordiale.” Benoit Leroux, Directeur Travaux de la Maîtrise d’Ouvrage, groupe Essor