L'actuelle version de ce document technique, texte de référence pour accorder ou non un permis de construire et guider l'aménagement d'une ville pour une décennie minimum, date de 2006.
L'équipe de la maire PS Anne Hidalgo veut voir sa nouvelle version, baptisée "PLU bioclimatique" en ce qu'elle doit permettre l'adaptation au changement climatique, entrer en vigueur en 2024.
Pour cela, l'adjoint socialiste à l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, doit rassembler les alliés écologistes et communistes autour d'un accord, étape préalable pour se présenter comme le candidat légitime à la succession d'Anne Hidalgo en 2026.
Le compromis doit être entériné lors d'un Conseil de Paris extraordinaire mi-avril, même si le cabinet du premier adjoint se laisse "le premier semestre". Ce dernier ne veut pas s'épancher sur des négociations qui "avancent bien".
Ecologistes et communistes, en revanche, affichent leurs propositions et concessions afin de faire monter les enchères.
Les hauteurs en question
Ainsi, les écologistes, adversaires d'une densification trop poussée comme d'une ville verticale, "ont accepté les principes des surélévations pour faire du logement social", indique à l'AFP l'élu EELV Emile Meunier.
Dans la ville façonnée par le bâti haussmannien de six étages, les immeubles pourront atteindre "neuf étages dans les rues les plus larges", selon M. Meunier, président de la commission urbanisme.
L'adjoint PCF à la construction, Jacques Baudrier, se veut rassurant. "On ne souhaite pas surélever partout: souvent c'est d'un étage, ce qui n'est pas énorme, et que pour du logement".
Les écologistes veulent en échange ancrer "la limite de 37 m" de hauteur "et nos partenaires de la majorité ne veulent pas", déplore Emile Meunier, qui pense à la dernière grande friche de Bercy-Charenton (XIIe).
Les écologistes sont "assez conservateurs", tacle le président du groupe communiste, Nicolas Bonnet-Oulaldj, pour qui "il faut continuer à construire la ville", grâce aux dents creuses et aux surélévations, afin d'atteindre l'objectif fixé de 40% de logement public en 2035.
Les deux alliés s'écharpent également sur le réaménagement de la porte de Montreuil (XXe), pour lesquels les écologistes viennent de proposer un contre-projet sans nouveau bâtiment.
"On est prêts à un certain nombre de concessions, mais Montreuil cristallise notre colère", bouillonne Jacques Baudrier, favorable aux bâtiments du promoteur Nexity, notamment un hôtel au-dessus du périphérique qui suscite l'ire des écologistes. Tout comme les projets d'"immeubles-ponts" de la porte Maillot (XVIe), retoqués par la justice en raison des risques de pollution.
Bureaux : stop ou encore ?
Les Verts, opposés aux autres grands projets urbains remontant au premier mandat d'Anne Hidalgo, quand Jean-Louis Missika était adjoint à l'urbanisme (Tour Triangle, gare d'Austerlitz), réclament aussi une diminution de 20 à 15 millions de m2 des surfaces de bureaux dans la capitale.
Alors que les communistes souhaitent encore en créer "là où il y a des besoins, dans le nord et l'est", afin de rééquilibrer l'offre avec l'ouest parisien, explique Jacques Baudrier.
Les deux alliés s'accordent sur les préemptions, moyen pour les écologistes de créer du logement social sans densifier la ville. Les communistes demandent que le budget alloué passe de 200 à 500 millions par an.
Et les espaces verts ? Là aussi, plusieurs pierres d'achoppement : outre les constructions aux abords du périphérique, la petite ceinture, cette ligne ferroviaire désaffectée et aménagée pour la promenade sur certains tronçons, revient dans le débat.
Les écologistes exigent son classement en zone urbaine verte afin de protéger ses 50 hectares qu'ils considèrent comme "la principale réserve de biodiversité de Paris". Mais les communistes y voient un "risque d'irréversibilité" pour une infrastructure potentiellement réutilisable pour le fret.
Pour autant, les communistes ne veulent pas passer pour "le groupe qui soutient la bétonisation" et proposent une liste de 40 sites - dont de nombreux parkings aériens - à végétaliser.
Un accord est-il possible d'ici avril ? "Il faut y arriver", dit Emile Meunier.