Après un fort recul de 1,6% en décembre, les dépenses de consommation des ménages en biens ont "nettement" augmenté de 1,5% en janvier, un rebond attribué par l'Institut national de la statistique à la forte consommation d'énergie (+4%) "par contrecoup du chèque énergie".
Ce chèque attribué par l'Etat aux ménages les plus modestes ayant déjà été versé, la hausse des dépenses en électricité et gaz s'explique par une part moindre prise en charge par les administrations publiques, et donc une part plus importante supportée par les ménages.
L'envoi d'un chèque énergie exceptionnel à 12 millions de ménages modestes, d'un montant de 100 à 200 euros, a débuté le 12 décembre dernier et s'étalait jusqu'à début février.
"La consommation effective des ménages en électricité comme en gaz est quant à elle en recul en janvier", souligne l'Insee.
"Trompe-l'oeil"
De fait, "c'est une hausse en trompe-l'oeil. Le rebond n'est pas aussi fort que ce que le chiffre global laisse penser", a commenté Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, interrogée par l'AFP.
Si la consommation de biens fabriqués (1,3%) - période de soldes oblige - et la consommation alimentaire (0,6%) se sont également inscrites en hausse en janvier, la forte hausse des prix à la consommation a continué de peser.
"On aurait eu un rebond plus significatif de la consommation" s'il n'y avait pas eu l'inflation, a souligné l'économiste.
L'inflation est remontée à 6,2% sur un an en février, après 6% en janvier et un léger tassement à 5,9% en décembre.
Cette hausse s'expliquerait par l'accélération des prix de l'alimentation et des services, tandis que les prix de l'énergie ralentiraient, selon l'Insee.
Depuis le décollage des prix à la consommation en 2022, sous l'effet des perturbations des chaînes d'approvisionnement post-Covid puis de la guerre en Ukraine, le taux d'inflation a renoué avec des niveaux inédits depuis les années 1980.
Il devrait refluer progressivement à 5% en juin, pronostique l'Insee.
Dans le détail, les produits alimentaires se sont renchéris en février de 14,5% sur un an après avoir progressé de 13,3% en janvier.
Les prix des services ont aussi progressé plus rapidement qu'en janvier (+2,9%), du fait du rebond des prix des services de transport.
Avec la fin des soldes d'hiver, la hausse des prix des produits manufacturés s'est accélérée aussi (+4,6%).
Enfin, la croissance du coût de l'énergie a ralenti nettement (14% sur un an, après 16,3% en janvier), la revalorisation de 15% des tarifs réglementés de l'électricité au 1er février étant atténuée par le repli des prix des produits pétroliers.
Croissance ralentie
En raison de cette hausse du plafond du bouclier tarifaire décrété par l'Etat, "le choc énergétique se répercute maintenant sur les ménages en France", plus tardivement que dans d'autres pays européens, a constaté Charlotte de Montpellier.
Et pour l'alimentaire, de nouvelles hausses de prix sont à prévoir dès mars, à l'issue des négociations commerciales entre grandes surfaces et leurs fournisseurs de l'agro-industrie.
"Ce contexte d'inflation va rester sur les prochains mois et continuera d'avoir un impact sur la consommation", affectant du coup la croissance, a estimé l'économiste d'ING.
L'Insee table sur une progression de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) de la France sur chacun des deux premiers trimestres de 2023.
La progression de l'activité économique avait ralenti à 0,1% au quatrième trimestre de l'année 2022, déjà pénalisée par une consommation des ménages en berne (-1,2%), selon l'institut qui a confirmé mardi une première estimation.
Bénéficiant notamment de la suppression de la contribution à l'audiovisuel public et d'une légère hausse du salaire moyen, leur pouvoir d'achat a toutefois progressé grâce à une augmentation du revenu disponible brut (0,8% une fois prise en compte la composition des foyers, selon la mesure appelée "par unité de consommation").
Sur fond d'inflation, les ménages préfèrent toutefois épargner, faisant progresser le taux d'épargne à 17,8%.
Sur l'ensemble de 2022, la croissance avait atteint 2,6%.