Pour faire face à la nouvelle envolée de l'épidémie, le président de la République a annoncé mercredi la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées pendant trois à quatre semaines.
Pour des millions de parents, cela veut dire davantage de télétravail, ou lorsque ce n'est pas possible, la mise au chômage partiel pour s'occuper des enfants durant la journée.
L'an dernier, au moment du premier confinement, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) avait évalué qu'environ 1,2 million d'emplois étaient susceptibles d'être touchés par la fermeture des écoles. Cela concerne les parents, en couple ou seul, qui ne peuvent pas télé-travailler et doivent donc cesser leur activité pour les garder.
En novembre, sans fermeture des établissements scolaires,"nous avions enregistré une perte d'activité de 8%, là l'impact sera plus sévère, autour de -10% d'activité", estime Selin Ozyurt, économiste chez Euler Hermes.
En avril 2020, le confinement strict avait fait chuter l'activité de 30%, et la fermeture des écoles y avait contribué à hauteur de 6 points, selon les évaluations de l'OFCE.
Mais cette fois "tout a été calibré pour que les vacances soient au milieu de tout ça et que l'impact sur le travail soit le plus limité possible, même s'il n'est pas négligeable", nuance Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
Le problème de la garde d'enfant existe davantage pour les plus jeunes, avant leur entrée au collège. En ce sens, "ce n'est pas un hasard si au final les crèches, maternelles et primaires ferment une semaine seulement", explique-t-il à l'AFP. Car après deux semaines de vacances, elles rouvriront le 26 avril, une semaine avant les collèges et lycées.
Ainsi, le recours au chômage partiel devrait augmenter, "passant de 1,3 million d'équivalent temps plein à 2,5 millions en avril", mais il avait atteint 5,6 millions en avril 2020, estime Selin Ozyurt.
Le patronat s'inquiète des conséquences
Les deux principales organisations patronales françaises, le Medef et la CPME, se sont inquiétées mercredi des conséquences de l'extension des fermetures de commerces à l'ensemble du territoire métropolitain.
"Ce nouveau confinement va être terrible pour tous les secteurs fermés", a réagi mercredi dans un tweet le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux après l'allocution d'Emmanuel Macron.
"Ce doit être le dernier. Ouvrons les tous le 15 mai", a ajouté M. Roux de Bézieux alors que nombre de commerces et d'établissements recevant du public subissent des fermetures administratives pour freiner l'épidémie de Covid-19.
Le 20 mars, suite à l'annonce de la décision de fermer certains commerces dans 16 départements, le président du Medef avait déjà dénoncé un "acharnement sur les commerces".
De son côté, le président de la Confédération des PME François Asselin a rappelé mercredi l'impossibilité pour l'employeur de contraindre un salarié à poser des congés sans un délai de prévenance d'un mois minimum, s'il doit rester chez lui pour garder ses enfants alors que les écoles resteront fermées trois semaines.
Pour les salariés au chômage partiel, il y a d'autre part un "reste à charge de 15% pour l'employeur, sauf pour les secteurs S1 et S1 bis", c'est à dire les établissements les plus affectés par la crise sanitaire, a déclaré M. Asselin à l'AFP.
Selon lui, "on va avoir des gens au chômage partiel qui ensuite vont prendre leurs congés payés quand l'activité redémarre".
"Dans une période comme on la traverse depuis plus d'un an, franchement on avait pas besoin de ça", déplore le président de la CPME, qui demande à "pouvoir repositionner les congés des salariés".
Par ailleurs, la CPME regrette qu'on ait pas gardé la territorialisation", avec des mesures de restriction uniformes sur l'ensemble du territoire métropolitain à compter de dimanche.
"Si on ne peut pas se rendre à plus de dix kilomètres, pourquoi fermer tous les commerces de proximité ?", s'est interrogé M. Asselin.
Les commerces souffrent
Outre la fermeture des écoles, celle des commerces dits non essentiels alimentera ce recours à l'activité partielle.
D'ailleurs, pour Mathieu Plane l'effet de la généralisation de leur fermeture à tout le territoire "sera sans doute plus important que la fermeture des écoles" sur l'activité économique.
Cette généralisation devrait représenter une perte d'activité d'environ 4% en avril, selon lui. Elle s'ajoute au manque à gagner subi ces deux dernières semaines par les commerces situés dans les 19 départements aux restrictions déjà renforcées.
"On va avoir forcément un effet assez négatif sur la consommation des ménages en avril, même si on n'aura pas une chute de 20% comme en avril 2020, car les commerces se sont adaptés, par exemple avec le click & collect", prédit Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.
"Si le PIB est a peu près maintenu au premier trimestre, on va avoir un deuxième trimestre un peu plus fragile", estime-t-il.
Il dépendra notamment de la capacité du gouvernement à atteindre les objectifs de vaccination et de réouverture progressive des lieux de culture, de sport et des cafés et restaurants à partir de la mi-mai, annoncés par Emmanuel Macron mercredi.