Leur coût annuel moyen a quadruplé entre la période 2001-2015 et 2016-2020 et ils représentent sur les 30 dernières années plus du tiers des sinistres tous périls. Le cabinet d’expertise Saretec livre une radiographie inédite de ce phénomène reposant sur l’analyse de plusieurs milliers de rapports et de déclarations de sinistres.
Ces dernières années, la France a connu plusieurs épisodes exceptionnels de sécheresse avec des périodes estivales capitalisant des déficits de précipitation et de fortes chaleurs. L’alternance de ces périodes très sèches en été et de réhydratation des sols le reste de l’année entraine des phénomènes de retrait-gonflement des argiles (RGA) jusqu’à 1,5 mètre de profondeur. Le manque d’eau induit le retrait des argiles et cette perte de volume provoque des mouvements différentiels entrainant des affaissements de sol sous les fondations et les dallages des bâtiments. De nombreux désordres apparaissent, avec notamment des fissures sur les murs et sur les sols, ou encore des affaissements de dallage. D’autres dommages indirects peuvent également apparaitre à la suite de ruptures de canalisations enterrées.
Des sinistres coûteux et croissants, amplifiés pour le réchauffement climatique
Deuxième poste d’indemnisation après les inondations, ces phénomènes sont passés d’un coût annuel moyen de 231 millions d’euros sur la période 2001-2015 à 885 millions d’euros sur la période 2016-2020. En cumulé, sur la période allant de 1982 à 2019, 8.000 communes françaises ont été reconnues au moins une fois en état de catastrophe naturelle pour le phénomène de sécheresse, pour un coût représentant 13,8 milliards d’euros, soit 36% des sinistres tous périls.
Les données de Saretec font ressortir que, sur ces 5 dernières années, les arrétés sécheresses ont majoritairement touché les territoires centraux (Puy-de-Dôme, Cher) et l’est de la France (Moselle, Meurthe-et-Moselle). En 2016 et 2017, les sinistres ont par contre majoritairement été localisés dans le sud (pourtour méditerranéen, Gironde, Dordogne).
85% des désordres non imputables à la sécheresse
Les désordres liés à la sécheresse sont majoritairement des fissures et des affaissements. Selon les données de Saretec, ces désordres apparaissent principalement sur les façades (à 45%) à l’extérieur d’un bâtiment et sur les murs (34%) et sols (24%) à l’intérieur. Les façades est et sud, plus exposées au soleil et aux variations de températures, sont également les plus touchées. Les fissures en escalier ou en forme de sifflet sont les plus symptomatiques d’un retrait-gonflement des argiles.
Ces désordres peuvent néanmoins être provoqués par d’autres phénomènes non garantis : des fortes chaleurs provoquant des déformations des matériaux de construction (ossatures métalliques ou charpentes en bois par exemple), des fuites de canalisation provoquant un mouvement de tassement différentiel non imputable à la sécheresse, une transformation du bâtiment impliquant de nouvelles charges mal supportées par la structure… Ainsi, 85% des fissures ou affaissements ne sont pas imputables à la sécheresses et ne relèvent pas du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles.
Pour les missions garanties, les fissures sont traitées dans 54% des cas, dans 23% il y a réparation des fondations ou des structures aériennes et dans 21% des cas des fondations spéciales sont créées pour stabiliser les sols.
Les maisons individuelles principalement concernées
Représentant 56 % des résidences principales françaises, les maisons sont sur- représentées selon les données de Saretec. 90 % des bâtiments concernés par la sécheresse sont en effet des logements individuels. Les désordres observés sur ce type d’habitation nécessitent entre 4.000 et 5.000 € de réparation et de mise en place de mesures conservatoires, loin derrière les corps de ferme et granges représentant un coût moyen de 12.000 €.
Par ailleurs, dans plus de la moitié des cas de sécheresse (55%), les désordres provoqués par le phénomène de retrait-gonflement des argiles sont observables dans le voisinage immédiat ou plus lointain.