Le 83e congrès de l'Union sociale pour l'habitat (USH), confédération des bailleurs qui représente plus de 80% des logements sociaux de France, est officiellement intitulé "Toutes nos énergies pour le logement".
Manière de mettre en avant, un an après une crise énergétique majeure, la transition écologique du parc HLM, dont l'indispensable - et déjà engagée - rénovation des logements.
Les bailleurs sociaux n'échappent pas au calendrier fixé par la loi, qui prévoit d'interdire progressivement la location des logements les plus énergivores: ceux étiquetés G à partir de 2025, puis les F en 2028 et les E en 2034.
Selon le dernier pointage, datant de début 2022, au moins 35% du parc social est classé E, F ou G.
Des chantiers très coûteux pour des bailleurs aux finances de plus en plus contraintes ; selon un rapport de la Banque des territoires, avec la remontée des taux d'intérêt, les bailleurs, s'ils veulent tenir leurs ambitions de rénovation, vont devoir faire une croix sur des projets de nouveaux logements dans les prochaines décennies.
Confiance ?
Et ce alors que l'urgence est là: fin 2022, 2,42 millions de ménages étaient en attente d'un logement social - dont 1,63 million pour une première attribution. Et leur nombre a depuis continué d'augmenter, signalent plusieurs organismes.
A l'inverse, de moins en moins de nouveaux logements sont autorisés chaque année. En 2023, le nombre d'autorisations - "agréments" dans le jargon HLM - dans l'Hexagone devrait être "en-deçà" des 95.000 de 2022, qui était déjà "une très mauvaise année", s'est inquiétée la présidente de l'USH, Emmanuelle Cosse.
Selon une étude commandée par l'USH, il faudrait créer 198.000 nouveaux logements sociaux par an, pour répondre aux grandes tendances démographiques et résorber le mal-logement.
Les trois ministres qui doivent faire le déplacement sont donc attendus de pied ferme: Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Philippe Vigier, chargé des Outre-mer, et Patrice Vergriete, chargé du Logement.
Ce dernier doit s'exprimer à la clôture du congrès.
"Nous allons poursuivre ce débat sur quelle ambition pour le logement social de la part des pouvoirs publics, est-ce que cette ambition est encore là, et avec quels moyens pour la mettre en oeuvre", a dit à l'AFP Emmanuelle Cosse.
L'envie de signer un "pacte de confiance" entre Etat et mouvement HLM semble s'étioler de plus en plus du côté du gouvernement, où l'on évoque désormais des conventions territorialisées plutôt qu'un accord national avec des objectifs chiffrés de production.
Divisions
"Tout est possible, mais on va être assez clairs : le gouvernement ne pourra pas masquer qu'il y a une crise du logement à l'échelle nationale", a rétorqué Emmanuelle Cosse, qui dénonce sans cesse, depuis l'arrivée à la présidence d'Emmanuel Macron, les mesures d'économies imposées par l'exécutif au monde HLM.
Dans son projet de budget 2024, l'exécutif met le paquet sur la rénovation des logements privés... mais très peu d'annonces concernent le logement social.
Une seule mesure a été avancée: la pérennisation du dispositif de "seconde vie", qui offre une exonération de taxe foncière pour les logements très anciens et énergivores rénovés en profondeur, au niveau d'exigence du neuf.
Autre difficulté: le monde HLM arrive fracturé entre ses deux principales composantes, les offices publics et les entreprises sociales, en litige autour de leur financement.
La Fédération des offices publics (FOPH) a en effet déposé un recours contre le géant Action Logement, lui réclamant sa part du gâteau du "1% patronal", manne versée par les entreprises et servant au financement du logement social.
"Je condamne totalement ce recours, pour la forme et pour le fond", a critiqué Emmanuelle Cosse. "Pour moi, ça, ce ne sont pas les valeurs du mouvement HLM."
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