Baptisé contrat d'achat privé d'énergie (en anglais, "corporate PPA" pour "Power purchase agreement"), ce dispositif constitue une petite révolution dans la fourniture d'énergie, même s'il ne représente encore qu'une toute petite partie de l'électricité consommée dans le monde.
Permettant aux entreprises de nouer des contrats de long terme pour se protéger de la volatilité des prix de l'énergie, ils sont en pleine expansion ces dernières années.
Les géants du numérique américains, en particulier, en ont fait un élément clé de leur stratégie d'approvisionnement en électricité pour "verdir" la consommation très importante de leurs centres de données.
Sur les 18 gigawatts qui avaient été contractualisés en 2016 par les grandes entreprises via des PPA, Amazon, Google et Microsoft totalisaient plus d'1,2 gigawatt, selon une étude récente du cabinet E-cube.
L'Europe est quant à elle un peu en retard tandis qu'en France, le phénomène est à peine émergent.
Parmi les précurseurs, la SNCF a lancé cette année un appel d'offres pour sécuriser pendant 20 ans 20% de sa consommation d'électricité de source renouvelable via des PPA, explique Olivier Menuet, vice-président chargé de l'énergie au sein de la compagnie publique.
Aéroport de Paris a lui aussi publié cette année un appel à la concurrence pour approvisionner des sites via ce type de contrat. A La Poste, "on regarde les sujets de PPA", affirme aussi Dang Tran, directeur général adjoint de La Poste Immobilier.
"En France, les conditions historiques ne poussaient pas à développer ce type de contrat", note toutefois Virginie Schwarz, directrice de l'énergie au ministère de la Transition écologique et solidaire.
Jusqu'ici, les entreprises n'avaient pas vraiment intérêt à signer ce type de contrat, alors qu'elles pouvaient profiter d'un prix du courant moins cher sur le marché. Et parallèlement, les producteurs d'énergies renouvelables bénéficiaient de tarifs de rachat de leur courant et n'avaient donc pas besoin de trouver d'autres moyens de financement.
Convaincre les entreprises
"L'intérêt pour les PPA apparaît avec la baisse du coût des énergies renouvelables", que ce soit pour l'électricité ou la chaleur, estime Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Les derniers appels d'offres pour l'installation de centrales solaires au sol ont fait ressortir des prix autour de 52 euros/MWh, alors que le prix sur le marché de gros se situe entre 50 et 60 EUR/MWh, rappelle-t-il.
Reste à sensibiliser les entreprises françaises, qui connaissent encore mal ce mécanisme.
Le principal frein est de "convaincre le top management" qu'il faut acheter de l'énergie renouvelable par ce biais parce qu'on sera gagnant à long terme, même si c'est un peu plus cher à court terme, affirme Olivier Menuet, de la SNCF.
Il existe aussi des difficultés réglementaires, puisqu'il est quasiment impossible de concilier un PPA avec un mécanisme de soutien public.
Pour leur faciliter la tâche, France énergie éolienne (FEE), qui regroupe les entreprises de l'éolien, travaille à la rédaction d'un contrat standard d'approvisionnement.
"Dans un contexte de réduction progressive des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables, les +corporate PPA+ apparaissent clairement comme l'outil qui à terme permettra les financements et investissements dans les infrastructures de production", explique Olivier Pérot, président de FEE.
Car l'intérêt est aussi majeur pour les producteurs d'électricité renouvelable. Les premiers parcs éoliens et solaires développés dans le pays commencent à sortir du mécanisme de tarif d'achat et devront désormais vendre leur courant sur le marché, dont les prix fluctuent avec peu de prévisibilité. Pour ces parcs, signer un PPA permettrait de garantir des revenus stables dans la durée.