Le nombre de chômeurs a décru de 10.900 personnes (-0,3%) le mois dernier, s'établissant à 3,48 millions de personnes inscrites en catégorie A (sans activité) sur les listes de Pôle emploi en métropole et à 3,74 millions en France entière, a annoncé mardi le ministère du Travail.
L'éclaircie en catégorie A profite principalement aux jeunes: en métropole, le nombre de chômeurs de moins de 25 ans décroît de 0,8% en juin, confortant une baisse de 6,7% sur un an. Les seniors, quant à eux, voient leur situation s'améliorer légèrement (-0,1%), mais la tendance reste mauvaise (+3,1% sur un an).
Difficile, pourtant, d'interpréter ces chiffres, tant les statistiques de Pôle emploi alternent les bons et les mauvais mois depuis le début de l'année.
Un argument mis en avant par la ministre du Travail Muriel Pénicaud pour ne plus commenter les chiffres de Pôle emploi. "Tous les experts disent qu'ils ne sont pas fiables techniquement", assénait-elle dans la matinée. Elle a promis, en revanche, de faire chaque trimestre "un commentaire très approfondi" des différentes données concernant le marché de l'emploi, en commençant fin août.
Pour contourner la volatilité des chiffres de Pôle emploi, le service des statistiques de son ministère recommande de "privilégier les évolutions en tendance plutôt qu'au mois le mois". Mais là encore, difficile de tirer des conclusions, car si le nombre de chômeurs baisse sur le trimestre (-0,7%) et sur un an (-1,0%), il reste en hausse de 16.100 personnes (+0,5%) sur les six premiers mois de 2017.
Par ailleurs, sur le seul mois de juin, tous les signaux ne convergent pas. L'indicateur est en effet stable si l'on ajoute les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité au cours du mois (catégories B et C), à 5,56 millions en métropole et 5,87 millions avec l'outre-mer.
Précarisation de l'emploi
Pour Pierre Gattaz, le président du Medef, "la légère baisse des chiffres du chômage (en catégorie A) doit nous pousser à mener une véritable réforme de notre marché du travail", susceptible de "recréer une véritable dynamique de création d'emplois". En ce sens, M. Gattaz juge "fondamentale" la réforme du code du travail engagée par le gouvernement.
A l'inverse, la CGT estime dans un communiqué que "toutes les mesures qu'il prend vont dans le sens de plus de misère", avec l'objectif, selon le syndicat, de "faire baisser artificiellement le nombre d'inscrits en catégorie A pour une politique de +faux-semblant+".
De son côté, Laurent Berger (CFDT) a noté sur RTL que "le chômage reste extrêmement élevé", appelant, dans ces conditions, à "ne pas baisser les moyens qui sont alloués à la politique de l'emploi". Il a notamment cité les "contrats aidés" et "la formation des chômeurs".
Quant à Force ouvrière, elle estime que les chiffres de juin témoignent d'une "précarisation durable dans l'emploi".
L'indicateur de Pôle emploi tarde à se mettre au diapason des autres données du marché du travail, tous passés dans le vert en ce début d'année. Par exemple, ces derniers mois, l'Insee et la Banque de France ont revu leurs prévisions de croissance à la hausse, à 1,6% pour 2017.
Autre bon signal: les embauches pour des contrats de plus d'un mois ont atteint pour la première fois la barre des deux millions au 2e trimestre (+3,6% par rapport au 1er trimestre), tirées par les CDI (+5,7%).
Quant aux créations nettes d'emploi, elles ont flambé au 1er trimestre dans le secteur marchand (+75.700) et l'Insee attend de nouvelles créations d'ici à la fin de l'année (plus de 40.000 par trimestre). Ce serait suffisant pour absorber la hausse de la population active et, ainsi, faire baisser le taux de chômage à 9,4% en fin d'année, contre de 9,6% aujourd'hui.
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était fixé l'objectif de descendre à 7% à la fin de son mandat en 2022.