Autrement dit, tous les nouveaux bâtiments devront être pensés et construits de manière à produire autant d'énergie qu'ils n'en consomment. Afin de limiter la pollution liée aux émissions de CO², la RE2020 s'appuiera sur 4 piliers : l'isolation, l'énergie, l'innovation et l'empreinte carbone.
Directement impacté par cette nouvelle réglementation, le secteur de l'architecture va devoir repenser son mode de fonctionnement. Jérémy Hérard, gérant et fondateur du réseau Notes de Styles, s'intéresse de près à la RE2020 qui ouvre de nouvelles perspectives aux architectes.
Une réglementation qui repose sur 4 piliers
L'isolation
Une bonne isolation et l'utilisation de matériaux de qualité vont permettre aux bâtiments de mieux conserver la chaleur et de réduire leur empreinte carbone. La résistance thermique devra aussi être plus importante : elle était de R≥8 (en m2.K/W) en neuf dans la RT2012 et passera à R≥10 avec la RE 2020.
« L'isolation est le point clé de la RE2020. En effet, on nous demande de diviser par 6 les dimensions du total des fuites d'air : on passe désormais de la taille d'une feuille A4 à la taille d'une carte de crédit ! Pour cela, nous accordons notamment une attention toute particulière à l'isolation naturelle et biosourcée. Conçue à base de matière renouvelables fabriquées à partir de fibre végétale ou animale, elle offre un rendement efficace et durable en termes de confort thermique. Nous privilégions également certains matériaux comme les panneaux de fibre de bois, laine de bois, laine de chanvre, liège, paille, ouate de cellulose… »
Guillaume Detollenaere, Gérant de l'agence Notes de Styles des Côtes d'Armor
L'énergie
Afin de répondre aux nouveaux objectifs énergétiques fixés par la RE2020, les énergies renouvelables vont occuper une place croissante dans les constructions neuves et les rénovations. Panneaux solaires ou photovoltaïques, géothermie, éolien, pompe à chaleur etc, ces dispositifs couplés à un système de gestion intelligente de l'énergie permettront de produire l'électricité nécessaire à tous les équipements de la maison.
« Pour atteindre le niveau Energie E3 ou E4, la production et la consommation domestique d'électricité renouvelable devient incontournable. En effet, il ne s'agira plus de revendre son électricité mais de l'auto-consommer pour couvrir partiellement (niveau E3) ou intégralement (niveau E4) les besoins annuels du foyer en matière d'éclairage, de chauffage, de bureautique, etc. ».
Jérémy Hérard, Fondateur du réseau Notes de Styles
La RE 2020 imposera également 2 nouveaux usages pour le calcul de la consommation d'énergie : l'utilisation des appareils ménagers et des appareils électroniques (ordinateurs, télévision, réfrigérateur) ainsi que les effets du carbone de la construction. Cette notion de consommation d'usage du bâtiment s'inspire notamment des réglementations adoptées par d'autres pays européens, comme par exemple le label allemand Passivhaus.
Enfin, la RE2020 va permettre de combler un défaut souvent pointé du doigt : la RT2012 se basait sur les consommations estimées. Désormais, les particuliers pourront suivre en temps réel leur consommation et leur production d'énergie.
L'innovation
L'isolation thermique des nouvelles constructions va demander l'intégration de nouveaux matériaux plus efficaces, capables d'accumuler la chaleur afin de réduire la consommation énergétique. Pour cela, la domotique s'avère être une solution particulièrement efficace : elle doit permettre de contrôler avec davantage de précision les équipements de chauffage et de climatisation, afin d'ajuster au mieux la consommation.
« Je propose systématiquement aux clients qui se lancent dans une rénovation d'installer un thermostat intelligent. Ce thermostat permet de réaliser en moyenne 30% d'économies en réglant la température en fonction de la détection des personnes dans la maison. La domotique permet également d'éteindre automatiquement les lumières et de fermer les volets pour conserver l'énergie dans le bâtiment en hiver et le garder frais en été. J'invite d'ailleurs mes clients à voir l'installation de ces systèmes comme un investissement à long terme car les économies réalisées couvriront rapidement leurs coûts ».
Jérémy Hérard, Fondateur du réseau Notes de Styles
Une digitalisation des métiers de la construction reste néanmoins indispensable pour pouvoir traiter des données volumineuses, nécessaires à la valorisation et à l'optimisation des empreintes énergétiques et carbone. Pour cela, Jérémy Hérard recommande aux professionnels du secteur l'utilisation du BIM (Building Information Modeling), réponse logicielle et organisationnelle parfaitement adaptée à ces enjeux.
Le réseau Notes de Styles s'intéresse à la digitalisation depuis plusieurs années. Jérémy Hérard a d'ailleurs développé l'application Vitruve en 2018. Celle-ci permet à l'ensemble des parties prenantes - clients, architectes, maîtres d'œuvre et professionnels du terrain - de suivre en temps réel l'évolution des chantiers.
L'impact carbone
Selon l'Ademe, les bâtiments représentent 45% de notre consommation énergétique et 27% des émissions de gaz à effet de serre en France. La RT2012 permettait déjà depuis presque 10 ans de construire des maisons qui ne produisent pas plus de 50 kWh/m²/an. La RE2020 va donc venir renforcer cette norme en obligeant les constructeurs à produire des maisons auto-suffisantes.
« La consommation annuelle maximale d'énergie autorisée sera de 0 kWh/m² ! Nous avons bon espoir que la plupart des bâtiments ne se limitent pas à la neutralité. A terme, l'objectif est de construire des bâtiments à énergie positive (BEPOS) qui créent plus d'énergie qu'ils n'en consomment (jusqu'à 12 kWh/m²/an). Le coefficient d'énergie primaire (Cep) de l'électricité sera ramené de 2,58 à 2,3. Il faudra donc se limiter à 2.3 kWh d'énergie primaire pour produire 1 kWh d'énergie électrique finale »
Adrien Maury, Gérant de l'agence Notes de Styles de Montpellier
Ainsi, les architectes et les constructeurs vont devoir évaluer très précisément leur propre impact environnemental lors des phases de construction et d'exploitation de leurs projets: prise en compte du carburant pour les trajets, calcul de la pollution sur les livraisons, choix des matériaux… Avec la RE2020, l'empreinte carbone devra se calculer sur une durée de vie de 50 ans.
« Les stratégies de construction vont donc être entièrement repensées avec l'arrivée de cette nouvelle réglementation, ce qui va permettre une redistribution des filières courtes en France. Les constructeurs vont davantage se tourner vers des fournisseurs français pour s'assurer de la qualité des produits mais aussi pour diminuer l'empreinte carbone des livraisons ».
Jérémy Hérard, Fondateur du réseau Notes de Styles
La formation à la RE2020 : un incontournable pour le réseau Notes de Styles
Jérémy Hérard met un point d'honneur à former régulièrement l'ensemble de ses collaborateurs à toutes les nouvelles réglementations. Les équipes ont d'ailleurs été sensibilisées à la RE2020 dès 2019. Afin d'assurer le respect de ces nouvelles normes, le réseau s'engage également à ne travailler qu'avec des partenaires et des fournisseurs qui maîtrisent cette nouvelle réglementation.
« Ce changement de mentalité dans les constructions ne doit pas venir uniquement des particuliers. C'est aux entreprises d'être force de conseil et de proposition et de s'investir dans ces nouvelles réglementations respectueuses de l'environnement. C'est pourquoi il m'a semblé indispensable de sensibiliser et former l'ensemble de mes équipes afin qu'ils mettent en place ces nouvelles façon d'aborder l'architecture, avant même que la réglementation n'entre en vigueur ».
Jérémy Hérard, Fondateur du réseau Notes de Styles
L'application de la RE2020 fortement conseillée pour des travaux de rénovation
Si les nouvelles habitations et les projets d'extension sont directement concernés, les projets de rénovation le sont finalement aussi tout autant.
« Même si la RE2020 n'est pas obligatoire dans le cadre d'une rénovation, nous le conseillons fortement à l'ensemble de nos clients. Dans un premier temps cela leur permet d'être propriétaires d'une maison qui possède les mêmes avantages que le neuf, accompagné du charme de l'ancien. Et dans un second temps ils deviennent éligibles à des aides financières comme le crédit d'impôt. Les dépenses liées à la RE2020 peuvent rapidement être remboursées grâce à cela mais aussi avec les économies d'énergies qui en découlent ».
Jérémy Hérard, Fondateur du réseau Notes de Styles